L’étude Valovitis confirme le potentiel des cépages oubliés pyrénéens
Les premiers résultats de l’étude franco-espagnole Valovitis sur les cépages oubliés des Pyrénées ont été présentés en avril 2019 à Fronton en Haute-Garonne. Une vingtaine de vieux cépages ont été sélectionnés comme porteurs d’avenir.
Les premiers résultats de l’étude franco-espagnole Valovitis sur les cépages oubliés des Pyrénées ont été présentés en avril 2019 à Fronton en Haute-Garonne. Une vingtaine de vieux cépages ont été sélectionnés comme porteurs d’avenir.
Valovitis (1) est un projet franco-espagnol visant l’identification, l’évaluation et la valorisation des cépages oubliés en territoire pyrénéen. La première phase a consisté à recenser des ressources génétiques de vignes en territoire pyrénéen grâce à deux sources : une plateforme en ligne accessible à tous, sur laquelle chacun pouvait signaler un pied de vigne remarquable ainsi que plusieurs longues prospections sur le terrain opérées par l’équipe scientifique. Les potentiels agronomiques, technologiques et aromatiques des cépages repérés ont été ensuite évalués afin de faire émerger ceux pouvant être proposés au catalogue officiel et redéveloppés pour être accessibles aux entreprises viticoles.
En trois ans, Valovitis a identifié pas moins de 300 variétés des deux côtés des Pyrénées. Parmi elles, 162 ont été étudiées dans le cadre du projet, engendrant 188 analyses génétiques et 265 essais de vinification. En parallèle des informations ont été recherchées sur leurs origines et leurs liens de parenté grâce aux bibliographies déjà existantes et aux banques de matériel génétique françaises et espagnoles. Ce travail a permis de conclure que 30 variétés étaient totalement inconnues. 98 cépages ont été caractérisés grâce à l'élaboration de 137 vins sur trois millésimes (2016, 2017, 2018).
Au final, 21 génotypes ont été introduits en conservatoire, et 19 variétés ont été jugées intéressantes à redéployer dans les vignobles.
Téléchargeable sur le site web du projet, le premier catalogue élaboré par l’équipe Valovitis présente 15 cépages français (12 rouges et 3 blancs) et 11 cépages espagnols (6 rouges et 5 blancs), résultats d’études à l’appui.
Une sélection en fonction des critères agronomiques d’aujourd’hui
Valovitis est « un projet ambitieux qui n’était pas gagné, mais dont les résultats sont déjà au-delà de nos espérances », s’est réjoui Olivier Yobregat, agronome à l’IFV, l’un des pilotes du projet. Il ne pensait pas qu’une centaine de photos ou signalements seraient déposés sur la plateforme, ni découvrir autant de variétés méconnues en seulement trois ans. La plateforme de signalement reste d’ailleurs ouverte.
Avec ses homologues espagnols (université de Saragosse, Cita), il a rappelé la richesse du patrimoine variétal viticole des Pyrénées et l’intérêt du projet pour permettre la réappropriation de variétés anciennes qui seraient naturellement plus adaptées aux conditions climatiques de réchauffement et plus résistantes aux maladies.
« De nombreux programmes de recherche sur des variétés résistantes sont en cours, mais cela est long et a un coût élevé, avec certains risques à la fin de contournement et mutations des gènes de résistance. La valorisation de la diversité et l’innovation variétale sont des démarches complémentaires, elles augmentent les possibilités d’adaptation », a souligné Olivier Yobregat.
Une voie de différenciation et de renouveau
Certains producteurs ont témoigné de la valeur ajoutée commerciale apportée par les anciennes variétés. Marc Penavayre du château Plaisance à Fronton, a assuré faire un « carton plein » auprès de ses clients avec la négrette punjut commercialisée plusieurs millésimes. Pour lui, les cépages autochtones contribuent à faire du Sud-Ouest un vignoble « à la mode ». Un argument également défendu par Nadine Raymond, coordinatrice R & D à la cave coopérative de Plaimont : « Alors que le vignoble de Saint-Mont était encore jugé archaïque par certains dans les années 1950, notamment avec toutes ces anciennes variétés éparpillées dans les parcelles, on peut dire que la volonté de conserver ce matériel végétal et de l’adapter aux contraintes actuelles est une force pour nos ventes. On le voit par exemple avec nos cuvées de manseng noir, qui ont tout de suite été plébiscitées par nos clients ». « Il faut capitaliser sur les pépites régionales à l’heure de la mondialisation », a résumé Christophe Bou, président de l’IVSO.
Plus d’informations sur www.valovitis.eu