Antibiotiques en élevage : « on arrive à un seuil », selon l’Anses
Les Marchés Hebdo : Peut-on encore voir diminuer l’antibiorésistance des bactéries dans les élevages français ?
Jean-Yves Madec : Le taux de résistance aux antibiotiques critiques des bactéries des animaux d’élevage a diminué parallèlement à l’exposition des animaux aux traitements. C’est au cours du plan Ecoantibio 1, de 2012 à 2016, que les plus grands progrès ont été accomplis. Les progrès ont été moindres au cours du plan Ecoantibio 2. Ils sont plus difficiles parce qu’on arrive à un seuil à peu près incompressible parce qu’il faudra bien continuer à traiter les animaux quand ils seront malades. Sauf à s’engager dans des changements à long terme sur les pratiques d’élevage et le bien-être animal.
LMH : L’exposition aux antibiotiques des élevages a diminué de 11 % et n’a jamais été aussi bas. Le nouvel enjeu est-il la transmission de gènes de résistance dans l’environnement ?
J.-Y. M. : En effet, ce qui reste à faire est d’explorer ce qui se passe dans l’environnement où se déversent les bactéries d’élevage et humaines, ainsi que les résidus d’antibiotiques. Nos investigations démarrent et l’on se demande à ce stade si ces phénomènes sont graves, massifs, où ils se produisent, si l’on risque d’enrichir l’écosystème en bactéries résistantes, en quoi nous impactons l’environnement, et en retour, comment celui-ci nous impactera.