Le crémant de Bourgogne veut aboutir sur la revendication des lieux-dits
Depuis 2011, le crémant de bourgogne réclame auprès de l’Inao la possibilité de pouvoir revendiquer des lieux-dits sur ses étiquettes. L’impatience grandit au sein de l’Union des producteurs et élaborateurs de crémant de bourgogne.
Depuis 2011, le crémant de bourgogne réclame auprès de l’Inao la possibilité de pouvoir revendiquer des lieux-dits sur ses étiquettes. L’impatience grandit au sein de l’Union des producteurs et élaborateurs de crémant de bourgogne.
La possibilité de revendiquer des lieux-dits sur les étiquettes de crémants de bourgogne est une priorité pour l’Union des producteurs et élaborateurs de crémant de bourgogne (UPECB). Son délégué général, Pierre du Couëdic, en témoignait lors d’une dégustation professionnelle organisée à Paris, le 14 décembre. Ce souhait remonte à dix ans et il devient pressant alors que l’appellation cherche à toujours mieux valoriser ses vins et capitaliser sur son origine bourguignonne.
La demande attend une réponse ferme depuis 10 ans
« En 2011, l’Union européenne autorisait pour tous les vins la possibilité de revendiquer un lieu-dit ou un terroir à condition que ça soit inscrit dans le cahier des charges », détaille Pierre du Couëdic. « En 2012, la France a réformé l’étiquetage des vins. Nous pensions que cette phrase allait être intégrée dans le cahier des charges conformément à notre souhait et ça n’a pas été le cas », poursuit-il.
Par la suite, le champagne et le crémant de loire ont obtenu cette possibilité mais pas le crémant de bourgogne. « La revendication des lieux dits, c’est l’histoire de la Bourgogne. Au début du XIXe siècle, on produisait des vins effervescents avec des noms de terroirs et de lieux-dits. A la deuxième guerre mondiale tout s’est arrêté. On veut renouer avec notre histoire », plaide Pierre du Couëdic.
Il a existé des pommards mousseux et des volnays mousseux
Guillaume Grillon, l’un des historiens ayant travaillé sur l’histoire des vins effervescents de Bourgogne pour l’UPECB, confirme que les Bourguignons se sont lancés dans la production de vins mousseux au début du XIXe siècle, alors qu’ils étaient réputés pour leurs vins tranquilles issus de terroirs spécifiques. Ils ont donc appliqué la même logique à leurs effervescents. « Au milieu du 19e siècle sont ainsi commercialisées des bouteilles de « pommard mousseux », de « volnay mousseux », de « chambertin mousseux » ou encore de « clos-de-vougeot mousseux », illustre le docteur en histoire dans Eminent, une publication de l'UPECB.
En juin dernier, l’UPECB a relancé l’Inao sur ce sujet. L’institution a temporisé en évoquant une période de mise en place de nouveaux comités.
L’histoire appelée en renfort pour argumenter
« Nous avons prévenu l’Inao que l’on continuait à collaborer avec eux sur le dossier mais que nous allions étudier les voies de justice s’il fallait les astreindre à donner une réponse », confie Pierre du Couëdic.
Les élaborateurs et producteurs de crémant de bourgogne attendent une réponse claire. « Si c’est oui, on aura perdu 10 ans mais on pourra enfin avancer. Si c’est non, nous avons des arguments historiques et réglementaires pour contester la décision », prévient le délégué général.
En attendant, les historiens missionnés par l’UPECB continuent leur travail. Après un premier rapport ayant porté sur le 19e siècle et la première moitié du 20e siècle, ils explorent maintenant la période 1945-1970, afin de continuer à affûter les arguments.
Un bilan contrasté sur la segmentation Eminent/Grand Eminent
Après 6 ans de mise en place de la segmentation de l’offre avec les labels Eminent et Grand Eminent, l’UPECB esquisse un premier bilan. Selon Pierre du Couëdic, délégué général de l’UPECB, 30 maisons l’utilisent. Le label Eminent pèse 8 000 hectolitres annuels et Grand Eminent, 500 hectolitres.
« En positif, ça a émancipé les opérateurs », détaille le délégué général. Pour le label Grand Eminent, il constate qu’il a contribué à élargir les gammes avec l’ajout de produits premium. Ces cuvées s’appuient notamment sur la singularité de la Bourgogne en isolant des terroirs et des lieux-dits. La segmentation Eminent semble avoir en revanche peu d’impact par rapport aux cuvées spéciales vendues autour de 12-15 euros.