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« Les agriculteurs ont l’impression d’avoir été floués » : Arnaud Rousseau prévient Michel Barnier

Le président de la FNSEA alerte le nouveau Premier ministre sur la colère qui gronde toujours dans les campagnes. Les promesses faites par le précédent gouvernement n’ont pas été tenues, et la frustration est grande chez les agriculteurs, constate Arnaud Rousseau.

Des tracteurs à Poitiers le 11 septembre 2024.
Après la forte mobilisation de l'automne et l'hiver 2024, des agriculteurs sont prêts à redescendre dans la rue comme à Poitiers le 11 septembre à l'initiative de la FDSEA et des JA 86 sur la question de l’accès à l’eau.
© FDSEA 86

« Depuis un an, le changement de logiciel que nous avions demandé n’est pas au rendez-vous. Après les promesses faites, nous n’avons pas eu les réponses attendues », a déploré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA ce matin, sur les ondes de RMC dans le Face à face avec Apolline de Malherbe.

L’été a été extrêmement difficile […] le cocktail est explosif !

« L’été a été extrêmement difficile, avec la plus faible récolte depuis 40 ans et les vendange sont mauvaises, en baisse de 20%. L’élevage fait face à des crises sanitaires sans précédent (FCO, MHE, grippe aviaire) » a-t-il poursuivi. « Si on ajoute à ça une forme d’inconnue quant à la situation politique que l’on connait en France… Le cocktail est explosif ! ».

Lire aussi : Fièvre catarrhale ovine : « On a déjà perdu 10% du troupeau ovin français », selon Arnaud Rousseau

Vers une nouvelle mobilisation agricole ?

Interrogé sur la possibilité que les agriculteurs reprennent leurs tracteurs pour aller bloquer les routes dans les semaines à venir, alors que des mobilisations refont déjà jour dans certains départements, Arnaud Rousseau répond : « les mêmes causes produisent les mêmes effets avec l’impression d’avoir été floués ». « On nous a fait beaucoup de promesses, depuis le 9 juin une grande partie ne sont pas tenues », constate le président de la FNSEA qui demande des réponses du futur gouvernement Barnier dans le mois qui vient.

La FNSEA met la pression sur Michel Barnier

« Michel Barnier présente deux qualités : il a été ministre de l’Agriculture entre 2007 et 2009 et il connaît bien les arcanes de l’Union européenne mais que va-t-il faire ? » s’interroge le président du syndicat majoritaire agricole qui confie avoir eu rapidement le Premier ministre au téléphone et devrait être reçu rapidement après la constitution du gouvernement.

Michel Barnier présente deux qualités mais que va-t-il faire ?

La FNSEA prévient attendre le nouveau gouvernement sur les retraites agricoles, la déclaration de l’agriculture d’intérêt général majeur ou encore la simplification administrative. Des mesures que le syndicat a intégrées dans son projet de loi pour entreprendre en agriculture, présenté lors de sa conférence de rentrée, alors que le texte de la loi d’orientation agricole est suspendu depuis la dissolution de l’Assemblée nationale

Lire aussi : Michel Barnier à Matignon : l’agriculture sera-t-elle sa priorité ?

Quid du paiement des aides PAC aux agriculteurs ?

Arnaud Rousseau indique aussi attendre « des choses de Bruxelles sur les fonds de crise » à propos des faibles moisson et vendange 2024. « Nous avons besoin de réponses rapides, pour défendre notre souveraineté alimentaire française », lance-t-il.

On a été pris pour des jambons, ça finit avec beaucoup de frustrations

Autre doléance : « le paiement des aides dues aux agriculteurs ». « On nous avait promis que toutes les aides seraient payées au 15 mars. J’ai fait le point hier en Vendée, il restait encore 150 dossiers pas payés alors que nous sommes bientôt le 15 septembre », s’agace Arnaud Rousseau. « On a été pris pour des jambons, ça finit avec beaucoup de frustrations ». Comme en témoignent les actions de quelques fédérations départementales ou régionales sur le terrain et notamment la lettre adressée fin août par le président des Jeunes agriculteurs d’Occitanie à Emmanuel Macron.

Lire aussi : Un ex-ministre de l’Agriculture à Matignon : les cinq choses à savoir sur Michel Barnier

Le message a-t-il été entendu par le Premier ministre ?

Le message a-t-il été reçu par Michel Barnier ? « On doit redevenir une terre de production industrielle, avec des ouvriers, mais aussi de production agricole c’est une question de souveraineté. La France doit être une terre de production », a en tous cas déclaré le Premier ministre quelques heures plus tard à la sortie de l’Institut national de l’Energie Solaire Savoie Technolac. 

La France doit être une terre de production

Et de préciser à la presse qu’il constituerait son gouvernement « la semaine prochaine », avec des personnalités issues du monde rural, a sous-entendu l’ex-ministre de l’Agriculture. « Tout ne viendra pas de Paris. Ce pays ne doit plus être centralisé », a-t-il déclaré.

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