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Gel de la vigne, comment lutter ? 8 choses à savoir absolument

Ces dernières années, le gel de la vigne a été l’un des facteurs principaux de la baisse de production des vignobles français. Voici 8 conseils qui vous aideront à mieux vous préparer.

Le gel de la vigne occasionne des pertes de récolte.
© X. Delbecque

 

 
  1. Quels sont les périodes et les types de gel que l'on peut rencontrer au vignoble ?

 

  • Des gelées d’automne peuvent intervenir avant que les feuilles soient tombées. Elles mettent alors précocement la vigne en dormance, ce qui peut nuire à la mise en réserve. Ces évènements sont très rares sous nos latitudes.

 

  • Les gelées d’hiver sont des événements également peu fréquents en France. Un froid trop intense (à partir de -15 °C) et trop long peut entraîner des lésions irréversibles pour la vigne, voire la mort du cep. Tous les cépages n’ont pas la même résistance au froid, certaines variétés hybrides canadiennes ont été sélectionnées pour résister jusqu’à des températures avoisinant les -40 °C. Si de tels phénomènes ont déjà été observés dans les vignobles septentrionaux comme la Champagne, les gelées hivernales de la vigne devraient être de moins en moins fréquentes dans les régions viticoles françaises à la faveur du changement climatique.

 

  • Les gelées de printemps ont lieu à partir de la reprise de l’activité des ceps, c’est-à-dire le débourrement. Les températures proches de 0 °C entraînent, selon les conditions, l’éclatement des cellules présentes dans les organes verts, et ainsi la mort des jeunes pousses de l’année. Ces organes verts n’ont pas la même sensibilité selon s’ils sont encore dans le coton du bourgeon (tout début de la pousse) ou bien si les premières feuilles sont étalées. Selon les régions, la vigne peut être sensible de fin mars jusqu’à mi-mai (saints de glace). Le gel de printemps est le plus commun en France, en ce qui concerne la viticulture. Il se produit fréquemment, à plus ou moins grande échelle, et peut toucher toutes les régions viticoles. Les gelées printanières conduisent à des pertes de récolte plus ou moins importantes selon la sévérité de l’épisode gélif. Ces dernières années, les épisodes de 2017 et plus encore de 2021 ont été dévastateurs. Selon les experts du climat, le gel de printemps arrivera de plus en plus souvent avec le changement climatique. Il existe, face à ce fléau, de nombreux moyens de lutte, avec des efficacités variables et des coûts généralement importants pour une exploitation viticole.

 

On distingue deux types de gel :

 

  • Le gel radiatif, qui est dû à la perte de chaleur du sol durant la nuit (par rayonnement thermique). C’est le type de gel le plus courant. Il intervient généralement lorsque le ciel est dégagé, et qu’il n’y a pas de vent. Dans ce cas de figure, la température de l’air est plus élevée en altitude qu’au niveau du sol. C’est le gel radiatif qui est dans la plupart des cas responsable des « gelées blanches », caractérisées par des cristaux de glace sur le sol et les végétaux, donnant la couleur blanche au paysage.

 

  • Le gel advectif, quant à lui, est provoqué par le passage d’une grande masse d’air froid, qui peut provenir du cercle polaire (comme en 2021). Cela s’accompagne généralement de vent. La température est alors la même au sol qu’en altitude. Certains parlent dans ce cas d’une « gelée noire », car il noircit rapidement les jeunes pousses des vignes et vergers, mais ce terme ne fait pas consensus.
 
  1. Quels outils utiliser pour savoir où et quand il va geler ?

 

  • Les nombreux sites et applications météo qui existent sur internet ou sur smartphone prédisent généralement les chutes de température plusieurs jours à l’avance. Pour davantage de précision, il est possible de s’équiper d’une station météo au vignoble (ou bien de la construire). Couplée à un outil d’aide à la décision, elle peut alerter le chef d’exploitation dès qu’un risque de gel est détecté.

 

  • Pour les vignobles champenois, le site meteo.comitechampagne.fr diffuse des informations sur le risque de gel en plusieurs endroits du vignoble, la veille au soir pour le matin. Il résulte d’une collaboration entre le Comité Champagne et Météo France.

 

  • En 2021, la startup Weenat a lancé Weefrost, un outil capable de prévoir le gel à J-4. Grace à une intelligence artificielle, les vignerons peuvent accéder à une prévision de la température minimale adaptée à la réalité du terrain ainsi qu’à une probabilité de risque de gel sous trois seuils de température : 0°C, -1°C et -3°C.
 
  1. Quand déclencher les moyens de lutte ?

 

Le déclenchement de la lutte est toujours une décision délicate : trop tôt cela fait perdre de l’argent inutilement, trop tard cela aura des conséquences sur l’efficacité, et donc la récolte. Certains le font de manière empirique, en veillant à la parcelle avec un thermomètre et en déclenchant les moyens de lutte quand le mercure atteint un certain seuil, préalablement défini. Pour davantage de précision, de nombreux viticulteurs s’appuient sur des outils d’aide à la décision (OAD) couplés à des stations météos connectées. Ces dernières mesurent précisément et en temps réel la température et l’hygrométrie, et envoient une alerte au viticulteur par appel, sms, email ou autre notification quand le risque de gel devient trop important.

 
  1. Comment lutter contre le gel de la vigne ? Comment protéger les pieds de vigne du gel ?

 

Il est très difficile de lutter contre le gel d’hiver. Dans les pays où l’on cultive la vigne sous des climats extrêmes (Canada, Chine...), les vignerons vont jusqu’à enterrer les vignes en période hivernale et à les déterrer au printemps. En France, les dégâts sont trop peu fréquents pour que ce soit utile.

Face au gel de printemps, en revanche, une multitude de solutions existent. Elles se différencient par leur coût, par leur adaptation à la conduite de la vigne et au type de gel, par leur empreinte carbone ou encore par le temps nécessaire pour leur mise en place. Avant de s’équiper, il est indispensable de bien s’informer sur toutes les possibilités.

En raison des investissements importants et du fait que certains moyens de lutte sont plus efficaces quand ils sont gérés à plus grande échelle, des vignerons choisissent la gestion en commun des moyens de lutte contre le gel. Cela permet également d'avoir plusieurs observations et plusieurs avis lors des prises de décision. La gestion en collectif peut prendre plusieurs formes : associations, ODG, coopératives, Cuma...

 

Méthodes de lutte active directes et indirectes

 

  • Brûlage de paille

 

Brûler des ballots de foin ou de paille en bordure de parcelle a pour objectif de créer un voile opaque, qui limite le réchauffement rapide au lever du soleil et qui favorise le réchauffement au niveau du sol. C’est une méthode ancestrale très peu onéreuse et relativement simple à mettre en place. Toutefois son utilité est contestée. Les techniciens du Comité Champagne qui l’ont testée disent n’avoir observé aucun effet sur le gel. Des vignerons assurent quant à eux que cette technique fonctionne en cas de gel radiatif si elle est correctement utilisée, mais que cela demande beaucoup de technicité. Son usage est de plus en plus controversé, à cause des plaintes de riverains en raison de la fumée, et du relargage de particules participant à la pollution de l’atmosphère.

 

  • Bougies et chaufferettes

Les bougies luttent contre le gel de la vigne.

Depuis des siècles, l’utilisation de bougies est l’une des solutions les plus courantes pour lutter contre le gel. Les bougies permettent de gagner de 2 à 3°C, à raison de 400 à 500 exemplaires par hectare. Cependant, face aux gels advectifs ou aux gels radiatifs intenses comme ceux que l’on a récemment connus, cette technique montre ses limites. Les vignerons la délaissent peu à peu car elle est onéreuse (4 000 euros par hectare, voire davantage en cas de gel plus intense que la normale), pour des résultats incertains et beaucoup de main-d’œuvre, à la pose et à l’allumage. De même, elle n’est pas neutre d’un point de vue écologique, puisque son bilan carbone se situe entre 12,5 et 22,5 t CO2 éq/ha/an selon le combustible.

 

Chargées de granulés à bois au moment où le risque de gel est annoncé, les chaufferettes promettent une protection plus efficace (pour les chaufferettes Viti-chauffe, on parle d’une protection jusqu’à -5 °C pour 200 unités par hectare). Leur impact environnemental est meilleur que celui des bougies, car elles sont réutilisables et le bois est une énergie renouvelable. Cependant, il s’agit d’un moyen de lutte très onéreux : plus de 40 000 euros par ha d’investissement, et 800 euros par nuit de chauffe pour le fonctionnement. Cependant, le dispositif peut faire l’objet d’une aide FranceAgriMer, à hauteur de 30 à 50 % de prise en charge. Certaines d’entre elles se combinent même aux tours antigel, pour davantage d'efficacité.

La gamme des chaufferettes comprend également des braséros, qui se basent sur la combustion de pellets. Citons par exemple le Brasero Protect. Il doit être disposé à une densité de 300 à 350 unités par hectare, et vaut 160 euros en version inox.

 

  • Aspersion :

L'aspersion est très efficace contre tous les types de gelées.

D’après les experts, la méthode de l'aspersion est de loin la plus efficace, car elle protège de tous les types de gel jusqu’à -6°C. C’est notamment l’une des rares véritablement efficace contre le gel advectif. Elle est basée sur le principe de l’igloo : les viticulteurs aspergent les vignes d’eau lorsque la température descend pour que la glace se forme et emprisonne les bourgeons. A l’intérieur, la température ne descend pas en dessous de 0 °C, le bourgeon est isolé par la glace. Néanmoins, l’aspersion demande beaucoup de vigilance : pendant les nuits de fonctionnement, le réseau doit être surveillé en permanence pour prévenir les tuyaux bouchés ou arrachés. Les projets sont de plus en plus complexes à monter, puisque cela demande de stocker de grandes quantités d’eau, ressource toujours plus convoitée et surveillée. Cette méthode peut être gérée à plusieurs.

On estime l’investissement à 15 000 €/ha, auxquels il faut ensuite ajouter 0,27 €/l (pour 50 hl/ha). Comptez 0,5 t d’émissions de CO2 éq par hectare et par an, selon le guide 2019 Viticulture durable en Champagne.

 

  • Tours antigel :

Les tours antigel collectives donnent de bons résultats contre le gel.

Capables de protéger des surfaces allant jusqu’à 5 ha, les tours antigel sont souvent utilisées en commun entre plusieurs viticulteurs. Le principe de ces éoliennes est de brasser l’air pour ramener l’air plus chaud des hauteurs vers le sol. Un tel raisonnement n’est possible que dans le cas d’un gel radiatif, où les températures diffèrent selon l’altitude. Les tours antigel peuvent être équipées en sus de brûleurs au fuel ou bien au gaz, pour générer un apport de chaleur supplémentaire. En 2020, il fallait compter 50 000 € pour une tour antigel à gaz avec le bloc de béton.

Depuis quelques années, on voit apparaître une offre de tours antigel mobiles, adaptées à un usage individuel.

 

  • Fil chauffant :

 

Installé sur le fil porteur du vignoble tout l’hiver, le fil électrique chauffant est doté d’une efficacité incontestable, en particulier sur les vignes conduites en Guyot lorsque la baguette est liée près du câble. Certains utilisateurs revendiquent jusqu’à deux fois plus d’efficacité que les bougies. Cependant, ils nécessitent une alimentation électrique à haute puissance, qui demande soit d’être raccordé au réseau soit d’utiliser un groupe électrogène de grande puissance (400 kVa environ) . Compter entre 15 000 et 40 000 euros par hectare pour l’investissement selon l’équipement et la densité, et 100 à 150 euros par hectare par nuit de gel pour le fonctionnement.

Côté empreinte carbone, pour une alimentation secteur, on relève des émissions de 0,35 t CO2 éq/ha/an. Le bilan grimpe dès lors que l’alimentation se fait via un groupe électrogène.

 

  • Canon à air chaud :

Le canon à air chaud lutte contre le gel en expulsant de l'air chaud.

Par une combustion de gaz ou de fuel, le canon à air chaud crée de la chaleur propulsée par un canon. Cela permet d’assécher l’air ainsi que de le réchauffer, afin d’éviter le gel de la vigne. Il s’agit d’une solution efficace pour tous types de gel, mais dont l’efficience diminue avec la chute des températures et la force du vent. Il faut compter entre 7 000 et 15 000 €/ha d’investissement, puis 300 €/ha/an pour le fonctionnement. Mais attention, les canons à air sont loin d’être neutres au niveau écologique : l’empreinte est de 12,9 t CO2 éq/ha/an. Certains canons sont statiques, d'autres mobiles.

 

  • Couverture des vignes :

 

Qu’il s’agisse de voiles d’hivernage, de tunnels mono-rangs ou d’agrivoltaïsme, la couverture des vignes se montre efficace contre le gel.

Voiles d’hivernage : les voiles d'hivernage montrent, campagne après campagne, une bonne efficacité. Ils sont autorisés sauf dans les AOC dont le cahier des charges les interdit.

Tunnels mono-rang : dotés d’un système de capteurs, ils se placent automatiquement au-dessus des vignes en cas de pluie, de grêle ou de gel, et assurent ainsi leur protection. Après des tests probants en 2021, le dispositif est maintenant en vente, à 15 euros par mètre linéaire.

Panneaux photovoltaïques : en plus de leur efficacité contre la sécheresse, les panneaux photovoltaïques se montrent également très utiles contre le gel, permettant un gain de 2°C sur les surfaces qu’ils abritent. Ils sont donc pertinents pour un gel printanier ne descendant pas sous les -1°C.

 

  • Nébulisation

Contre le gel, la nébulisation est une solution peu onéreuse, et qui peut se montrer efficace à condition que le vent ne souffle pas à plus de 6 km/h. Compter 21 000 € pour l’achat d’un nébulisateur, qui permet la formation d’un brouillard autour des vignes, les protégeant du gel. Plusieurs modèles existent, créant ce brouillard soit à partir de glycol (Viti Protect K30), soit par combustion d’une botte de foin (FogDragon), Au total, comptez 10 €/ha avec le FogDragon, 40 €/ha avec le Viti Protect K30, hors main-d’œuvre (prix 2020).

L’emploi de cette solution nécessite toutefois une grande technicité pour réussir à former le brouillard au-dessus des vignes, et trois personnes doivent être mobilisées au moment de la lutte.

 

  • Lampes infrarouges :

 

De nouvelles techniques sont apparues au vignoble depuis quelques années seulement, basées sur la lumière infrarouge. L’avantage de cette technologie est de réchauffer directement la plante sans avoir besoin de réchauffer l’air. L’entreprise Frolight a développé un système de protection sous forme de cordons émettant des lumières infrarouges, permettant de maintenir les bourgeons à une température donnée.

Peu sensible au vent, le dispositif doit être d’abord être installé à l’aide de pinces de liage et de rubans biodégradables faciles à défaire une fois la saison critique passée. Il faudra compter 4 euros par mètre de ruban au total. Côté fonctionnement, l’alimentation se fait par un groupe électrogène. L’achat d’un tel équipement revient à environ 35 000 euros pour la protection d’un hectare, mais la location à la semaine est envisageable.

La lampe autonome développée par la jeune pousse Wine Protect permet, quant à elle, de chauffer les vignes par infrarouge par le biais de l’énergie solaire accumulée par des panneaux intégrés. Pour 30 000 € par hectare, il est possible de paramétrer une température au-delà de laquelle le dispositif se met en marche, maintenant les vignes à des températures positives.

 

  • UV

Les UV peuvent aider à lutter contre le gel de la vigne.

Bien que n’étant pas un système de lutte contre le gel en tant que tel, les UV permettent néanmoins d’y contribuer. Des vignerons les utilisant pour stimuler leurs vignes ont testé leur impact contre le gel. Avec un résultat positif. Le rendement est ainsi meilleur, mais cette solution n’est pas suffisante seule. Elle doit être employée en complément d’un système de lutte physique. 

Concernant le prix, compter quelques centaines d’euros par hectare en prestation, et environ 50 000 euros à l’achat.

 

  • Gaine chauffante :

 

En 2022, la société R-Tech a mis au point une gaine chauffante et soufflante de 20 cm de diamètres et 100 m de long maximum. Par le biais d’un ventilateur et d’une résistance chauffante, elle assure la diffusion d’un air allant jusqu’à 25°C. Pour l’installation, compter 15 minutes pour l’accrocher aux fils porteurs, quel que soit le mode de taille. Résultat, la solution est efficace jusqu’à -3°C, pour une gaine tous les deux rangs et un coût de 19 € par mètre.

 

  • Hélicoptère :

L'hélicoptère ne peut intervenir contre le gel qu'au lever du jour.

Ces dernières années, l’hélicoptère a souvent été remplacé par d’autres moyens de lutte. Et pour cause, la méthode nécessite beaucoup de précision : le vol doit avoir lieu entre le lever du jour et le moment où la température redevient positive. Il génère aussi de fortes nuisances sonores, puisque l’hélicoptère doit repasser au même endroit toutes les 15 minutes pour continuer à brasser l’air, pendant plusieurs heures. Les plaintes de voisinage, ainsi que l’image négative que renvoie cette lutte, découragent de plus en plus les vignerons.

Dans le vignoble de Montlouis, une gestion en commun a permis d’abaisser les coûts à 100-200 €/ha. En 2017, la perte a été de 20 à 30 % au lieu de 40 % ailleurs.

 

Leviers de lutte passive

Au-delà de toutes ces alternatives, les méthodes de lutte passive sont également de bons atouts, et moins onéreux. Parmi elles, noter :

  • Le choix du matériel végétal, en jouant notamment sur la phénologie : par exemple, on peut opter pour des cépages au débourrement plus tardif dans une région très gélive.
  • Le décalage de la taille dans le temps permet de retarder l’éclatement des bourgeons, ce qui diminue l’impact du gel. Dans ce cas, on procède à la taille au mois de mai.
  • Il est également possible de tailler la vigne en deux fois. On réalise la plupart du travail de taille pendant l’hiver, mais on laisse davantage de longueur. Après le débourrement, on repasse pour raccourcir les coursons ou baguettes. Ainsi, on retire les bourgeons des extrémités, qui sont davantage touchés par le gel que les autres.
  • L’utilisation de produits antistress, dont certains permettent d’abaisser le point de congélation de la vigne.
  • Le développement de l’agroforesterie.
  • Le fait de limiter le travail du sol est également conseillé, car ce dernier aggrave le gel de la vigne.
  • En présence d’un couvert végétal, il est conseillé de le tondre ras, afin de ne pas trop aggraver les risques de gel entraînés par l’absorption des rayonnements solaires par le couvert.

 

A noter : les plantiers sont très sensibles aux risques de gel. Il est donc important de prévoir leur protection.

 
  1. Que faire après un épisode de gel de printemps ?

 

Avant toute chose, il est conseillé d’attendre quelques jours avant d’intervenir sur les vignes. Si les dégâts concernent moins de 20 % des pousses, aucune action n’est nécessaire. Si les pousses sont partiellement nécrosées, l’ICV conseille de passer avec un sécateur ou une paire de ciseaux pour couper à la base des rameaux, sans les arracher. Cela permet d’augmenter la vigueur des rameaux restants pour l’année suivante.

Certains conseillers recommandent le passage de produits fertilisants ou biostimulants pour aider la plante, mais d’autres, comme ceux de l’ICV, considèrent que cela coûte cher et que c’est inutile.

 

Sur les vignes en formation (plantiers), il est bon de réaliser un ébourgeonnage soigné pour sélectionner les sarments de feront l’architecture du cep pour le reste de sa vie.

 
  1. Comment tailler la vigne après un gel de printemps ?

 

L’une des plus grosses conséquences du gel printanier est l’absence de bourgeons à la base de la baguette. Au moment de choisir la baguette à fruits pendant la taille, il faudra donc réaliser des allongements importants et aller chercher une baguette très loin. Sur la baguette sélectionnée, il s’agit ensuite de conserver les trois bourgeons les plus proches et de retirer ceux situés plus loin. Enfin, on coupe l’excédent de branche sèche sur la baguette de l’an dernier.

Au printemps, après le débourrement, il faudra essayer de rattraper des gourmands à la base de la baguette de l’année précédente, afin de rattraper l’allongement subi.

Découvrez les bons gestes dans notre tuto vidéo.

Il est également conseillé d’anticiper la taille dès les travaux d’été. Il est important de réaliser un épamprage (et une sélection de pampres importantes), un égourmandage, et un nettoyage du pied. Le moment venu, cela rend la taille plus facile

 
  1. Comment vinifier des raisins issus de vignes gelées ?

 

Après un gel printanier, le risque est grand de se retrouver avec des vignes très hétérogènes, certaines grappes étant issues du débourrement, d’autres des repousses plus tardives. Il faut donc s’adapter en :

  1. Renforçant les analyses de maturité, par exemple par les analyses des glories dans les baies, ou de l’acide malique.
  2. Au moment de l’extraction, en favorisant le délestage plutôt que le remontage, qui entraine davantage d’amertume.
  3. Adaptant la durée de la macération à sa situation.
 
  1. Quelles sont les aides financières et assurances face au gel ?

 

Remise de fermage

 

Il est possible de reporter ou réduire le paiement d’un fermage d’un cas de gel, mais cela est plus ou moins compliqué en fonction de la rédaction du bail. Plusieurs cas sont possibles :

  • Le bail prévoit que le preneur supporte tous les cas fortuits. Dans ce cas, la remise de fermage peut se faire uniquement à l’amiable.
  • Aucun accord à l’amiable n’est possible et vous rencontrez des difficultés financières importantes. Dans ce cas, la voie judiciaire est envisageable, qui permet de mettre en place un plan de sauvegarde de l’exploitation et de lisser sur quinze ans les fermages et autres engagements bancaires.
  • Le bail ne prévoit pas de clause à ce sujet. Dans ce cas, il est possible de moduler le prix de fermage en cas de fortes pertes de récolte, seulement pour les pertes représentant au moins la moitié de la récolte.

 

Assurances :

 

Il existe également des assurances permettant de se prémunir contre les baisses de rendement liées au gel. En plus de l’assurance récolte, aussi appelée assurance climatique, certaines offres fonctionnent même sans passage d’expert, comme l’assurance proposée par la coopérative Océalia à ses adhérents. Par le biais d’un maillage de stations météo, couplé au stade végétatif de la vigne, le système d’assurance informe chaque viticulteur de son indemnisation, versée trois semaines plus tard.

 

Aides :

 

Afin de soutenir les agriculteurs contre le gel, il existe des aides à l’achat de matériel de lutte.

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