Accord sur les prix : les pour et les contre
Deux semaines de négociations ont, enfin été conclues par une dernière nuit marathon. Distributeurs et industriels ont finalement paraphé l’accord sur la baisse des prix des produits de grande consommation jeudi dernier. Dans la lutte engagée pour l’augmentation du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy a obtenu satisfaction, bien que son ambition ait été revue à la baisse.
Concrètement, la baisse des prix des PGC sera de 2 % en septembre, financée à parts égales par les industriels et les distributeurs. L’accord comporte également une baisse supplémentaire de 1 % en 2005, soit un total de 3 %, bas de la fourchette correspondant aux attentes du ministre de l’Économie et des Finances.
Les distributeurs les plus agressifs en termes de prix, comme Leclerc ou Carrefour, se sont d’ores et déjà déclarés satisfaits. Le pdg du groupe Carrefour, Daniel Bernard, a déclaré jeudi que cet accord était un « pas important». En gelant également le niveau des marges arrière (avant une baisse d’un point programmée en 2005), l’accord a rencontré un accueil favorable de la part de l’Ania. Dans un communiqué, l’Association nationale des industries agroalimentaires « se réjouit de la décision prise par le ministre et tous les distributeurs de réduire immédiatement le niveau des marges arrière », estimant que l’accord s’inscrit en droite ligne de la recommandation Ania-FCD de juillet 2002.
Du côté des entreprises et des producteurs, l’accueil est identique. Nestlé France « se félicite de cet accord qui crée une nouvelle dynamique » a déclaré la semaine dernière Eric-Marie Boullet, directeur des relations extérieures.
De sérieuses réserves
Chez les agriculteurs, la FNSEA s’est réjouie qu’il y ait « un engagement de baisse des prix de la part des grands industriels et de la distribution». « Nous avons fait en sorte que les prix des produits agricoles ne subissent en aucun cas la répercussion de ces engagements», poursuit le communiqué. La CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) a pour sa part tempéré son enthousiasme, reconnaissant être « satisfaite » de l’accord, qui ne représente cependant « qu’une étape » aux yeux de l’organisation. Pour les associations de consommateurs, dont seule la Confédération Logement et Cadre de Vie a accepté les termes de la négociation, les réserves sont nombreuses. L’UFC Que Choisir, conviée aux négociations, n’a pas paraphé le texte définitif. « Après deux années de flambée des prix orchestrée par la grande distribution et les grandes marques, l’engagement de baisse des prix de 2 % pour solde de tout compte est un véritable pied de nez à l’ensemble des consommateurs » a ainsi dénoncé l’association.
Très commentée dans les médias, la baisse des prix est une initiative sans grand effet économique selon l’économiste Nicolas Claquin, du Crédit Commercial de France. Selon lui, elle n’aurait qu’un impact limité à 0,3 % dans l’indice général des prix. Pour M. Claquin, l’accord « est plus symbolique qu’autre chose, et ne va pas modifier le pouvoir d’achat des Français.»