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« L’Etat se désengage de l'installation et manque de vision sur les modèles des futurs agriculteurs »

Les dispositifs publics d’installation à l’agriculture peinent à répondre aux profils de plus en plus variés des futures agriculteurs, selon Cécile Gazo, docteur en sociologie, qui a étudié les nouveaux dispositifs alternatifs.

Le renouvellement des générations en agriculture est le défi des dix prochaines années. On compte aujourd’hui 398 000 chefs d’exploitations, et d’ici 2030 ils ne devraient plus être que 198 000 prévoit François Purseigle, sociologue, auteur du livre « une agriculture sans agriculteurs ».

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Mais que fait l’Etat pour accompagner cette évolution ? « Aujourd’hui on assiste à une multiplication des dispositifs d’installation. Tout le monde s’en préoccupe, mais l’Etat par manque de données sur les profils des futurs installés se désengage », assène pour sa part Cécile Gazo, docteur en sociologie, qui a travaillé sur les nouveaux dispositifs de soutien à l’installation aux côtés de François Purseigle sociologue. Et selon elle, ce qui ressort du projet de loi d’orientation agricole « ne semble pas très clair ». 

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Des profils de futurs agriculteurs de plus en plus divers

« Les profils des futurs agriculteurs sont aujourd’hui de plus en plus divers, cela va bouleverser la politique d’installation, chacun y va de son projet entrepreneurial » décrypte Cécile Gazo, docteur en sociologie, qui a travaillé sur les nouveaux dispositifs de soutien à l’installation aux côtés de François Purseigle sociologue. 

« Les installations hors cadre familial représentent 30% des futurs agriculteurs qui demandent la dotation jeune agriculteur (DJA) qui eux-mêmes ne pèsent que 50% des installations », poursuit la jeune sociologue intervenant dimanche 25 février lors d’une conférence intitulée « lever les tabous de l’installation en agriculture » organisée par le groupe Réussir Agra au Salon de l’agriculture.

Lire aussi : François Purseigle : « Nous ne parviendrons pas à remplacer chaque départ par une installation »

L’installation ne suppose pas forcément transmission

« Aujourd’hui l’installation ne suppose pas forcément transmission. Des personnes veulent rentrer dans le métier sans reprendre une exploitation existante », explique-t-elle. 

Les premières politiques d’installation remontent aux années soixante en France, rappelle la sociologue, avec la mise en place de la DJA en 1973 pour soutenir les jeunes avec des projets définis et modernes. « Aujourd’hui la DJA s’accompagne de documents très élaborés, d’un plan d’entreprise. Le dispositif a du mal à faire face à la diversité des profils, beaucoup ne passent pas à cause de l’âge (plus de 40 ans), de la capacité professionnelle agricole requise ou encore d’un projet économique où la rentabilité n’est pas démontrée », explique-t-elle.
 

Une multiplication des dispositifs à l’installation en parallèle de la DJA

« Aujourd’hui on assiste à un boom de nouveaux dispositifs d’aide à l’installation », analyse Cécile Gazo qui distingue cinq types de structures privées à leur origine :

  • Les filières de production agricoles, comme les coopératives qui soutiennent l’installation
  • Les espaces-tests agricoles, réseau créé en 2012, qui permet à des porteurs de projet, pour la plupart non issus du monde agricole, d’expérimenter durant un à trois ans leur future installation dans un cadre sécurisant (adaptés plutôt aux petites structures)
  • Des associations d'ingénierie financière et d'accompagnement à la création d'entreprises (Initiative France et France Active)
  • Des start-up ou entreprises à missions ayant émergé à la fin des années 2010 comme Fermes en vie, La Ceinture Verte ou Terre de liens pouvant lever des financements pour aider des jeunes agriculteurs à s’installer
  • Les collectivités territoriales, hors région, sont également des acteurs qui se préoccupent de plus en plus de la question de l'installation bien qu'ils n'en aient pas officiellement la compétence. 

Lire aussi : Comment Terrena compte maintenir sa production agricole ?

A chaque structure sa vision de l’installation

Ces nouveaux outils à l’installation n’émanant pas des Jeunes agriculteurs et des Chambres d’agriculture ni des politiques officielles de soutien à l'installation représentent plutôt « des parcours d’installation bis » et chacun a sa vision. Certains dispositifs alternatifs s’allient entre eux mais « verra-t-on les Chambres d’agriculture faire la promotion de Fermes en Vie ? », ironise la sociologue. Aujourd’hui les Chambres d’agriculture sont des acteurs de l’installation parmi d’autres, poursuit-elle, les « banques ou les centres de gestion peuvent aussi faire l’installation ».

Lire aussi : PLOA : les prêts bonifiés pour les jeunes vont-ils faire leur retour ?

Régionalisation de la DJA : « on va vers 13 politiques d’installation complètement différentes »

Depuis la nouvelle PAC, la dotation jeune agriculteur (DJA) a été régionalisée. « On va vers 13 politiques complètement différentes sur l’installation », commente Cécile Gazo, avec des visions différentes. 

Lire aussi : Le portage foncier : la solution pour accéder aux terres agricoles selon Terre de Liens

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