Aller au contenu principal

Un antiparasitaire injectable pour les petits ruminants

Enfin les éleveurs de petits ruminants disposent d’un traitement injectable pour traiter leurs animaux contre les parasites gastro-intestinaux.

Depuis mi-novembre, les éleveurs ovins et caprins ont enfin à leur disposition un traitement contre le parasitisme gastro-intestinal en solution injectable. Alors que ce traitement existe en bovin depuis 2015, éleveurs, vétérinaires et laboratoires ont travaillé dur pour obtenir la fameuse autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la version adaptée aux petits ruminants. Ceva, laboratoire français basé à Libourne (Gironde) a obtenu le Graal pour son Eprecis injectable. « Ce traitement est d’autant plus appréciable pour les producteurs de lait car il n’y a pas de délai d’attente, explique Romain Persicot, spécialiste ruminants chez Ceva. L’éleveur peut donc traiter ses brebis et continuer à traire en même temps ».

Plus efficace et moins de risque de résistance

Ce traitement injectable était d’autant plus attendu que le seul moyen médicamenteux de lutte contre ces parasites était l’application en pour-on (sur la peau). Or le pour-on avait montré ses limites et ses faiblesses. « Pour espérer un minimum d’efficacité, il faut appliquer près de cinq fois la dose recommandée », argumente Romain Persicot. La laine empêche la bonne absorption du produit par la peau, les brebis se lèchent entre elles, amenant des risques de sous-exposition à la molécule et donc des risques d’apparition de résistance. Avec l’Eprecis injectable, le calendrier de traitement n’est pas modifié, il s’agit toujours d’un traitement préventif, donc à administrer avant la mise à l’herbe. « Ceva a tenu à ce que le tarif s’aligne à la solution en pour-on », ajoute le spécialiste du laboratoire libournais.

L’éprinomectine, l’endectocide à la mode

L’éprinomectine est une molécule utilisée dans la lutte contre les endoparasites tels que les strongles. Son avantage sur les autres molécules de ce type est sa faible excrétion lactée qui la rend attractive pour les producteurs laitiers. L’éprinomectine tue les parasites en les faisant mourir de faim, ce qui explique le temps de contact nécessaire relativement long d’où la meilleure efficacité de la forme injectable. Celle-ci est par ailleurs à privilégier du point de vue environnemental car la molécule est écotoxique pour les organismes aquatiques et coprophages. En voie injectable, l’éprinomectine se retrouve donc moins dans l’environnement qu’en pour-on ou qu’en voie orale.

Stratégie de lutte pour contrer les infestations

Le traitement injectable est un moyen appréciable pour la lutte contre les parasites gastro-intestinaux mais rappelons que le parasitisme doit être abordé selon une stratégie globale du système d’élevage. Lors des journées sur la gestion raisonnée du parasitisme, organisées sur le mois d’octobre par le laboratoire Ceva, les spécialistes (vétérinaires, chercheurs…) ont présenté les moyens de lutte possibles.

Le respect des doses est primordial

Lors de l’arrivée de nouveaux adultes sur le troupeau, ceux-ci doivent absolument être placés en quarantaine afin d’éviter toute contamination venant de l’extérieur. Par ailleurs, le pâturage doit être géré le plus précisément possible. « Faire des rotations longues, voire rentrer les brebis en bergerie permet de créer une rupture au pâturage qui va casser le cycle parasitaire », explique Philippe Jacquiet. Le vétérinaire, chercheur en parasitologie à l’École vétérinaire de Toulouse, rappelle aussi que le pâturage mixte ovin/bovin peut être intéressant mais doit être bien réfléchi. Il rappelle également l’intérêt de l’implantation de plantes à tanins, naturellement anthelmintiques, dans les parcelles de pâturage.

Enfin et pas des moindres, il est absolument nécessaire de respecter les doses recommandées de traitement, sans quoi la sous-exposition à la molécule expose l’animal à l’apparition de résistances parasitaires.

Les plus lus

Agneaux à l'engraissement en Afrique du Sud
De l’intérêt des levures dans la ration des brebis et des agneaux
Le fabricant de levures Lallemand présentait une série d’études confirmant l’intérêt de l’ajout de levures vivantes dans la…
<em class="placeholder">Mathilde Poulet</em>
« Je travaille comme technico-commerciale avant de m’installer en élevage ovin »
Prendre son temps pour construire un projet viable et profiter de l’expérience du terrain en amont, voilà les objectifs de…
<em class="placeholder">Florent et Charles Souyris et Philippe Galtier, Gaec de Cuzomes</em>
Aveyron - « Nous avons investi pour travailler 35 heures par semaine dans notre élevage ovin »
Dans l’Aveyron, les trois associés du Gaec de Cuzomes montrent comment ils ont optimisé la productivité du travail et la…
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis
« Nous devons nous réapproprier la mort de nos animaux »
Manon Fleuroux élève un troupeau de 60 brebis à Montréal dans l’Aude et est engagée dans la création d’un abattoir mobile. Suivie…
Samuel Bulot, président de l’Institut de l’élevage.
« L’Institut de l’élevage doit venir dans les cours des fermes »
Samuel Bulot a été élu président de l’Institut de l’élevage le 13 juin. Éleveur laitier bio en Côte-d’Or, il mesure l’…
Ludovic Gilbert et Théo Haller
"Reprendre la ferme de papy, du rêve à la réalité"
Depuis son enfance, Théo Haller a rêvé de reprendre l’exploitation de son grand-père maternel décédé lorsqu’il avait dix ans,…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Pâtre
Consultez les revues Réussir Pâtre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Pâtre