Pourquoi les étudiants d'AgroParisTech bloquent-ils le site de Grignon ?
Dans la nuit du 15 au 16 mars, les étudiants d'AgroParisTech ont décidé d'organiser un blocage du site de Grignon en réaction à la vente imminente de leur campus. Mis en vente par l'Etat, le domaine situé dans les Yvelines risque d'être privatisé au grand dam des étudiants et des enseignants-chercheurs.
Dans la nuit du 15 au 16 mars, les étudiants d'AgroParisTech ont décidé d'organiser un blocage du site de Grignon en réaction à la vente imminente de leur campus. Mis en vente par l'Etat, le domaine situé dans les Yvelines risque d'être privatisé au grand dam des étudiants et des enseignants-chercheurs.
Alors que le déménagement sur le plateau de Saclay de l’ensemble des campus franciliens d’AgroParisTech (APT) est acté depuis 2015, la vente imminente du domaine de Grignon a provoqué le soulèvement des élèves, avec un blocage du site depuis le 16 mars. Haut lieu de l'enseignement agronomique depuis près de 200 ans, le site de Grignon abrite les étudiants en première année du cursus AgroParisTech. En plus de son château du XVIe siècle et de ses autres bâtiments historiques, le parc de l’école présente des écosystèmes forestiers et des zones humides à valeur écologique importante. Un domaine de 291 hectares à seulement une quarantaine de kilomètres de Paris qui attire donc de nombreux investisseurs immobiliers.
[Mis à jour] Vente choc de Grignon au promoteur immobilier Altarea
Parmi les quatre derniers acquéreurs potentiels, figurent Vinci, Altarea Cogedim et un promoteur immobilier travaillant pour la mairie de Paris projettent d'urbaniser le domaine par la création de logements du site. Seul le projet Grignon 2026 porté par d’anciens élèves de l’école prendrait en compte la transition écologique et le passé agronomique du domaine. D'après les étudiants, le mouvement n'a pas été initié pour soutenir ce projet mais pour imposer ce qu'ils veulent pour Grignon et ce qu'ils ne veulent pas. La lutte va au delà d'un projet déjà construit. Au sein du même du campus, les avis sur Grignon 2026 divergent.
Alors que les conditions de la vente sont de plus en plus floues, les étudiants réclament un entretien avec le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, ancien élève de l’école. L'objectif de cet entretien : s'assurer que le domaine ne tombera pas entre les mains d'un quelconque promoteur immobilier.
Droit de réponse
Réactions d'étudiants qui participent au blocage de Grignon
Que reprochez-vous à la vente de Grignon ?
"La vente se fait sans aucune concertation avec les élèves depuis 2015. Enseignants-chercheurs, personnels et étudiants ne font pas entendre leur voix et les conditions de vente sont opaques. Plus nous avançons dans nos recherches, plus il semble clair que des promoteurs immobiliers gagneront la vente, signifiant la perte d’un patrimoine agronomique, pédagogique et scientifique. D’autre part, le site accueille depuis 200 ans des étudiants voulant se former aux techniques agronomiques de pointe, nous sommes donc viscéralement attachés au campus".
Pourquoi avoir choisi un blocage du site pour manifester votre mécontentement ?
"Après le 26 mars, on ne sait pas si le processus de vente peut être interrompu. De plus, des formes plus classiques de mobilisation étudiante (manifestations, boycotts d’examens, occupations de site) ont déjà été mises en place en 2018 et se sont soldées par des échecs. Devant l’urgence de la situation et la mauvaise volonté de notre ministère de tutelle, le blocage nous est apparu comme la situation la plus appropriée".
Qu’attendez-vous de l’administration de votre école et de l’Etat ?
"Nos revendications incluent l’interruption du processus de vente pour permettre de prendre enfin en compte le point de vue des étudiants et du personnel d’APT sur l’avenir du site de Grignon. Pour se faire, nous souhaitons un entretien avec le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, seul interlocuteur apte à accéder à ces demandes. Nous espérons qu’ayant lui-même profité du site de Grignon pendant sa formation d’ingénieur agronome, il se montrera sensible à notre mobilisation"