Dépérissements de la vigne : découvertes en cascade
Le PNDV (Plan national dépérissement du vignoble) Tour s’est réuni à Paris le 30 octobre. L’occasion de faire le point sur les dernières avancées concernant les dépérissements de la vigne.
Le PNDV (Plan national dépérissement du vignoble) Tour s’est réuni à Paris le 30 octobre. L’occasion de faire le point sur les dernières avancées concernant les dépérissements de la vigne.
Des cépages peu sensibles à la flavescence
Avant de lancer l’opus 3 du PNDV, les intervenants du Tour sont revenus sur les derniers résultats de recherche du PNDV (Plan national dépérissement du vignoble) 2. Sandrine Eveillard, de l’Inrae de Bordeaux a débuté par un focus sur la flavescence dorée, notamment sur ses travaux effectués sur le matériel végétal. « Nous avons cherché des sources de moindre sensibilité sur les cépages », a-t-elle introduit. Ce qui a permis de mettre en évidence un déterminisme génétique. La magdeleine noire des Charentes et le merlot sont par exemple moins sensibles à la maladie ; ils sont « intrinsèquement résistants », a expliqué la chercheuse.
Autre avancée, la découverte d’une moindre sensibilité dans la famille de la mondeuse blanche. Une caractéristique encore à confirmer mais qui ouvre quelques perspectives et pourrait à terme permettre d’identifier des marqueurs génétiques liés à la moindre sensibilité. « Cela pourrait aussi aider au choix de plantation », a suggéré Sandrine Eveillard. La chercheuse travaille également à l’élaboration de cartes de risque de la maladie sous la forme d’un OAD, en croisant les données de prospection des différents territoires et des scénarios d’évolutions épidémiques établis grâce à des suivis pieds à pieds à l’échelle de différentes parcelles. « Mais il faut encore affiner ces modèles », a indiqué la chercheuse.
La fertilisation azotée favorise l’esca
De son côté, Chloé Delmas, de l’Inrae de Bordeaux, a communiqué les principaux résultats de la thèse de Ninon Dell’Acqua sur les capacités de résilience de la vigne suite à une expression d’esca. La thésarde a notamment découvert qu’un déficit azoté conduit à moins de symptômes foliaires. « Une moindre fertilisation azotée limite la surface foliaire et donc la surface de transpiration », a décrypté la chercheuse.
Par ailleurs, les scientifiques ont mis en exergue une sensibilité variétale à la maladie (voir les deux graphiques) et établi le fait qu’en contexte de sécheresse, une vigne touchée par l’esca sera moins sensible à la contrainte hydrique. « Dans les zones sèches, il peut donc être intéressant de planter les cépages les plus sensibles à l’esca », en a déduit Chloé Delmas. Enfin, l’âge a un effet crucial, avec un pic des expressions de la maladie entre 9 et 24 ans.
Jusqu’à 57 % de rendement en moins avec le GPGV
Guillaume Mathieu, de l’IFV, est ensuite intervenu pour faire le point sur le GPGV (Grapevine Pinot Gris Virus). « Le virus est présent sur tout le territoire, avec des transmissions parfois très rapides », a-t-il résumé. Il est transmis par Colomerus vitis, l’acarien vecteur de l’érinose, « mais la vitesse de contamination peut laisser supposer qu’il y a d’autres vecteurs pas encore identifiés », a-t-il poursuivi. Cette maladie est de plus en plus préoccupante, avec de nombreux signalements sur vermentino dans le Sud et sur ugni blanc en Charentes. La maladie peut causer des pertes de rendements allant jusqu’à -57 %.
Un clone résistant au court noué identifié
Autre avancée : les chercheurs ont mis en évidence la résistance génétique du clone 49 du riesling au Grapevine fan leaf virus (GFLV), le virus le plus fréquent du court noué. « Il s’agit de l’unique résistance génétique au court noué mise en évidence, a insisté Jean-Philippe Gervais, directeur du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). C’est un facteur génétique récessif. » Le projet Resist aura donc pour buts d’identifier les gènes sous-jacents à ce facteur de résistance rgflv1, notamment via la technique Crispr/Cas 9.
Identification de nouveaux virus de la vigne
De son côté, Olivier Lemaire, directeur de recherches à l’Inrae de Colmar, est revenu sur ses travaux utilisant le séquençage à haut débit. Une technique qui a notamment permis d’identifier de nouveaux virus – dont le premier virus ADN connu –, comme le grapevine foveavirus A, le vitis cryptic virus, ou encore le grapevine pararetrovirus.