Anomalies de croissance en Alsace : « Les pieds de vigne touchés ont une perte de rendement très importante »
Bernard Martin, viticulteur à Kienheim, dans le Bas-Rhin, observe des symptômes d'anomalie de croissance dans ses vignes depuis plusieurs années. Un problème qui grève ses rendements et face auquel il se trouve démuni.
Bernard Martin, viticulteur à Kienheim, dans le Bas-Rhin, observe des symptômes d'anomalie de croissance dans ses vignes depuis plusieurs années. Un problème qui grève ses rendements et face auquel il se trouve démuni.

« Nous assistons à l’apparition de symptômes sur notre domaine depuis quinze ou vingt ans. Au départ, il s’agissait de quelques pieds isolés en milieu de parcelle, nous avons pensé que c’était de l’acariose. Nous avons traité avec un acaricide mais sans résultat. Après prélève- ments, il a été confirmé qu’il ne s’agissait pas d’acariose.

Depuis, cela s’étend à des zones entières. Sur mes 18 hectares, j’ai la moitié de la surface touchée, mais pas en totalité. À chaque fois, ce sont des zones qui sont atteintes. C’est comme un foyer plus ou moins intense selon les millésimes, qui s’étend d’année en année. Nous avons les sept cépages sur l’exploitation, et tous sont touchés, dans une plus ou moins forte mesure. Le riesling et l’auxerrois ne sont par exemple pas très sensibles, à l’inverse du gewurztraminer puis du pinot blanc.
Des engrais foliaires et d’engrais au sol sans résultat significatif
D’une année sur l’autre, ce ne sont pas forcément les mêmes pieds qui sont touchés. Parfois aussi, il n’y a que la moitié du cep de malade, ou une seule arcure. Le phénomène semble moins intense lors de printemps chauds. À la taille, c’est la catastrophe, on taille ce que l’on peut. Au printemps, les entrecœurs sont très courts. À partir de juillet, ça se met à pousser normalement et ça donne des balais de sorcière qu’on n’arrive pas à palisser. Les pieds touchés ont une perte de rendement très importante et la récolte part en pourriture. Il faut beaucoup trier, c’est la croix et la bannière.
À l’heure actuelle, j’ai testé des apports d’engrais foliaires et d’engrais au sol sans résultat significatif. Avec l’ajout d’azote au sol, c’est même encore pire, le phénomène s’intensifie. C’est un peu la panique, on ne sait pas gérer. »