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SNBC 3 : comment l’agriculture peut réduire ses émissions de carbone de 10 Mt d’ici à 2030 selon le gouvernement ?

Le gouvernement vient de mettre en consultation le scénario de référence à horizon 2030 pour sa troisième stratégie nationale bas carbone (SNBC 3). Quelle est la trajectoire de décarbonation envisagée pour l’agriculture ? 

 Agriculteur au volant de son tracteur pour le semis de ses maïs devant une prairie avec des vaches
Le secteur agricole aurait émis 77 MtC02 eq en 2021 (soit 19% des émissions brutes de la France). La SNBC3 prévoit de réduire ces émissions à 67 MtCO2 eq d’ici à 2030.
© Stéphane Leintenberger

 

Le 4 novembre dernier, le gouvernement a mis en concertation préalable sa 3e Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) pour une durée de six semaines. Cette SNBC se dote d’un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030 contre 40% précédemment. 

Pour y parvenir le plan conçu par le gouvernement prévoit une mobilisation de l’ensemble des secteurs émetteurs dont l’agriculture.

 

Quel effort modélisé pour l’agriculture sur ses émissions carbone dans la SNBC 3 ?

Pour parvenir à l’objectif fixé par la SNBC 3, le plan du gouvernement prévoit pour l’agriculture une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre pour atteindre 67 MtCO2 eq en 2030 (contre 69 visés par le SNBC 2). Le secteur agricole aurait émis 77 MtCO2 eq en 2021, et 74 MtC02 eq en 2022 (soit 19% des émissions brutes de la France), 59% de ses émissions étant liées à l’élevage, 26% aux cultures et 14% à la combustion dans les engins, moteurs et chaudières des secteurs.

Lire aussi : [Edito] Stratégie nationale bas carbone : Agriculture, architecture, même combat

Leviers de réduction des émissions de l’agriculture

Trajectoire de décarbonation de l'agriculture dans la SNBC 3

Source : SNBC 3

 

Quels leviers de réduction des émissions de GES pour l’agriculture dans la SNBC 3 ?

Pour parvenir à cet objectif de réduction des GES de 10 MtCO2 eq (-13%) par rapport à 2021, la SNBC 3 modélise différents leviers d’actions sur :

  • Les émissions des cultures (- 3 MtCO2 eq)
  • Les émissions de l’élevage (- 6 MtCO2 eq)
  • La décarbonation des engins et infrastructures agricoles (- 1MtCO2 eq)

Relire : Stratégie climat : le plan pour l’agriculture se précise

 

Quels leviers de réduction des émissions pour les cultures dans la SNBC 3 ?

Pour réduire les émissions de GES de 15% dans la production de grandes cultures, le plan d’action de l’Etat part sur les hypothèses suivantes dans son scénario de référence :

  • Une évolution des grandes cultures vers des systèmes à bas intrants (50% en 2030 dont 21% en bio)
  • L’allongement des rotations et la diversification avec 2 Mha de légumineuses en 2030 (soit un doublement par rapport à 2020)
  • Le développement des cultures intermédiaires à 4,8 Mha en 2030
  • L’augmentation des pratiques visant à préserver la structure du sol, comme le semis-direct, pour atteindre 1,9 Mha en 2030
  • La diminution de 26% des recours aux engrais minéraux azotés d’ici à 2030
  • Le développement des infrastructures agroécologiques (agroforesterie, haies).

Un objectif de baisse de 26% du recours aux engrais minéraux azotés

La baisse des engrais minéraux azotés sera obtenue grâce au développement de pratiques d’optimisation, à la diversification des sources d’azote, à l’allongement des rotations ainsi qu’à l’utilisation optimisée des digestats de méthanisation, avance le gouvernement. 

Le SNBC 3 évoque aussi l’idée de mettre en place « un dispositif incitatif à la baisse de l’impact carbone des engrais azotés ». Début juin, le secrétaire général à la Planification écologique Antoine Pellion indiquait qu’un projet de taxe incitative à la baisse d'impact climatique de l'azote (Tibica) continuait à être « étudié », selon nos confrères d’Agra Fil. 

Relire aussi : Planification écologique : quel effort de décarbonation demandé à l’agriculture d’ici à 2030 ?

 

Quels leviers de réduction des émissions pour l’élevage dans la SNBC 3 ?

Pour réduire les émissions de GES de 13% dans l’élevage, le plan d’action de l’Etat part sur les hypothèses suivantes dans son scénario de référence :

  • Un ralentissement de la baisse des cheptels : avec -12% en 2030 (par rapport à 2020) pour les bovins, -10% pour les porcins et une stabilité pour les volailles
  • Une évolution des modes de production : avec une hausse des systèmes de pâturage dominant dans les élevages laitiers (de 28% en 2020 à 45% en 2030), une augmentation des poules label et bio de 32% à 39%, et des porcs label et bio de 4 à 7%
  • Une augmentation de l’autonomie protéique des cheptels avec une baisse de 50% des importations de soja
  • Une optimisation de la gestion des troupeaux (via l’alimentation, la conduite sanitaire et la sélection génétique).
  • La baisse de la fermentation entérique (avec des ajustements de rations pour 25% des bovins)
  • L’optimisation des effluents d’élevage (généralisation des couvertures de fosses, amélioration des pratiques d’épandage, méthanisation des effluents).
 

Pas d’objectif de réduction de viande préconisé dans la SNBC 3

Côté alimentation, la troisième version de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) ne prévoit pas d’objectif chiffré de réduction de la consommation de viande afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. « La consommation de viande rouge moyenne par Français devrait être amenée à diminuer dans les prochaines décennies, en cohérence avec les repères nutritionnels du Programme national nutrition santé (PNNS) », indique seulement le gouvernement, qui évoque des « mesures d’accompagnement pour les consommateurs et les professionnels ». 

La réduction du cheptel bovin français devra être maîtrisée afin d'éviter une hausse des importations

La SNBC 3 souligne par ailleurs que « l’évolution des régimes alimentaires sera à mettre au regard de l’évolution de la taille du cheptel bovin français, dont la réduction devra être maîtrisée afin d’éviter une hausse des importations ».
 

 

Quels leviers de réduction de la consommation d’énergie dans les exploitations ?

Pour réduire la consommation d’énergie de 9% dans les exploitations agricoles, le plan d’action de l’Etat, SNBC 3, part sur les hypothèses suivantes dans son scénario de référence :

  • La hausse de la part des engins agricoles décarbonés (fonctionnant avec des énergies non fossiles) de 0 à 7% d’ici à 2030
  • Le renforcement de l’efficacité des équipements agricoles, des serres et des bâtiments

Pour décarboner les engins agricoles, le gouvernement cite parmi les sources d’énergie alternatives : les biocarburants (dont HVO100), l’électricité, l’hydrogène et le BioGNV.
 « La substitution et le renouvellement des tracteurs, accompagnés par des aides publiques et la volonté de réduire à terme l’usage du GNR (gazole non routier, NDLR) agricole se feront progressivement », indique l’exécutif. 

Le SNBC 3 indique aussi que « les constructeurs européens seront mobilisés dans le cadre d’appels à projet portant sur l’innovation pour construire une offre d’engins à faibles émissions GES » et qu’ « un cadre réglementaire facilitant le retrofit des engins agricoles sera envisagé ». 
 

 

Quels objectifs pour la production de bioénergies dans la nouvelle stratégie nationale bas carbone ?

Le projet de stratégie nationale bas carbone 3 prévoit aussi dans son scénario de référence une évolution dans la production de bioénergie avec ;

  • Une augmentation de la par des CIVE au sein des cultures intermédiaires de 4% à 19% pour atteindre une production de méthane de 15 TWh en 2030 (sur un total de 50 TWh de biogaz)
  • Une augmentation de la production de bois-énergie de 3 TWh grâce à l’arrêt de l’arrachage des haies et le développement de leur gestion durable
  • Une hausse de 9 TWh de la production de biocarburants liquides en 2030 par rapport à 2019.

Lire aussi : PPE : Quel objectif pour l’agrivoltaïsme dans la 3e Programmation pluriannuelle de l’énergie ?

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