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Champs et prairies inondés, ensileuses embourbées : Kirk complique encore les travaux agricoles

Les agriculteurs expriment leur désarroi (avec malgré tout une dose d'humour), sur les réseaux sociaux, face au cumul de pluies engendrées par la dépression Kirk le 9 octobre. Récoltes de maïs et de tournesol mais aussi semis de blé s’en trouvent encore plus difficiles à gérer.

ferme inondée en Seine-et-Marne
Exploitation agricole inondée en Seine-et-Marne suite au passage de la dépression Kirk.
© FDSEA 77

[Modifié le 11 octobre à 15h40]

Comme annoncé quelques jours plus tôt notamment par Serge Zaka, agroclimatologue, mercredi 9 octobre la dépression Kirk a provoqué un déluge sur une large bande de la Vendée aux Ardennes. En première ligne : les agriculteurs qui ont déjà bien du mal à planifier et réaliser leurs travaux agricoles cette année.

Lire aussi : Boue sur la route lors des travaux agricoles : attention aux accidents en période d’ensilage de maïs, de récoltes de betteraves et de pommes de terre

Des prairies transformées en lac en Seine-et-Marne

En Seine-et-Marne, placée hier en alerte rouge, Sébastien Guérinot, agriculteur, filme des champs de maïs inondés. Dans la Brie, fortement frappée par Kirk et la crue du Grand Morin, certaines plaines agricoles sont transformées en véritables lacs.

Dans un post Facebook la FDSEA de Seine-et-Marne montre de nombreuses photos d’exploitations agricoles inondées pointant des sols saturés par plus d’un an de pluie continuelle. Et le syndicat d’affirmer que « l’absence d’entretien des cours d’eau est aussi une des causes des dysfonctionnements pour lesquels nous devrons trouver des solutions rapidement ».

Deux années blanches cela ne va pas être possible

Situé dans le nord de la Seine-et-Marne, Olivier Flé se désespère : « Pas pu semer de blé en oct 23. Pas pu semer de maïs en mai 24. Pas de récolte de sarrasin prévue non plus. Et la récolte 25 de blé est déjà compromise.  2 années blanches cela ne va pas être possible ».

Une situation dont Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, mais aussi agriculteur en Seine-et-Marne, se fait le porte-parole auprès de l'Etat.

Lire aussi : « On souhaite encourager les agriculteurs à remettre en état les fossés » : opération d’entretien et curage des fossés dans l’Aisne

Jusqu’à 100 mm de pluie en une journée

Dans les autres départements, les agriculteurs se désespèrent de ces précipitations qui viennent s’ajouter à des sols déjà gorgés d’eau.

Laurence Cormier, agricultrice dans les Pays de de Loire, parle sur X de 80 millimètres de pluie depuis le matin, « avec des prairies au max de l’absorption et un drain à son maximum dans le champ de maïs ».

Qui dit mieux ? Cédric Davenet, éleveur de Parthenaises en Maine-et-Loire, devait dépasser les 100 mm tombés en une seule journée sur son exploitation.

Quel gâchis, quel bordel depuis un an !

Avec 80 mm tombés en trois jours, Emmanuel Sagot, agriculteur en Vendée, tente pour sa part de rester positif en montrant les images par drone de ses champs de maïs inondés. Il estime toutefois qu'il manquera quelques milliers d'euros à son chiffre de résultat à la fin de la campagne.

Vincent Guyot : « La journée la plus pluvieuse depuis que je suis agriculteur »

Vincent Guyot, agriculteur dans l’Aisne, se félicite du retour à un ciel étoilé ce jeudi 10 octobre au matin après avoir enregistré « un cumul de presque 50 mm pluies, la journée d’hier », soit à ce qu’il se souvienne « la journée la plus pluvieuse depuis qu’[il] est agriculteur » (hors les pluies orageuses). 

Des vaches les sabots dans l’eau

Henry Dossin, éleveur dans l’Aisne, se félicite d’avoir rentrer ses vaches la veille alors que ses pairies sont désormais complètement inondées.

Maël Daniau, éleveur en Vendée, a de son côté dû procéder au sauvetage d'un lot de vaches coincé depuis le 9 octobre sur une parcelle inondée.

A Sainte-Lumine de Coutais (en Loire-Atlantique), les vaches laitières de Mathieu Huchet bien qu'à l'abri sont les pieds dans l'eau, la stabulation étant inondée.

Des ensilages qui patinent et s’embourbent

Laurie Poussier, agricultrice en Ille-et-Vilaine, attaque l’ensilage de maïs ce jeudi 9 au matin. « 1er tour : ça paaasse. 2eme tour ; un tracteur enlisé. 2e tour : 2 tracteurs enlisés. […] Puis on remplit moins les bennes et au final ça le fait », témoigne-t-elle sur X.

Avant même le passage de Kirk, Elise Sylvain, éleveuse dans les Pays de la Loire, avait eu le même problème réussissant tant bien que mal à ensiler le 8 octobre, avec du maïs couché, des tracteurs enlisés et la pluie qui s’est invitée en fin de soirée.

L’Anjou agricole publie sur Facebook une vidéo d’une ensileuse qui a dû être treuillée par deux tracteurs à La Séguinière le 9 octobre.

Lire aussi : Ensilage : 6 conseils pour la récolte du maïs versé 

Des tournesols qui pourrissent les pieds dans l’eau

François Petorin, agriculteur dans les Deux-Sèvres, se désespère pour sa part devant son champ de tournesols, rempli d’eau, se demandant quand voire s’il pourra les récolter. 

On se prend 250 mm en trois semaines pour ne pas récolter les tournesols qui sont en train de pourrir et les maïs ! 

Damien Fagot, agriculteur en Vendée, témoigne pour sa part des difficultés qu’il rencontre sur sa ferme depuis plusieurs mois déjà à cause des intempéries, sur X « Quelle année ! On n’a pas pu semer de blé, on a semé les cultures de printemps très tard, en juin, du jamais vu et on se prend 250 mm en trois semaines pour ne pas récolter les tournesols qui sont en train de pourrir et les maïs ! Semis de blé 2025 compromis ! ».

Nombre d’agriculteurs sont dans ce cas, en témoignent les réponses à cet appel d’une ingénieure de Terre Inovia sur Facebook pour savoir le pourcentage de récoltes de tournesol qu’il reste encore à faire le 9 octobre. 

Lire aussi : Récolte du tournesol : accepter de récolter humide dès qu'une opportunité se présente

Chenilles, ensileuses à caissons, kit à maïs versé, sont de sortie.

Si des agriculteurs ne peuvent même pas envisager de rentrer dans leurs parcelles inondées pour récolter maïs ou tournesol, les travaux d’automne s’avèrent compliqués depuis plusieurs semaines pour nombre d’agriculteurs sur l’ensemble du territoire avec du maïs souvent versé. Et chacun chercher une solution pour contrer les conséquences des mauvaises conditions climatiques notamment pour l’ensilage de maïs.

Comme en Rhône-Alpes, où l’ETA Guicherd a ainsi décidé d’équiper de chenille caoutchouc une ensileuse 4 roues motrices équipée de bec 8 rangs pour « limiter le tassement » des sols . Peu d’ETA et encore moins d’exploitants agricoles disposent néanmoins de cet équipement.

Le céréalier vendéen François Arnoux a pour sa part opté pour le jumelage de machine pour mieux préserver le sol.

Le constructeur Claas met pour sa part en avant son ensileuse Orbis qui avec une gestion de l’angle de piquage, un kit maïs versé et certaines adaptations arrive, selon lui, à limiter les pertes.

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