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« La santé en élevage de porcs, ça se préserve »

Les travailleurs en élevage porcin sont souvent confrontés à des risques de traumatismes physiques ou psychologiques. Pour Marie Rannou, conseillère à la MSA Armorique, la prévention et le conseil apportés aux éleveurs et aux salariés doivent constituer la base de toute action pour les limiter.

Marie Rannou, conseillère en prévention MSA Armorique
Marie Rannou, conseillère en prévention MSA Armorique
© MSA

Quels sont les principaux risques professionnels rencontrés en élevage ?

Marie Rannou - Le premier risque pour les éleveurs de porcs est le mal de dos. Dans ce métier, les premiers troubles surviennent souvent chez de très jeunes éleveurs ou salariés. Ils sont liés notamment aux tâches en lien avec les porcelets, qu’il faut saisir, manipuler et reposer. D’autres tâches quotidiennes sont également concernées : le raclage des déjections, l’entrée dans les cases pour soigner un animal, l’accès à l’auge… Les mouvements se font rarement dans l’axe du dos. On se baisse en tournant, on essaie d’attraper les porcelets… Tout ceci peut être traumatisant si les mouvements sont trop répétitifs. Ensuite, il y a tout le panel des troubles musculosquelettiques (TMS). Les atteintes aux genoux sont encore plus marquées que dans d’autres productions, en lien avec la hauteur des animaux.

Quelles sont les solutions pour éviter ces TMS ?

M. R. - Réduire les TMS passe essentiellement par plus de confort au travail et des équipements adaptés aux tâches difficiles pour les rendre moins pénibles. L’organisation du travail est une piste à privilégier. Les tâches les plus difficiles faites à plusieurs permettent de limiter les charges. Le choix d’un endroit confortable pour les réaliser (par exemple faire les soins aux porcelets dans le couloir) est un élément important qui permet de réduire l’exposition aux risques.

Que penser des exosquelettes ?

M. R. - On aurait pu penser que ces appareils seraient efficaces pour certaines tâches répétitives et pénibles en élevage de porcs. Des tests de vaccination réalisés avec la Chambre d’agriculture de Bretagne ont cependant donné des résultats mitigés. En situation simulée, avec des poids inertes à la place des porcelets, l’exosquelette soulageait le dos. Mais en situation réelle, avec des porcelets qui bougent beaucoup, l’appareil a amplifié les douleurs au dos et le temps de travail a augmenté.

Qu’en est-il de la fréquence des risques respiratoires et chimiques ?

M. R. - Ce sont des risques plus difficiles à percevoir, mais ils sont aussi importants que les risques physiques. Ils recouvrent les poussières et les gaz émis du lisier (ammoniac) qui affectent les voies respiratoires. D’autres portes d’entrée dans l’organisme existent telles que les voies cutanées (pour les antiparasitaires par exemple), et des voies liées à l’hygiène au travail (contact main-bouche). La présence de l’amiante dans les bâtiments est également un problème qui risque de s’amplifier dans les années à venir avec des matériaux amiantés qui se dégradent avec le temps.

Comment mieux se protéger des risques respiratoires ?

M. R. - Les équipements de protection individuelle (EPI), masques, gants, lunettes… font partie des solutions pour se protéger lors de tâches qui exposent les travailleurs aux risques. Un soin particulier doit être pris pour le choix du masque afin qu’il adhère le mieux possible à la peau. Mais si des troubles respiratoires sont avérés, la priorité est d’améliorer les paramètres d’ambiance des salles. Il est illusoire de vouloir porter un masque dans une salle si la température est élevée et que la tâche est physique.

Les risques liés aux produits administrés aux animaux sont-ils bien évalués ?

M. R. - En élevages de porcs, la dangerosité des produits médicamenteux pour les opérateurs est souvent sous-estimée, excepté pour les hormones qui sont généralement bien identifiées. Les études de risques se font sur les animaux qui les reçoivent, par sur celui qui les administre. La composition des produits administrés est aussi parfois méconnue. C’est le cas par exemple des bombes désinfectantes et cicatrisantes qui contiennent des antibiotiques pour certaines d’entre elles.

Comment aborder la question des risques psychosociaux ?

M. R. - Ces risques psychosociaux liés à des problèmes de stress ou à une charge mentale excessive sont loin d’être négligeables. La charge mentale chez les éleveurs de porcs est probablement plus importante que dans d’autres productions, sans doute à cause de la forte technicité du métier. Il est nécessaire pour un éleveur de pouvoir confier à un tiers une partie de cette charge mentale. Par ailleurs, toute charge mentale excessive se traduit par des répercussions physiques.

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