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FILIÈRE CASTANÉICOLE
Comment le renouveau de la châtaigne commence à porter ses fruits ?

Le Cantal espère non seulement renforcer sa production de châtaignes mais aussi valoriser davantage ses produits. Ce renouveau de la filière est une opportunité de diversifier ses revenus. 

Un billet sort d'une bogue de châtaigne
La production de châtaignes, soutenue par la Région Aura et dans le sud Cantal par la com com de Châtaigneraie, doit s’avérer rémunératrice. 
© AdobeStock IA

La filière castanéicole du  Cantal est à un tournant.  La table-ronde, organisée samedi 19 octobre 2024 à Mourjou, sur la commune de Puycapel, dans le cadre de la Foire de la Châtaigne, en a fait la démonstration. Cette rencontre a permis de dévoiler les résultats d’une étude commandée par la communauté de communes de la Châtaigneraie cantalienne et pilotée par la Chambre d’agriculture du Cantal, avec l’appui d’un expert en marketing.  Mais d’abord, un état des lieux s’impose

À ce jour, le Cantal compte environ 270 producteurs de châtaignes, qui devraient récolter environ 90 tonnes cette année. Si la croissance actuelle se maintient, ce chiffre pourrait atteindre 140 tonnes d’ici 2032, a calculé Léa Dubois, conseillère de la filière châtaigne. À l’échelle nationale, la consommation de châtaignes est de 16 000 tonnes, dont la moitié est produite en France. Bien que le volume de production cantalien reste modeste, “il existe un potentiel pour un marché de niche”, affirme Olivier Beucherie, chef de cabinet d’études. Plus de 3 000 jeunes arbres ont été plantés ces dix dernières années dans un cadre collectif, auxquels s’ajoutent 1 500 plants par des producteurs en dehors des collectifs. 

Les aides de la Région Auvergne-Rhône-Alpes (plan qui concerne l’Ardèche et le Cantal) et celles de la communauté de communes de Châtaigneraie sur son territoire (voir en détail ci-dessous) ont favorisé cette relance que Mourjou appelle de ses vœux depuis la première édition de la Fête de la châtaigne, il y a plus de 30 ans...  Depuis 2017, les aides Aura dans le Cantal ont permis d’élaguer 700 arbres, 300 sont re-ouverts (nettoyés aux pieds) et 1 800 ont été plantés. Soit près de 100 000 € accordés. Dans le sud-Cantal, l’intercommunalité a, de son  côté, financé 2 500 arbres auprès  de 32 porteurs de projets, dont 22 ont le statut d’agriculteur. Soit 58 000 € de subventions (auxquels la collectivité ajoute 16 000 € de convention pour bénéficier des services techniques de la Chambre d’agriculture, 27 000 € pour la Maison de la châtaigne...).   

Environ 40 % de ces nouvelles plantations concernent des variétés hybrides, tandis que les variétés locales telles que la Paquette ou la Savoye jouent un rôle clé pour maintenir une identité territoriale forte. L’atelier collectif de la Bogue du Cantal, créé par 19 adhérents, a transformé 20 tonnes de châtaignes en 2022, dont 7 tonnes provenant de ses membres et 13 tonnes achetées à d’autres producteurs locaux. Ce volume, transformé en 11 000 bocaux est principalement vendu en grande distribution. La même année, les 18 adhérents aux Castanhaïres bio (les Castalous) ont transformé en farine leurs 7 tonnes de châtaignes. Les capacités de production sont prometteuses, mais la transformation risque de peiner à suivre l’évolution de la production. Alors ?... C’est là que les résultats de l’enquête conduite auprès de 49 producteurs de châtaignes entre mars 2023 et mars 2024 (dont une majorité d’agriculteurs, mais aussi des particuliers et des retraités agricoles) peut éclairer l’avenir.  

Vers un syndicat cantalien 

Il en ressort un manque de lisibilité globale des produits et une rationalisation des coûts de transformation va s’avérer impérative. Parmi les pistes évoquées, on parle de privilégier certaines variétés, d’en exclure d’autres ; de proposer une “identité visuelle commune” (peut-être associée à une “provenance montagne”), en tout cas, un signe distinctif clair sur la provenance Cantal, encore très discrète sur les produits finis selon l’étude d’Olivier Beucherie(1)  ; travailler en complémentarité...  

“Les acteurs seront-ils capables de chasser en bande ?” Michel Teyssedou, président de la com com de Châtaigneraie cantalienne. 

“La concurrence ne doit pas se faire entre eux, mais ensemble contre une concurrence extérieure”, plaide Michel Teyssedou, président de la com com de Châtaigneraie. Pour relever ces défis, la création d’un “syndicat départemental des producteurs de châtaigne” se profile. Cette structure aurait vocation à fédérer l’ensemble des acteurs autour d’une stratégie commune et à garantir une meilleure organisation de la production et de la transformation, tout en assurant des débouchés commerciaux viables et rémunérateurs. En un mot, il aurait pour objet de “professionnaliser la filière”, avec un renforcement des compétences techniques(2), tout en s’assurant d’un soutien institutionnel.  Déjà la com com de Châtaigneraie se ré-engage : son président vient de signer avec la Chambre d’agriculture du Cantal, représentée par son vice-président Joël Piganiol, le renouvellement d’une convention de partenariat. Chaque année, 16000 euros sont versés pour bénéficier de conseils techniques éclairés, comme ceux qu’a pu distiller ces dernières années la spécialiste Léa Dubois.  

(1) Sur 50 produits observés en GMS, l’origine est signalée 12 fois, dont quatre affichent une mention de la “provenance du Cantal” ; 27 ne le disent pas...  

(2) Déjà près de 36 % des producteurs ayant répondu à l’enquête ont déjà suivi une ou plusieurs formations techniques, notamment sur l’entretien des vergers et la transformation. 


DÉTAIL DES AIDES
Dans tout le département du Cantal, le plan “châtaigneraies traditionnelles” de la Région Auvergne-Rhône-Alpes - et désormais co-financé par le Conseil départemental - prévoit une subvention de 65 €HT/arbre pour les agriculteurs et 50 €HT/arbre pour ceux qui ne le sont pas (travaux obligatoirement réalisés par un prestataire). Le tandem Région-Département finance également l’ouverture d’anciennes châtaigneraies et l’élagage pour la remise en production : également 65 €HT/arbre pour les agriculteurs et 50 €HT/arbre pour ceux qui ne le sont pas (avec prestataire). En Châtaigneraie cantalienne, pour des variétés hybrides et traditionnelles (en mixte) la communauté de communes prévoit une subvention de 25 à 30 €HT/arbre pour les agriculteurs et de 10 à 15 € HT pour les propriétaires privés. Le dépôt et le suivi du dossier est assuré par Chambre d’agriculture. Renseignements au 04 71 45 55 72. 

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