Les atouts de la certification collective en HVE
Depuis fin 2016, la certification HVE peut être gérée collectivement par une structure dite pilote. Faire partie d’un groupe ayant sa propre dynamique et mutualiser les coûts de la certification sont les avantages mis en avant par les certifiés, avant l’accompagnement technique.
Depuis fin 2016, la certification HVE peut être gérée collectivement par une structure dite pilote. Faire partie d’un groupe ayant sa propre dynamique et mutualiser les coûts de la certification sont les avantages mis en avant par les certifiés, avant l’accompagnement technique.
Coopératives, négociants, collectivités territoriales ou encore interprofessions sont autant de structures susceptibles d’accompagner collectivement une démarche de certification HVE. « En 2014, nous avons mis en place une charte paysagère environnementale qui traduit la volonté politique du syndicat d’inciter ses adhérents à prendre soin de leur environnement », expose Lucile Chedorge, en charge de la mise en application du plan stratégique environnemental du Syndicat des vignerons des côtes-du-rhône. « Après l’introduction des mesures agroenvironnementales dans le cahier des charges en 2018, le déploiement de la certification collective HVE était une évidence. » Une responsabilité que le syndicat souhaite assumer pour ne pas « perdre de vignerons en route ».
Des structures pilotes auditées tous les ans sur leur capacité à contrôler les candidats
Pour cela, le Syndicat des côtes-du-rhône doit être reconnu organisme de certification collectif par un Organisme Certificateur (OC), via un audit qui a lieu tous les ans. « Il faut que l’on démontre que l’on a verrouillé en interne une procédure pour contrôler la conformité de nos adhérents au cahier des charges HVE », expose Lucile Chedorge. Car le principe de la certification collective repose sur le fait que seule une partie des entreprises candidates sera réellement auditée par l’OC. Le syndicat fait donc appel à des prestataires préalablement agréés pour valider le niveau 1 et effectuer le pré-audit de certification des domaines candidats. Au moins une journée de formation est prévue. Tous doivent ensuite transmettre au syndicat un compte rendu en précisant si les exploitations sont certifiables ou non. « Il faut que nous ayons reçu toutes les attestations au plus tard le 31 mars pour organiser les audits avec l’OC courant juillet », pointe la chargée de mission. Il y a donc des échéances à respecter, pour des questions d’organisation. « Puis, nous élaborons un tableau consolidé à partir de l’ensemble des comptes rendus, que nous mettons à disposition de l’OC afin qu’il choisisse les exploitations qu’il souhaite auditer. »
En Nouvelle-Aquitaine, le Comité interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), certifié structure pilote depuis 2018, accompagne vers les certifications HVE et ISO 14001 à travers le Système de management environnemental (SME). Chaque demande d’adhésion entraîne l’affectation à un groupe de travail coordonné par un animateur accrédité par le CIVB. « La première année d’adhésion à la démarche SME, l’animateur réalise un audit environnemental et valide, si c’est possible, le niveau 1 de la HVE », indique Marie-Catherine Dufour, directrice technique du CIVB. Le viticulteur suit ensuite un cycle de formation d’une vingtaine de sessions axées sur HVE et ISO 14001. La mise à disposition d’un outil informatique de veille réglementaire est aussi comprise dans le cycle. Ces formations sont aussi là pour aider les participants à remplir leur grille d’autoévaluation.
Un cycle de formation d’une vingtaine de sessions au CIVB
À l’issue de cela, l’entreprise est à nouveau auditée par l’animateur afin de constater les améliorations par rapport à l’année précédente, des sollicitations pour un accompagnement individuel en cours d’année étant tout à fait possible. « Pour les exploitations uniquement viticoles, nous avons obtenu la reconnaissance du ministère d’une équivalence au niveau 2 de la certification environnementale une fois le cycle de formations achevé », se félicite la directrice technique. La troisième année, un tiers des exploitations est contrôlé, « dans une logique d’amélioration continue ». C’est l’ensemble de ce processus que l’OC contrôle chaque année pour maintenir l’agrément du CIVB en tant que structure pilote. Tous les ans avant le mois de mai, les animateurs transmettent au CIVB leur approbation pour une présentation aux certifications HVE et ISO 14001, qui a lieu chaque année sur les deux semaines à cheval entre juin et juillet. Comme dans les Côtes-du-Rhône, seule une partie de ces exploitations sera auditée par l’OC. Par la suite, ce sont les structures pilotes qui s’occupent d’organiser avec les OC les audits intermédiaires et de renouvellement. En 2020, le Syndicat des côtes-du-rhône présentera 400 dossiers à la certification, et le CIVB 350. Chacune des structures a ainsi recruté un permanent pour coordonner la démarche et un à deux CDD pour le traitement des dossiers au printemps.
Un moyen pour les caves coopératives de valoriser leurs chartes internes
Dans certaines caves coopératives, la HVE n’est pas une démarche volontaire mais bien une obligation. C’est notamment le cas à la cave de Ribeauvillé, en Alsace. " En 2001, nous avons mis en place en interne une charte obligatoire qui est très similaire aux exigences de la HVE », indique Évelyne Bleger-Cognacq, directrice technique de la coopérative. L’accompagnement technique est donc déjà existant. Accueillie à la base avec « un peu de méfiance » par la quarantaine d’adhérents, la charte leur a toutefois permis de transiter vers la HVE en douceur. « On a travaillé avec la chambre d’agriculture pour permettre à tous nos adhérents de suivre une formation pour présenter la HVE. Chaque exploitation a ensuite eu une demi-journée d’audit pour valider le niveau 1 et réaliser le pré-audit », poursuit l’œnologue. Pour elle, la HVE c’est finalement « beaucoup de formalisme et de paperasses ». Il aura fallu neuf mois à la cave de Ribeauvillé pour être reconnue organisme collectif de certification, et passer 97,4 % de ses surfaces HVE. « Pour nos adhérents, c’est la satisfaction de voir les efforts réalisés depuis vingt ans reconnus à grande échelle », se réjouit Évelyne Bleger-Cognacq.
Le partage d’expérience au cœur d’une démarche qui rassure et challenge
L’un des grands intérêts de la démarche collective concerne la mutualisation des coûts de certification. La certification coûte autour de 400 €/an avec l’accompagnement du CIVB, et environ 150 €/an pour le Syndicat des côtes-du-rhône, hors accompagnement individuel. Des tarifs supplémentaires, variables selon les structures pilotes, sont toutefois applicables en raison des frais de dossier. Mais les tarifs avantageux sont loin d’être la motivation première de la plupart de ceux qui s’engagent collectivement. « Le fait de faire partie d’un tout crée une dynamique qui donne envie d’y aller à fond. Les viticulteurs le font à la fois pour eux et pour leur vignoble », observe Lucile Chedorge. Un constat partagé par Marie-Catherine Dufour, pour qui la mixité au sein des différents groupes de travail est un réel atout pour tirer tout le monde vers le haut. « Non seulement ça rassure mais ça responsabilise, car les entreprises auditées représentent un groupe… Elles se sentent donc obligées d’être sérieuses ! »
Anthony Jaume, Domaine Jaume dans la Drôme. Certifié HVE en 2019 via la démarche collective du Syndicat général des côtes-du-rhône
"On se pose tous les mêmes questions"
« Nous avons créé notre propre démarche intitulée Vinea Natura afin de montrer à nos clients que l’on prenait des engagements pour l’environnement. Puis, courant 2018, on a appris que le syndicat était en train de monter un collectif et on s’est dit qu’il fallait rejoindre cette dynamique pour porter à grande échelle le fruit de notre travail. On a eu une réunion avec la structure pilote lors de laquelle on a repris point par point les modalités du cahier des charges. Ça nous a aussi permis de rencontrer des collègues qui partagent notre philosophie et d’échanger sur nos méthodes de travail respectives, car finalement on se pose tous les mêmes questions. En termes de coût, nous n’avons pas eu à changer grand chose dans nos pratiques donc ils sont assez réduits. Nous avons payé 1 200 € de frais de dossier puis 150 €/an pendant 3 ans. Pour le moment, d’autres démarches comme le « zéro résidu de pesticides » sont plus rassurantes que la HVE pour le consommateur, mais nous sommes confiants sur l’avenir de cette certification. Plus on sera nombreux à s’engager, plus la reconnaissance viendra rapidement. »
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