Mirage ou eldorado ?
L’œnotourisme est-il rentable et est-il voué à un avenir florissant ? Voici quelques éléments de réponse.
L’œnotourisme est-il rentable et est-il voué à un avenir florissant ? Voici quelques éléments de réponse.
Si l’intérêt de l’œnotourisme à l’échelle des régions ou des territoires ne fait pas un pli (dynamisation de l’offre touristique, embauche de salariés ou de saisonniers, etc.), peu d’études existent sur sa rentabilité au niveau microéconomique. « Je suis un peu dubitative quant à la rentabilité de cette activité, confie France Gerbal-Médalle, d’AOC Tourisme. Le plus souvent, les vignerons vendent un peu plus par ce biais, mais aux mêmes clients. Cela leur permet d’entretenir leur clientèle, de la fidéliser et d’améliorer leur image. » Mais pour ce qui est d’être rentable, c’est une autre affaire, même si tout dépend de l’objectif initial, comme le pointe Jean-Claude Belanger, de MDT Vignobles. Si le but est de gagner en notoriété et en image, le retour sur investissement sera bon puisque l’œnotourisme est un très bon vecteur. En revanche, d’un point de vue économique, cela dépendra de l’organisation et de l’investissement de base. Car même si des aides sont disponibles pour alléger le financement de travaux, « dès lors que l’activité demande du personnel en plus, sa rentabilité n’est pas évidente, témoigne Jean-Claude Belanger. Même si cela génère davantage de ventes à la propriété. Mais ce qui est sûr, c’est que l’oenotourisme ne permet pas de devenir riche. »
Goûter le vin comme on va au musée
Des propos complétés par Marc Jonas, de l’entreprise éponyme, qui estime que nous sommes dans une ère digitale, où les œnotouristes se déplacent en TGV ou en avion, et n’ont dès lors pas beaucoup de place pour les bouteilles. Le même constat s’impose chez les backpackers, les cyclistes ou encore les motards. « Beaucoup de touristes veulent juste goûter le vin, comme ils iraient au musée, illustre-t-il. Mais je pense que cela peut être rentable, ne serait-ce que par l’amélioration du fichier client, l’envoi de newsletters, etc. » Dans le domaine des gîtes et maisons d’hôtes, « tout dépend de l’investissement de base et du marché », précise Jean-Claude Belanger. Il évalue qu’un gîte est généralement rentable à raison de 12 à 20 semaines de location par an ; des chambres d’hôtes, entre 60 et 150 nuitées par an.
De son côté, la région Languedoc estime que les projets portés par des structures agricoles ou des coopératives sont en général créateurs de richesse, de l’ordre de + 30 % de chiffre d’affaires sous trois à cinq ans. En revanche les projets portés par des collectifs public/privé (type pôle œnotouristique) sont à peine équilibrés, et ceux d’investisseurs, qui mettent en place des "vitrines" œnotouristiques, ne le sont jamais.
Quoi qu’il en soit, comme pour tout investissement, la rentabilité de l’œnotourisme est corrélée à la pérennité de l’activité dans le temps. Et donc au maintien de son attractivité auprès des touristes. Marc Jonas est persuadé que cette discipline a de beaux jours devant elle, à condition que l’offre se professionnalise. Une vision que partage Jean-Claude Belanger : « Cette activité est sur une pente ascendante, et je ne pense pas qu’il s’agisse d’une mode, analyse-t-il. Elle est basée sur la rencontre humaine, qui permet aux touristes de se ressourcer. Cela se développe partout dans le monde. Et puis, il est plus agréable d’aller acheter son vin chez le producteur qu’en grande surface. J’en suis convaincu, l’œnotourisme a de très beaux jours devant lui ! » Un optimisme que ne partage pas France Gerbal-Médalle, qui estime qu’il s’agit d’une mode. Et que lorsqu’elle déclinera, seuls les meilleurs resteront.