Diversification : la bière, le nouvel eldorado des vignerons ?
Selon le baromètre Sowine/Dynata, en 2022, la bière a détrôné le vin dans le cœur des Français. À l’heure où certains vignobles sont en crise, la brasserie apparaît comme une diversification plausible. Mais avant de se lancer, voici ce qu’il faut savoir.
Selon le baromètre Sowine/Dynata, en 2022, la bière a détrôné le vin dans le cœur des Français. À l’heure où certains vignobles sont en crise, la brasserie apparaît comme une diversification plausible. Mais avant de se lancer, voici ce qu’il faut savoir.
Un marché dynamique, une clientèle jeune, une cote d’amour en hausse. Il n’en fallait pas plus pour que le secteur de la bière attise les convoitises de vignerons. Mais avant d’imaginer de se diversifier en brassant soi-même sa bière, il est indispensable, comme pour tout projet, de réaliser une étude de marché. « Il s’agit d’investissements conséquents, prévient Jean-Baptiste Pinard, vigneron cognaçais brassant de la bière depuis plus de dix ans. Le matériel brassicole est hors de prix. Il ne faut partir sur ce créneau que si le marché local (festivals locaux, guinguettes de proximités, bars) n’est pas saturé. »
Selon lui, c’est une diversification qui fonctionne lorsque l’exploitation viticole a déjà un réseau commercial efficace et bien établi. « Si le plus gros marché pour le domaine se situe à l’exportation, il faut oublier la bière, reprend-il. La concurrence y est énorme. » « Il faut s’assurer d’avoir un réseau commercial adapté à la vente des bières parce que le marché commence à être très concurrentiel », confirme Germain Croisille, vigneron s’étant diversifié dans la bière il y a sept ans, et dont l’activité brassicole est à l’équilibre.
Une diversification plus technique qu’il n’y paraît
Autre frein, la technicité. Car même si les univers du vin et de la bière semblent proches, dans la pratique, c’est un peu plus compliqué que cela. « Il est important de se former un minimum au métier de brasseur qui est plus complexe que ce qu’il n’y paraît », conseille ainsi Germain Croisille. Et ce, « même si ce n’est qu’une seule semaine, renchérit Rémi Mouton, vigneron et brasseur dans le Gers. Je regrette de ne pas l'avoir fait, la maîtrise de la qualité de la bière est difficile. »
L’hygiène d’une brasserie doit notamment être bien plus pointue que dans un chai, sous peine de devoir jeter toute sa production. « Il faut par exemple investir dans un stérilisateur à la vapeur, qui vaut entre 3 000 et 5 000 euros », souligne Jean-Baptiste Pinard. Un sol et des revêtements de murs ad hoc sont également de mise, tout comme une séparation physique du chai. « Les levures du vin ne sont pas compatibles avec la bière, poursuit Jean-Baptiste Pinard. S’il y a la moindre contamination de levures œnologiques, il faut tout vider, tout jeter et tout désinfecter. »
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