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Plancher sur le bon sol

Les revêtements de sol en résines, couplés à une pente et des évacuations adéquates, permettent de faciliter le nettoyage et d’économiser l’eau.

Les résines organiques sont résistantes et faciles à entretenir. De plus leur nettoyage demande moins d'eau qu'un sol en béton brut.
© P. Cronenberger

Les économies d’eau et de produits passent en premier lieu par un aménagement de sol bien étudié. Il faut pour cela commencer par optimiser les écoulements et la pente. « Elle doit être au moins de 2 % pour éviter que le liquide ne stagne, conseille Laurent Magnet, chef de projet bâtiment chez Ingévin. Cela évite de le repousser avec encore plus d’eau» Le réseau d’écoulement doit être dense, pour minimiser le trajet de l’eau jusqu’à l’évacuation, et comporter des siphons, grilles ou rigoles. Il est judicieux également de créer une continuité entre le sol et le bas du mur, sur 20 à 30 centimètres de hauteur. « Ainsi, il n’y a pas d’angle droit mais une gorge continue, ce qui évite la stagnation des impuretés », soutient le chef de projet.

Il est ensuite primordial de bien choisir son revêtement. « Le béton brut est poreux, explique Laurent Magnet. Il se salit très vite et il est difficile à nettoyer. » Des pores qui entraînent un rougissement rapide (et bien souvent derrière l’emploi d’un dérougissant), et ralentissent l’expulsion des débris lors du passage du jet d’eau. Sans compter que le béton a une faible résistance à l’abrasion mécanique et chimique. Les chocs, et la soude utilisée en cave, provoquent parfois des brèches, véritables nids à impuretés, qui demandent plus d’eau et de temps pour en venir à bout. Pour améliorer les caractéristiques du béton, il est possible d’utiliser un bouche-pores, sorte de fine couche de vernis incolore. C’est le choix qu’a fait Pierre de Colbert, au château de Flaugergues, à Montpellier dans l’Hérault. Couplé à un surpresseur, il estime grâce à cela avoir divisé par deux sa consommation d’eau.

Trouver le compromis entre hygiène et sécurité

« C’est mieux qu’un béton lisse, confirme Denis Bonneau directeur technique de l’entreprise de peintures et résines Deproma, et c’est une solution économique. Mais ce n’est pas suffisant à mon sens pour assurer un nettoyage et une résistance optimums, surtout dans le temps. » Les deux experts l’affirment, ce sont bien les résines, époxy ou polyuréthane, qui sont le plus adaptées aux sols vinicoles. Elles sont d’ailleurs mises en avant par FranceAgriMer, de même que les revêtements quartz et le carrelage.

« Les résines organiques sont non poreuses, entièrement lisses, souligne Denis Bonneau. Les impuretés glissent facilement et le nettoyage est beaucoup plus rapide, il nécessite donc moins d’eau. » Ce type de matériau est couplé, la plupart du temps, avec de la silice ou du verre pour renforcer les propriétés antidérapantes. Moins il sera pur, et moins il sera lisse. D’où l’importance de trouver un compromis entre les deux paramètres. Le directeur technique conseille de raisonner le revêtement en fonction de la localisation dans le chai. « On peut en poser un très lisse sous les cuves, et un plus rugueux dans les allées, conseille-t-il. De même, dans le local à matières sèches, on peut se contenter d’un sol ciment avec une simple couche anti-poussière. » Les revêtements quartz possèdent des propriétés similaires aux résines, mais sont toutefois moins résistants à l’abrasion. Les prix de ces deux matières premières sont à peu de chose près similaires (20 à 25 euros du mètre carré), mais les premiers sont plus longs à poser.

Des résines biosourcées sont à l’étude

Ces types de revêtements sont toutefois principalement issus de la pétrochimie, et peuvent être source de relargage de composés organique volatils (COV). Le laboratoire Excell a donc créé un label « Zone Verte », pour démarquer les produits les moins impactants.

Les carrelages, qui sont également non poreux, sont quant à eux beaucoup plus onéreux. « C’est beau, mais c’est fragile, estime Denis Bonneau. L’entretien est moins facile. » Car si les carreaux se nettoient aussi bien que les résines, ils sont toutefois séparés par des joints s’encrassant davantage. Sur un bâtiment neuf, le directeur conseille d’opter pour la résine. En rénovation, ce type de matériau se pose bien également, surtout sur un sol ciment, mais nécessite un travail de préparation.

Pour l’heure, il n’existe pas de revêtement de sol qui soit biosourcé, contrairement aux peintures (voir encadré). « Nous y travaillons, assure Denis Bonneau, mais nous n’avons pas encore de piste sérieuse. On se heurte rapidement au problème de la résistance. » Des résines sans solvants existent, mais elles n’en sont pas plus naturelles. Les laboratoires de l’entreprise Unikalo planchent également sur la question. « Nous devrions pouvoir y arriver d’ici quelques années, estime Marc Roux, prescripteur de la firme. C’est une solution d’avenir. »

Des peintures biosourcées, plus respectueuses de l’environnement

La société girondine Unikalo a lancé récemment une peinture d’intérieur formulée à base de composants biosourcés. Nommée Nae, elle est disponible en couche d’impression et en finition mate ou brillante, et comprend des résines d’origine renouvelables telles que des huiles de pin. « 92 % du produit provient de ressources naturelles, affirme Marc Roux, prescripteur pour la marque. Nous ne pouvons pas atteindre 100 % à cause des siccatifs (accélérateurs de séchage et de durcissement, N.D.L.R.), mais c’est déjà une rupture par rapport à l’existant ». À défaut, les composants non biosourcés sélectionnés sont d’origine minérale. Exit donc la chimie du pétrole. « Et les caractéristiques techniques ne sont pas altérées », précise le conseiller. Le surcoût dû à l’approvisionnement durable est d’environ 20 %. En extérieur, Marc Roux préconise des peintures minérales, qui tiennent plus longtemps. Même s’il n’en existe pas encore de biosourcées, elles ne proviennent pas de la pétrochimie. La société, fortement engagée pour l’environnement, a également créé le système Kob sur ses emballages, qui réduit par dix les déchets dangereux. Un film jetable à l’intérieur du pot permet de ne souiller qu’une infime partie du plastique, et de recycler le reste.

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