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Elections chambres d’agriculture : quels sont les programmes viticoles des syndicats agricoles ?

A la veille des élections pour les chambres d'agriculture, qui se déroulent du 15 janvier au 31 janvier 2025, voici les propositions des syndicats agricoles concernant la viticulture.

vote pour les chambres d'agriculture
Pour chaque chambre départementale d'agriculture, 33 membres sont à élire pour 6 ans. Ils se répartissent dans 10 collèges.
© V. Motin

 

Article réalisé avec Catherine Gerbod.

Les élections pour les chambres d'agriculture débutent mi-janvier. Elles se déroulent soit par correspondance, soit par vote électronique. Le scrutin sera clôt le 31 janvier 2025 à minuit.

Lire aussi : Elections professionnelles agricoles 2025 : à quoi servent les chambres d’agriculture ?

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FNSEA : priorité à la valorisation

En ce qui concerne la politique viticole, les priorités de la FNSEA sont principalement dirigées vers la valorisation et les moyens de renouer avec un prix du vin décent, assurant la rémunération des viticulteurs

 

Contractualisation et prix intégrant les coûts de production 

Cela passera, selon Jérôme Despey, responsable de la section viticole FNSEA, par de la contractualisation et l’application de la loi Egalim permettant d’intégrer les coûts de production dans le prix de la matière première, dont le plancher serait non négociable. « Il faut voir également comment être moins dépendant des importations sur le segment des VSIG d’entrée de gamme qui a été délaissé en France », selon le viticulteur héraultais.

Lire aussi : Qu’attend la filière vin de la loi Egalim ? 

 

Promotion des vins et conquête de parts de marché

Le deuxième enjeu prioritaire pour la FNSEA est la promotion du vin et la conquête de parts de marché. « Pour cela il est nécessaire d’enrayer les campagnes où le vin est pris pour cible, lutter contre toute taxation comportementale et prôner la consommation responsable en rempart à l’hygiénisme », plaide Jérôme Despey. En cela, il estime que les aides OCM ont un rôle à jouer et devraient être tournées vers des actions structurantes. Pour le syndicat, ces mêmes aides doivent servir à adapter la production en fonction des évolutions de la consommation (vins désalcoolisés par exemple) et du changement climatique.

 

Un plan d'investissement pour la protection face aux aléas climatiques et pas d'interdictions sans solutions alternatives

En ce qui concerne les aspects environnementaux, la FNSEA milite pour le stockage de l’eau, indispensable pour un vin de qualité. Un aspect qui s’intègre dans un grand plan d’investissement pour la protection des vignes face aux risques climatiques (gel, sécheresse, grêle). 

La performance des exploitations passe aussi, selon Jérôme Despey, par la lutte contre les interdictions sans solutions. « Bien sûr qu’il faut une transition, mais le vignoble doit être protégé malgré tout et il est inacceptable que des produits soient interdits en France alors qu’ils sont utilisés par nos voisins européens », détaille le syndicaliste.

 

Rendre possible l'arrachage temporaire et revoir le système assurantiel

La FNSEA soutient les mesures pour l’aide aux trésoreries ainsi que les demandes de subventions pour l’arrachage temporaire. « C’est un enjeu majeur d’adapter l’outil de production pour ceux qui veulent rester, et, demain, ceux qui voudront s’installer », commente Jérôme Despey. Enfin, le syndicat estime qu’il est temps de revoir le système assurantiel, et tout particulièrement celui de la moyenne olympique qui évince de la protection les pertes majeures.

 

Coordination rurale : prix rémunérateurs et allègements administratifs

La Coordination rurale affirme être le deuxième syndicat agricole de France. Il dispose d’une section viticulture.

 

Alléger la charge administrative 

La simplification est un des axes prioritaires de la Coordination rurale. Le syndicat réclame notamment un retour à la CRD obligatoire mais avec la suppression des documents d’accompagnement. Elle plaide pour la mise en place d’un régime simplifié pour les petites entreprises agricoles.

 

D’une façon globale, le syndicat défend la liberté d’entreprendre.

 

Œuvrer pour le revenu viticole

Xavier Desouche, responsable de la section viticulture et viticulteur charentais, énonce « les prix rémunérateurs » comme l’un des « combats fondamentaux » du syndicat.

 La Coordination rurale priorise trois leviers pour favoriser les revenus viticoles :

  • la généralisation du volume complémentaire individuel à tous les vins ;
  • la mise en place des moyens mutualisés de prévention face aux incidents climatiques ;
  • le déploiement des variétés résistantes.

 Préserver le potentiel de production 

La Coordination rurale veut « sauvegarder notre patrimoine viticole ». Cela passe par un maintien du potentiel de production.  Ses propositions sont :

  • de maintenir le vignoble en « limitant la multiplication des zones de non traitement » ;
  • de mettre en place des plans de gestion des maladies comme la flavescence dorée ou les maladies du bois « administrés localement par les viticulteurs ». Le syndicat rappelle à ce titre que 13,3 % du vignoble français est improductif du fait des maladies du bois.
  • de maintenir « l’utilisation et la diversité des solutions phytopharmaceutiques pour limiter l’augmentation des résistances ».

Le syndicat affirme aussi mettre « le renouvellement des producteurs » au centre de ses réflexions.

 

Confédération paysanne : production régulée et viticulture paysanne

La Confédération paysanne revendique 11 000 membres et une hausse globale de 20 % de ses adhérents sur 2 ans. Elle s'est davantage investie dans les problématiques viticoles ces dernières années.

 

Réguler la production pour des prix rémunérateurs 

« La viticulture est à la veille d’une crise sociale majeure de surproduction », a déploré Thomas Gibert, membre du secrétariat national, lors des vœux à la presse du syndicat, le 8 janvier. Ce constat incite la Confédération paysanne à mettre la régulation des marchés en tête de ses priorités pour éviter « l’écroulement de la viticulture » et « la paupérisation des agriculteurs ».

La Confédération paysanne milite également pour un plafonnement des rendements (IGP à 80 hl/ha, vins sans IG à 100 hl/ha) et pour des autorisations de nouvelles plantations priorisant les petites et moyennes structures viticoles ayant besoin de se renforcer plutôt que d’agrandir encore les très gros domaines. 

Elle estime que le plan d’arrachage n’a pas été accompagné d’une véritable vision stratégique à long terme. Elle demande une rémunération incitative avec 10 000 euros/ha pour les cinq premiers hectares arrachés et de 4 000 euros ensuite, ainsi qu'un plan orienté en priorité sur les départs anticipés à la retraite, les terres gélives ou infestées par les maladies, ainsi que « les plus productives, où l’on peut faire autre chose que la viticulture », expose Thomas Gibert. Le syndicat estime que l’avenir de la viticulture passe par la polyculture et la diversification.

Pour préserver les prix, la Confédération paysanne préconise une sortie de l’ensemble des accords de libre-échange et réclame des prix minimums à l’importation.

 

Lutter contre la financiarisation du foncier 

Elle réclame une régulation du foncier face à la « main mise des ultra riches » sur le foncier dans certains vignobles, ce qui rend impossible « la consolidation d’exploitations familiales ou l’installation de jeunes sur ces territoires ». Elle ne remet pas en cause le rôle des Safer mais leur gouvernance.

 

Une politique de prévention et de gestion des risques climatiques 

Constatant que seulement 18,1 % des paysans sont assurés malgré la pression des aléas climatiques, la Confédération paysanne défend le projet d’un « fonds mutuel et solidaire accessible à tous les paysans », financé par l’État, les agriculteurs, l’amont et l’aval. Elle milite aussi pour un accompagnement économique au changement de pratiques ciblées sur l’adaptation au changement climatique. 

 

Soutenir des pratiques viticoles orientées sur la sortie des pesticides et la durabilité 

Le syndicat veut encourager la sortie des pesticides de synthèse, et plaide pour l’obligation de traitement à l’eau chaude de tous les plants de bois pour lutter contre la flavescence dorée.

Quant à l'irrigation des vignes, il veut la limiter à « certaines situations de sécheresse avérées »

 

Modef : mettre en place des prix garantis par l’État

Le syndicat sera représenté dans 14 départements de la métropole. Pour le Modef, le cheval de bataille numéro un est l’instauration de prix garantis par l’État. 

 

Construire un prix minimum

« La survie de nos exploitations ne peut plus venir d’une baisse des charges ou d’un regain de compétitivité, estime Didier Gadea, président de la section viticulture du Modef. La rémunération des viticulteurs doit venir d’un prix du vin juste. » Ce prix minimum serait construit par les interprofessions en fonction des coûts de production calculés au vignoble. Le syndicat milite par la même occasion pour un encadrement des marges et la remise en place d’un coefficient multiplicateur tel que celui qui existait avant 1987 pour « éviter les abus en CHR et en GD ».

 

Pour une "écologie scientifique et pas politique"

Sur l’eau, le Modef est favorable à la création de retenues collinaires pour l’irrigation. « Mais nous pensons aussi qu’en cas de raréfaction de l’eau, l’élevage et le maraîchage sont prioritaires sur la vigne », souligne Didier Gadea. 

Le syndicat adopte une également une position pragmatique sur les autres aspects environnementaux. Pour lui, la transition agroécologique doit avoir lieu mais le retrait des molécules ne peut pas se faire sans solutions alternatives. Le Modef milite pour une plus grande implantation des variétés de vigne résistantes, et serait favorable à une hausse des aides OCM pour la plantation pour ces variétés. « Nous croyons aussi en une écologie scientifique et non pas politique. Mais pour cela il faut donner plus de moyens à la recherche », complète le président de la section viticulture.

 

Non aux traités de libre-échange, oui aux traités de coopération

En ce qui concerne les politiques extérieures, le syndicat est fermement opposé aux traités de libre-échange, « qui dérégulent le marché et exposent au dumping social ». Le Modef prône plutôt la mise en place de traités de coopération avec des échanges encadrés, qui iraient dans l’intérêt des paysans et non des marchands.

Par ailleurs, le Modef est peu porté sur les politiques d’arrachage subventionné des vignes. « Mon département, l’Hérault, est passé de 200 000 ha à 80 000 en 20 ans et ça n’a rien changé, soutient Didier Gadea. La seule issue, ce sont les prix garantis par l’État. Ils permettraient aux viticulteurs de retrouver une rémunération correcte, de se projeter dans l’avenir et d’investir dans la transition agroécologique et l’adaptation au changement climatique. »

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