Quatre pièges connectés pour faciliter le suivi des ravageurs en viticulture
Les pièges à insectes connectés permettent aujourd’hui de suivre les vols de vers de grappes, cicadelles et même Cryptoblabes. Le tout depuis son téléphone.
Les pièges à insectes connectés permettent aujourd’hui de suivre les vols de vers de grappes, cicadelles et même Cryptoblabes. Le tout depuis son téléphone.

Le principe de base d’un piège connecté est toujours le même. Une caméra haute résolution est placée en direction d’une plaque où viennent s’engluer les insectes. Les images ainsi prises sont analysées par un algorithme entraîné à la reconnaissance de différentes espèces. Les données sont ensuite transmises à un serveur via un réseau de télécommunication. Selon le ravageur ciblé, l’appât peut être différent. Il peut s’agir de phéromones, d’aliments, de plaques de couleur… Généralement, le piège est alimenté en électricité par ses propres panneaux solaires.
CapTrap Vision Delta
Cap 2020, entreprise girondine, dispose d’une large gamme de pièges automatiques et connectés avec une interface en ligne. Fonctionnant avec des phéromones, le CapTrap Vision Delta peut détecter eudémis, cochylis et cryptoblabes. Une interface web dédiée permet de visualiser en temps réel le nombre d’insectes piégés dans la journée. Il est possible de paramétrer les alertes pour les pics de vols et la maintenance de l’appareil. La plateforme dresse un bilan en fin d’année, avec des données facilement exportables.
e-Gleek
Développé par la société ligérienne Advansee, le piège e-Gleek fonctionne avec des plaques gluantes. Jusqu’à trois espèces d’insectes peuvent être suivies simultanément, et l’appareil envoie des alertes par e-mail ou SMS si une invasion est détectée. Une plateforme web permet de visualiser les dynamiques de piégeage sous forme de graphiques. Le piège e-Gleek est utilisé dans le cognaçais dans le cadre de la lutte collective contre la flavescence dorée (voir encadré).
iScout
Le piège iScout est une réalisation de l’entreprise Pessl Instruments. Peu développée en France, cette société autrichienne est avant tout reconnue pour ses stations météos et services associés, à travers la marque Metos. La solution iScout se décline en quatre versions. Une à phéromones, avec la possibilité de suivi de l’eudémis et de la cochylis. Une avec un piège alimentaire pour les différentes mouches du fruit, dont la Drosophila suzukii. Une encore spécifique pour les punaises, notamment le ravageur émergent qu’est la punaise diabolique. La dernière version, avec plaques de couleur, permet de suivre la cicadelle Scaphoideus titanus. Une application mobile, iScout Mobile, permet de compléter les données en prenant des photos de pièges non connectés avec son Smartphone.
Trapview
La société slovène Trapview est spécialisée dans les pièges connectés pour toutes les cultures, et a créé une filiale française. Ses pièges sont adaptés au suivi d’eudémis et cochylis. La solution proposée permet non seulement de réaliser le relevé automatisé des insectes, mais aussi d’anticiper les stades de développement des générations. Cela grâce à un modèle prédictif associant les données entomologiques de chaque espèce avec les informations météorologiques. Trapview a également travaillé sur le piégeage de cryptoblabes, pour lequel la société propose le suivi mais pas encore la modélisation. Par ailleurs, les pièges Trapview ouvrent des droits aux Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP).
66 pièges déployés contre la flavescence dorée
En Charente, les pièges connectés ont fait leur apparition dans la lutte contre la flavescence dorée. Dans certaines communes en système d’aménagement, le deuxième traitement obligatoire est conditionné au piégeage des cicadelles Scaphoideus titanus : un seuil déterminé de détection des adultes déclenche la décision. « Pour engager plus de surfaces dans ce système, nous devons automatiser le relevé des pièges », a déclaré Laëtitia Sicaud, du Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC), lors des Rendez-vous TechniLoire 2024. À l’heure actuelle, ce sont 66 pièges connectés qui sont déployés dans la zone de lutte charentaise. Après avoir débuté les travaux en 2017 et qualifié l’algorithme d’identification de l’insecte en 2019, la méthode a été validée par le Sral (1) (sous condition de supervision humaine, organisme de quarantaine oblige).
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