Oenologie
Les essais microbiologiques menés par Inter Rhône valident la filtration tangentielle
Moins de micro-organismes, une meilleure filtrabilité, peu d´impact organoleptique... La microfiltration tangentielle devance nettement la classique filtration sur kieselghur, selon Inter Rhône.
Moins de micro-organismes, une meilleure filtrabilité, peu d´impact organoleptique... La microfiltration tangentielle devance nettement la classique filtration sur kieselghur, selon Inter Rhône.
La microfiltration tangentielle serait nettement plus intéressante que la filtration sur terre, notamment pour éliminer les micro-organismes, estime Inter Rhône. L´interprofession s´attache depuis plusieurs années à optimiser la filtration pour retenir un maximum de micro-organismes sans trop dépouiller les vins d´un point de vue organoleptique. Dans plusieurs caves et sur trois millésimes, des vins bruts ont été comparés aux mêmes vins filtrés sur terre rose intermédiaire ou filtrés sur filtre tangentiel après un an d´élevage. Quatre marques de tangentiels ont nourri la comparaison, avec trois types de membranes : organiques spiralées (Sartorius), organiques creuses (Vaslin-Bucher et Seitz/Pall) et céramique (Siva).
Les résultats sont nets. « Après une seule filtration tangentielle, toutes les levures ont été éliminées et on est tombé de 100000 bactéries/ml à moins de 100 bactéries», indique Béatrice Cao-Thanh de l´Institut Rhodanien. En filtration classique, il a fallu plusieurs filtrations sur terre, suivies de deux filtrations sur membrane (à 1,2 et 0,65 microns) pour obtenir moins de 10 germes par ml. « La filtration sur terre est un peu une aberration d´un point de vue microbiologique, explique même Béatrice Cao-Thanh. Il n´est pas rare de trouver davantage de micro-organismes après une filtration sur terre que sur le vin brut, même dans des caves sensibilisées à l´hygiène. Car les terres sont très poreuses et peuvent facilement être contaminées par des micro-organismes avant utilisation. Il suffit d´un sac entamé conservé dans un coin de cave où l´air est chargé en micro-organismes.»
C. Bioteau |
Une meilleure filtrabilité des vins
Si la filtration tangentielle est si efficace, ne pourrait-on pas se passer de la filtration finale sur membrane ? « Pas si on veut une mise en bouteilles pauvre en germe, conseille Béatrice Cao-Thanh. Après la tangentielle, il reste encore 10 à 100 bactéries par ml. De plus le vin ne peut être embouteillé en continue de la filtration tangentielle, il doit d´abord être stocké dans une cuve tampon, où il risque alors d´être recontaminé. Une filtration finale sur membrane limite ces risques.»
Les essais rhodaniens ont par ailleurs confirmé la meilleure filtrabilité des vins après tangentiel. «La filtration tangentielle diminue nettement les indices de colmatage et la turbidité des vins en un seul passage, là où il faut plusieurs filtrations sur kieselghur.»
Ces indices restent faibles et stables pendant une quinzaine de jours au moins. Au-delà ils remontent. La filtration finale et l´embouteillage devront se dérouler pendant ce laps de temps.
En dégustation, aucune différence significative n´a été mise en évidence. Mais plusieurs filtrations sur terre dépouillent davantage les vins qu´une seule filtration tangentielle. «Il semblerait que la couleur diminue après des filtrations répétées sur terre, notamment sur terres blanches et sur terres roses très fines.»
Globalement, toutes les membranes, spiralées, creuses et céramique, ont donné des résultats comparables d´un point de vue microbiologique. Les membranes céramiques ont un petit avantage en filtrabilité : elles permettent de conserver un faible indice de colmatage plus longtemps que les membranes organiques. «Il est pourtant difficile de dire qu´un filtre tangentiel est meilleur qu´un autre, conclut Béatrice Cao-Thanh. Les différentes marques étaient plus ou moins efficaces suivant les vins filtrés.»