Attention aux consommations énergétiques durant la malo
Le projet Bénéfice mené en Bourgogne vise à quantifier les dépenses énergétiques au chai, en vue de les réduire. La malo ressort comme étant l’opération la plus énergivore.
Le projet Bénéfice mené en Bourgogne vise à quantifier les dépenses énergétiques au chai, en vue de les réduire. La malo ressort comme étant l’opération la plus énergivore.
On le voit avec la guerre en Ukraine et avec le changement climatique, l’énergie est un enjeu crucial pour notre société contemporaine. Et le sujet ne va cesser de prendre de l’ampleur au fil des prochaines semaines. La maîtrise de nos consommations, et donc leur connaissance, est indispensable.
Conscient de ce fait, le Vinipôle Sud Bourgogne s’est lancé dans la modélisation des consommations énergétiques au chai. Dans le cadre du projet Bénéfice, il a développé un calculateur afin d’estimer ces dépenses lors des différentes étapes de la vinification. Pour ce faire, les chercheurs se sont basés sur le calcul des flux au niveau d’une cuve, en renseignant l’énergie apportée à la cuve d’une part, et l’énergie perdue ou transférée d’autre part, la température du chai, de la cuve, la forme de la cuve, le déroulement de la fermentation alcoolique (FA), etc.
La malo, poste le plus glouton au chai
Ce calculateur a été testé sur trois domaines, où il a montré « sa cohérence même si les consommations sont pour le moment sous-estimées », rapporte Thomas Canonier, conseiller viticole du Vinipôle. Sans surprise, la fermentation malo-lactique (FML) est ressortie comme étant, et de loin, l’opération la plus énergivore. Surtout lorsqu’elle est thermopilotée avec un maintien des cuves entre 18 et 20 °C. Sur l’une des exploitations particulières du sud mâconnais auditée, qui vinifie en blanc principalement, la dépense a été évaluée à environ 8 000 kWh sur toute la cave. Deuxième poste avec 3 000 kWh, le maintien en cuve entre 10 et 14 °C est lui aussi un gros gouffre.
Vient ensuite la FA, avec 2 000 kWh toujours pour ce même domaine bourguignon. « La gestion du froid et de la thermorégulation peut être perçue comme un investissement en début de vinification (vendanges et démarrage de la FA), mais qui sera valorisé par la suite, nuance le conseiller. De même, des FA à basse température (entre 10 et 12 °C) et longue durée peuvent être envisagées pour réduire les besoins énergétiques. » Le stockage en bouteille entre 10 et 14 °C a consommé environ 1 000 kWh, la stabilisation tartrique 600 kWh et le chauffage ou refroidissement des moûts avant FA 500 kWh.
Étudier l’impact d’opérations œnologiques
Pour aller plus loin dans cette analyse des consommations, et affiner le calculateur, le Vitilab (voir sous-papier) travaille sur un boîtier, visant à monitorer les consommations d’énergie au chai. La Vinibox devra étudier les dynamiques de fermentation alcoolique et les consommations à la cave. Actuellement encore au stade de prototype, cet instrument sera disposé dans le chai à raison d’un par cuve et un pour « l’ambiance ». « Mais pour l’instant, nous butons sur l’automatisation de la prise de densité », regrette Thomas Canonier. Il pointe néanmoins que des solutions semblent se développer sur le sujet.
Le conseiller viticole envisage également de tester l’impact de certaines pratiques, telles que l’enzymage ou des variations de température au débourbage, sur les réductions de consommations d’énergie.
De son côté, le Vitilab essaie aussi de mettre au point des boucles ampèremétriques, afin de déterminer précisément la consommation de chaque appareil au chai, que ce soit une pompe, un pressoir, ou encore un filtre. De là à imaginer des étiquettes énergétiques, à l’instar de ce qui se fait pour l’électroménager ou même pour les pulvérisateurs, il n’y a qu’un pas !
Le Vitilab fourmille de projets
Lancé à l’été 2021 et niché dans des containers maritimes décorés par un grapheur, le Vitilab est un tiers lieu d’expérimentation dédié à la viticulture et à l’œnologie. Adossé au Vinipôle Sud Bourgogne, il abrite des équipements de pointe, tels qu’un ordinateur dédié à la conception 3D, un matériel de découpe laser, un scanner 3 D, une imprimante 3D, ou encore une fraiseuse numérique. Ce qui permet à l’équipe de travailler sur des projets innovants, comme la création d’outils connectés pour une météo au sein de la parcelle.
« Notre but n’est pas de faire ce que Weenat et Sencrop font très bien, débute Guillaume Paire, animateur du Vitilab. Mais nous souhaitons que les viticulteurs puissent avoir des données au plus près de la vigne avec de petits capteurs. » Avec son équipe, il travaille donc à la conception d’une petite station météo s’installant sur le fil de palissage via une encoche. Cet objet connecté comporte un micro-contrôleur, un micro-processeur, une mémoire flash, une batterie, des capteurs (température et hygrométrie), une antenne, du Bluetooth et du LoRa. Le tout est logé à l’intérieur d’un boîtier blanc créé par imprimante 3D.
Et cerise sur le gâteau, il sera réalisable par les viticulteurs eux-mêmes. « J’espère pouvoir organiser des formations avec des vignerons dès cet automne, avance Guillaume Paire, afin qu’on leur apprenne comment créer cet objet connecté. » Le Vitilab fournira aux vignerons la liste des composants nécessaires, le schéma du montage, ainsi qu’un boîtier déjà imprimé. L’objectif est que le petit module revienne environ à 40 euros.
Le Vitilab s’intéresse également à la récolte. « Nous travaillons sur un OAD récolte, poursuit Guillaume Paire. Le but est d’anticiper la maturité en compilant des analyses à la parcelle, les données météo et notre modèle, afin d’affiner les prévisions de dates de vendange. » Il devait lui aussi faire l’objet de tests cette année.
Enfin, en 2021, le Vitilab a pu tester le Traxx, « un robot qui travaille bien les sols », témoigne Guillaume Paire. Il a constaté que cet outil provoque peu de tassements du sol et dispose d’une bonne capacité de franchissement. Les outils de travail du sol ont montré une bonne efficacité, avec un montage simple mais le Vitilab a pointé le fait que les porte-outils sont perfectibles. La prise en main en mode autonome a été jugée aisée, l’interface simple et ergonomique. Lors de la prise en main manuelle de la machine, la direction s’est avérée un peu lente. Niveau consommation, l’animateur n’a pas vu de différence avec un enjambeur.