AgroParisTech : vente choc du domaine de Grignon au promoteur immobilier Altarea
L’appel à projet pour la reprise du domaine de Grignon, abritant l’école AgroParisTech, vient d’être remporté par le premier développeur immobilier de France Altarea. Anciens élèves et élus locaux expriment leur colère.
L’appel à projet pour la reprise du domaine de Grignon, abritant l’école AgroParisTech, vient d’être remporté par le premier développeur immobilier de France Altarea. Anciens élèves et élus locaux expriment leur colère.
[Mis à jour le 15 novembre 2021, avec l'annonce de l'annulation de la vente]
Messi aurait pu fouler ses hectares de pelouses, mais le domaine de Grignon (abritant l’école AgroParisTech), un temps convoité par le PSG, vient finalement d’être attribué par l’Etat au groupe Altarea. Le premier développeur immobilier de France a été désigné comme lauréat de l’appel à projet lancé pour l’avenir du Domaine de Grignon, dans les Yvelines, en vue du départ de l’Ecole d’ingénieurs AgroParisTech pour le plateau scientifique de Saclay.
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Dans un communiqué, le groupe affirme être « porteur d’un projet respectueux de l’environnement naturel et du patrimoine du site » et « de son bâti ». Le promoteur assure mener « une action coordonnée avec les collectivités pour protéger ses 275 hectares d’espaces naturels, pour rendre la forêt accessible au public et créer un sanctuaire écologique propice au développement de la biodiversité ». Il promet aussi « la poursuite de l’exploitation des terres agricoles » du domaine par la Ferme de Grignon ou encore d’organiser plusieurs initiatives de découverte du monde naturel et agricole.
Programmes résidentiel et touristique
Pour autant le domaine devrait se voir profondément modifié. Altarea annonce la réhabilitation du château en un campus de séminaires, la constitution d’un pôle de développement économique tourné vers l’agriculture et l’alimentation durable, mais aussi « une programmation résidentielle », au sein de bâtiments existants et de nouvelles constructions, et « une programmation touristique » avec un pôle gastronomique porté par un chef étoilé.
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Des promesses qui ne satisfont pas l’association Patrimoine AgroParisTech-Grignon 2000 regroupant de nombreux anciens élèves d’AgroParisTech et des « amis de Grignon » qui avait présenté avec la communauté de communes Cœur d’Yvelines un projet alternatif (Grignon 2026).
Lire mise à jour : « La vente de Grignon n’est plus nécessaire à l’Etat »
« L’Etat brade Grignon et reste sourd à un projet d’intérêt général »
« Au cœur de l’été, l’Etat brade Grignon et reste sourd à un projet d’intérêt général concernant le changement climatique », déclare l’association dans un communiqué. « L’Etat nie la compétence des collectivités territoriales à gérer le développement de leur territoire et préfère détruite deux siècles d’histoire et d’actifs scientifiques d’une valeur inestimable au profit d’un promoteur qui saura faire son métier : acheter du foncier à un prix dérisoire et le vendre par lot au prix fort », déplore l’association qui rappelle avoir obtenu le soutien de Nadine Gohard, la maire de la commune de Thiverval-Grignon, sur laquelle se situe le domaine.
Vers une nouvelle mobilisation à la rentrée
Mathieu Baron, délégué général de Patrimoine AgroParisTech-Grignon 2000, confie à Reussir.fr que l’association peut contester la décision pendant deux mois au tribunal administratif. « Nous sommes en train d’examiner les recours possibles. Notre communauté est stupéfaite, nous pensons organiser une nouvelle mobilisation à la rentrée » poursuit-il.
Mise à jour : Une manifestation contre la vente de Grignon le 11 septembre
L'association évoque la rumeur d'une offre à 13,9 millions d'euros de la part d'Altarea contre 13 millions proposés dans le cadre du projet Grignon 2026. Contacté par nos souhaits, Altarea n'a pas souhaité commenter ce chiffre, indiquant ne "jamais communiquer sur les montants de ses opérations".
«Un déni de démocratie» : les élus furieux du rachat du domaine de Grignon par un promoteur immobilier
— Le Parisien | 78 (@leparisien_78) August 12, 2021
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Pour rappel, cette année, de la mi-mars à début avril, une centaine d'étudiants avaient bloqué le campus de Thiverval-Grignon pour protester contre la vente du site, alors que les offres de rachat ont été déposées le 26 mars.
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Sophie Primas, sénatrice des Yvelines, a annoncé hier sur twitter avoir saisi avec le président du Sénat Gérard Larcher les ministères concernés (Julien Denormandie, Bruno Le Maire et Olivier Dussopt) pour demander un réexamen de cette décision avec les élus locaux. Et de dénoncer « une décision prise sans aucune concertation avec les élus et qui propose d’artificialiser des terres, alors que nous venons de voter la loi Climat qui vise à en limiter la consommation ! ».
Le President @gerard_larcher et moi même avons saisi les ministères concernés pour demander un réexamen de cette décision AVEC les élus locaux. @J_Denormandie @BrunoLeMaire @olivierdussopt
— Sophie Primas (@sophieprimas) August 11, 2021