Des vidéos d’archives INA montrent l’évolution des agricultrices dans les années 60-70-80-90
Un quart des chefs d’exploitation ou co-exploitants sont des femmes. Elles n’étaient que 8% seulement en 1970. Des vidéos INA retracent l’évolution de la femme au sein du monde agricole et rural.
Un quart des chefs d’exploitation ou co-exploitants sont des femmes. Elles n’étaient que 8% seulement en 1970. Des vidéos INA retracent l’évolution de la femme au sein du monde agricole et rural.
Années 60 : deux journées en une
Une première vidéo de 1961 montre les questions du monde agricole sur le statut des agricultrices. Les femmes réalisaient deux journées en une sans se poser de question. Mais le journaliste indique « les jeunes filles ne semblent pas enchantées des conditions faites à leur mère ».
"D’abord être mère et rester féminines"
Une seconde vidéo de 1961 retrace la journée type d’une agricultrice. De 6h30 à 21h30, elle s’occupait aussi bien des tâches ménagères, des enfants que de la ferme. Un agriculteur explique qu’il ne veut pas que sa femme soit « considérée comme une domestique ». Mais avant d’ajouter : « elle doit d’abord être mère et garder un côté féminin ».
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Pas de réunion mixte avec les agriculteurs
Un début d’émancipation se fait sentir dans les années 60. Certaines femmes agricultrices se réunissent au sein du CNJA. Mais la route est encore longue. A l’époque, Marie-Jo Godet explique : « dans un département où les femmes sont tellement effacées, ce serait un monde d’aller à une réunion avec les hommes. Et nos réunions ont lieu le soir, car il faut s’occuper des enfants en journée ».
Années 70 : Un premier pas de l’État vers le statut d’agricultrice
Dans les années 70, les femmes célibataires avaient le statut d’exploitante contrairement aux femmes mariées. Il semblait donc primordial d’établir un statut professionnel distinct de la situation matrimoniale.
Le combat des femmes rurales pour leur reconnaissance commençait à porter ses fruits. En 1977, a eu lieu le premier congrès des agricultrices à Vannes, preuve que les femmes d’exploitants étaient davantage écoutées et considérées.
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Cependant, ce pas en avant est insuffisant à leurs yeux. Selon le témoignage d’une femme d’agriculteur vendéen : « On partage le travail à l’exploitation, on partage les responsabilités, on partage les finances, aussi, donc on voudrait que la signature de la femme soit considérée comme la signature de l’homme ».
Parallèlement, pendant les années 70, de plus en plus de jeunes filles s’orientaient sciemment, avec envie et fierté à la tête d’exploitation agricole. Déterminée à succéder à ses parents, Nicole Queuille, jeune fille agricultrice, confiait lors d’un témoignage « une femme est capable de gérer l’exploitation aussi bien qu’un homme ».
Dans les années 80-90 : agricultrice un métier choisi ?
La considération des femmes d’agriculteurs continuait à progresser. Dans ce reportage de 1996, Christiane Lambert témoigne. En 1980, le statut de « co-exploitant » est créé. Ce titre donnait le droit aux femmes de s’occuper des actes administratifs nécessaire à la gestion de l’entreprise agricole, comme la comptabilité.
Après plus de 25 ans de lutte, les femmes voient leurs efforts récompensés en 1985 avec l’apparition des exploitations EARL (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée) et en 1987 avec la création du brevet professionnel d’agricultrice.
Par ailleurs, l’essor du machinisme agricole permet de conserver le patrimoine familial et d’améliorer les conditions de vie et de travail des agriculteurs. C’est pour ces raisons que le monde agricole attire de plus en plus de femmes agricultrices et non plus, « femmes d’agriculteurs » !