Coup de frein sur les ventes de vignes en 2023
Dans un contexte global de crise, le marché des terres viticoles a vu son nombre de transactions baisser en 2023, tandis que moins d’hectares ont changé de mains. Mais sous les moyennes se cachent des évolutions plus contrastées.
Dans un contexte global de crise, le marché des terres viticoles a vu son nombre de transactions baisser en 2023, tandis que moins d’hectares ont changé de mains. Mais sous les moyennes se cachent des évolutions plus contrastées.
En 2023, 8 770 transactions de vignes ont été enregistrées, selon le bilan Le Prix des terres 2023 de la fédération nationale des Safer. C’est 7,6 % de moins qu’en 2022. Le nombre d’hectares échangés est également en recul avec un total de 16 000 hectares soit - 12,8 %.
Les transactions reflètent la crise viticole
« Le repli en surface est lié au décrochage du bassin Bordeaux-Aquitaine (-24,3 %) qui retrouve le niveau de l’année 2000, et de la Vallée-du-Rhône-Provence (-18,7 %) », commente la Safer.
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Dans ces deux bassins, au total 1300 hectares de moins se sont échangés en 2023 par rapport à 2022. Même tendance pour le nombre de transactions.
Le vignoble de Charentes-Cognac, affecté en 2023 par un recul brutal des exportations, prend aussi sa part dans le mouvement de repli. Les transactions y ont reculé de 17,9 % et les surfaces échangées de 9,2 %.
En valeur, la dynamique reste globalement positive avec 15,8 % de croissance du prix des vignes mais la Safer y voit l’effet de « quelques ventes exceptionnelles » situées dans les bassins viticoles Vallée-du-Rhône-Provence, Bordeaux-Aquitaine ou Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura.
Les rouges génériques fortement touchés
Le prix moyen de l’hectare de vigne en AOP bordeaux rouge passe sous la barre des 10 000 euros l’hectare à 9 000 euros (- 14 % en un an).
L’évolution des AOP côtes-du-rhône illustre également l'impact de la crise avec les - 33 % en valeur à l'hectare vendu des côtes du rhône ardéchoises, ou encore les - 19 % des côtes du rhône gardoises.
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Dans le Bordelais, la baisse des prix à l’hectare ne se limite pas aux génériques mais touche également des appellations comme saint-émilion (- 10 %), ou encore pessac-léognan (- 10 %) ou médoc (- 29 %) .
On note aussi en Val-de-Loire-Centre le recul de la valorisation des vignes en AOP bourgueil (- 14 %) ou dans le Sud-Ouest, de celles en AOP cahors (- 10 %).
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Mais certaines appellations rouges continuent de bien se valoriser par exemple chateauneuf-du-pape (+ 2 %), pic-saint-loup (+ 4 %), saint-joseph (+ 17 %) ou encore côte-de-beaune rouge (+ 8 %).
Une tendance plus positive pour les surfaces de vins blancs
Le contexte est plus favorable pour les vins blancs. Ainsi les hectares de vignes échangés en AOP bordeaux blanc progressent de 14 % pour atteindre 12 000 euros l'hectare et ceux en AOP bergerac blanc de 6 %. Bonne dynamique en Languedoc-Roussillon pour l'AOP picpoul-de-pinet (+ 6 %) ou encore pour les appellations jurassiennes côtes-du-jura et l'étoile (+ 17 %).
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Aucun repli constaté en Bourgogne où, par exemple, les surfaces de bourgognes premier cru blancs continuent de s’envoler à + 13 % et 2 250 000 euros l’hectare.
Prudence en Champagne
Le prix moyen de l'hectare de vignes en AOP champagne progresse globalement (+ 2,3 %) mais cette évolution se constate dans l'Aube et pas dans la Marne. "La diminution des ventes de Champagne y incite les opérateurs à une certaine prudence, après deux années d'euphorie commerciale", estime la Safer. Le prix moyen à l'hectare s'établit à 1 090 100 euros en 2023. Sur la base de ce prix, la Safer calcule que l'AOP champagne cumule à elle seule la moitié de la valorisation patrimoine foncier viticole AOP français en 2023, pour une surface plantée de 7 % du vignoble.
Un recul quel que soit le type d'acheteur
Qui achète ? Tous les types d’acquéreurs reculent en effectif, la palme revenant aux "personnes physiques agricoles fermiers en place" ( - 18,4 %) mais qui ne représentent que 8,4 % des acquéreurs en 2023.
La Safer note que les achats des sociétés d'exploitation résistent mieux que ceux des viticulteurs pour ce qui est de la valeur des terres viticoles. La valorisation des vignes acquises progresse ainsi de 116 % pour les "sociétés d’exploitation agricole fermiers en place", de 16,8 % pour les "sociétés d’exploitation agricole non fermiers en place". Hausse également pour la valeur des acquisitions des "personnes morales non agricoles" (+ 36,2 %).
En se plaçant dans une perspective plus longue, la Safer souligne que "depuis 2012, les acquisitions des sociétés de portage du foncier ont été multipliées par 1,9 en nombre et 2 en surface".