Pas de décrochage pour les variétés résistantes
L’exceptionnelle pression mildiou de la campagne 2018 a été un test grandeur nature pour vérifier la résistance des variétés conçues pour résister partiellement ou totalement au mildiou. Des symptômes plus fréquents ont pu être observés mais pas d’effondrement.
L’exceptionnelle pression mildiou de la campagne 2018 a été un test grandeur nature pour vérifier la résistance des variétés conçues pour résister partiellement ou totalement au mildiou. Des symptômes plus fréquents ont pu être observés mais pas d’effondrement.
Observer le comportement de ces cépages est l’objet du réseau Oscar (Observatoire du déploiement des cépages résistants) qui depuis 2017 suit les différentes initiatives de plantation de cépages résistants dans les différents bassins de production. Les parcelles, toutes de plus de 0,2 ha, sont principalement localisées en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, deux zones qui ont connu une forte pression mildiou l’an dernier. En 2018, 69 parcelles ont été suivies. « Seulement la moitié a été notée car l’autre moitié n’a été plantée qu’en 2018 », souligne Anne-Sophie Miclot, ingénieure d’études Inra, animatrice du réseau Oscar. « À la véraison, 53 % des parcelles ne présentaient aucun symptôme. 47 % présentaient de faibles symptômes sur feuille et sur grappe. En 2017, ces mêmes parcelles présentaient très peu de symptômes sur feuille et aucun symptôme sur grappe ».
Des symptômes, mais pas de pertes
« Nous n’avons pas eu de retour sur des variétés qui se seraient effondrées complètement cette année », explique Laurent Delière, ingénieur agronome à l’Inra et coordonnateur du réseau Oscar. « Nous avons pu voir apparaître plus de symptômes sur feuilles et sur grappes mais il n’y a pas eu de pertes, alors que des parcelles voisines ont été très touchées », poursuit-il. Pour lui, ces symptômes ne sont pas liés à un contournement touchant une variété en particulier mais à l’exceptionnelle pression parasitaire de l’année.
Le plus grand nombre d’impacts est confirmé par Thierry Grimal de la chambre d’agriculture de l’Aude, pour le domaine de Cazes. « Au 22 juin, au dernier comptage, les variétés résistantes se comportaient très bien. On observait des sporulations mais limitées, avec quelques impacts sur feuilles mais peu sur grappes. Certains cépages présentaient plus ou moins de sporulations mais ils se sont toujours beaucoup mieux comportés que les témoins sensibles à zéro traitement ou deux traitements, qui eux ont été détruits. » Ce n’est pas le mildiou qui a eu finalement raison des parcelles de souvignier et de muscaris mais la grêle. « Nous avons été grêlés à 98 % le 3 juillet. Nous n’avons rien récolté et donc rien pu contrôler sur grappe », constate Thierry Grimal.
Avis d’expert : Jérémy Ducourt, responsable de la production des vignobles Ducourt (1)
« En 2018, nous n’avons pas eu de pertes sur nos cépages résistants"
En 2014, nous avons planté du cabernet jura (rouge) sur 1,7 hectare et du « Cal 6-04 » (blanc) sur 1,3 hectare. L’an dernier, les vignes ont été traitées à raison de deux applications qui encadrent la floraison au cuivre et au soufre, et d’un cuivre fin juillet en haut de feuillage. Nous n’avons constaté aucun symptôme de mildiou ou oïdium. Le mildiou essaye mais la plante réagit. Au lieu de faire tache d’huile, les cellules meurent et sèchent. On n’observe pas de repiquage avec fructification. La plante enraye ça. En 2018, nous n’avons pas eu de perte sur nos cépages résistants, contre 10 % sur nos cépages sensibles conduits en stratégie raisonnée, et 20 % sur ceux conduits en stratégie biologique. Pour le souvignier gris et le muscaris que nous avons plantés en 2018, les plants n’ont été traité qu’une fois. On a vu un peu plus de tentatives d’impact mais pas de fructification du champignon. C’est une génération de variétés résistantes classées dans les autres pays d’Europe mais plus anciennes donc moins au point. »