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Systématiser la démarche de tri de ses déchets viticoles

Si l’activité viticole génère une diversité de déchets, il existe désormais des solutions de recyclage ou de valorisation pour la plupart d’entre eux. Rappel des bons réflexes à adopter pour ne pas se laisser envahir et trier efficacement.

Bonne nouvelle, de plus en plus de déchets de l'activité vitivinicole font l'objet de campagnes de tri. Encore faut-il ne pas s'y perdre dans les consignes. Mettre le bon déchet dans le bon sac conditionne l'efficacité de la démarche de tri.  © C. Gerbod
De plus en plus de déchets de l'activité vitivinicole font l'objet de campagnes de tri. Encore faut-il ne pas s'y perdre dans les consignes. Mettre le bon déchet dans le bon sac conditionne l'efficacité de la démarche de tri.
© C. Gerbod

Dans la filière agricole, c’est l’éco-organisme Adivalor qui développe la collecte et le recyclage des déchets. Il est financé par une contribution incluse dans le prix des produits concernés. La présence du logo Adivalor indique que le produit est collectable.

Questionner les distributeurs de produits

Élément clé du dispositif de tri, le distributeur doit travailler avec Adivalor pour être un partenaire de tri, et même avoir un agrément pour ce qui relève des produits phytosanitaires.

C’est le distributeur qui procure les sacs Adivalor (en plastique recyclé), spécialement conçus pour la collecte. Il diffuse aussi les dates de collecte et les informations sur le tri (emballages faisant l’objet d’un programme de tri, bons gestes, lieux de collecte..). C’est donc à lui qu’il faut s’adresser pour toute question sur le tri. Certains distributeurs offrent le service d’enlever les déchets, dans le cadre de leur politique commerciale.

 

Recenser le type de déchets que l’on génère

Identifier dès l’achat du produit sa future destination de tri après usage fait gagner du temps. Ceux qui font l’objet d’un programme de collecte sont les emballages vides de produits phytopharmaceutiques (EVPP) sous forme de bidons, boîtes ou sacs ; les emballages vides de produits fertilisants et amendements (EVPF) sous forme de bidons, sacs ou big bags ; les produits œnologiques et d’hygiène de cave (EVPOH). S’y ajoutent les diffuseurs de confusion sexuelle. Du côté des plastiques agricoles, il y a les ficelles viticoles et les filets paragrêle. Soit le déchet est recyclable, soit il sera valorisé en tant que combustible. Les produits phytopharmaceutiques non utilisables (PPNU) et les équipements de protection individuelle usagés (EPIU) sont considérés comme produits dangereux et sont collectés pour être détruits.

Lire aussi: Recyclez les boîtes et les sacs de produits phyto viticoles

Identifier les emballages recyclables

Les bidons recyclables sont en PEHD ou PET, ce qui est le cas de presque tous ceux utilisés pour l’activité viticole (phytopharmaceutiques, fertilisants…) ou œnologique (bidons de levure liquide, hygiène du chai…). Ils peuvent aller dans un même sac. Leur recyclage contribue à élaborer des gaines, des tubes ou des tuyaux.

Attention, les bouchons et les opercules des bidons, eux, ne sont pas recyclables, donc ils doivent être séparés et mis dans un autre sac.

Les big bags d’engrais sont recyclés pour élaborer des cagettes plastiques. Ils sont à plier et regrouper en fagots. Les sacs d’engrais de 25 kg sont eux aussi recyclés. Ils ne se mélangent donc pas aux sacs de phytos. Ils se gèrent comme les big bags ou peuvent être regroupés dans un sac dédié.

Les ficelles viticoles se stockent dans un sac dédié. Elles ne doivent être propres et sans agrafes.

Identifier les produits non recyclables mais valorisés

Tous les sacs ou boîtes de produits phytopharmaceutiques, par exemple de soufre mouillable, vont dans le même sac que les bouchons et opercules après avoir été pliés. On peut leur adjoindre les sacs et boîtes de produits œnologiques si l’on n’a pas assez de volume pour en faire un sac à part. Les confuseurs sexuels vont dans ce sac « fourre-tout ». Ces déchets seront valorisés énergétiquement, notamment sous forme d’un combustible appelé CSR qui alimente les fours à cimenterie.

S’organiser pour rincer et égoutter les bidons

Il est interdit de mettre dans le sac un produit non vide, qui souillerait les autres déchets et serait dangereux pour les personnes qui travaillent sur la filière. Les bidons vides doivent donc être rincés et bien égouttés. C’est un point astreignant mais indispensable. Un sac de déchets peut être refusé si ces consignes ne sont pas respectées. Il faudra alors rémunérer un prestaire spécialisé dans l’enlèvement des déchets dangereux. Il convient bien sûr de se protéger lorsque l’on réalise ces opérations.

Se préparer en fonction du calendrier de collecte

Selon le type de déchets, il y a seulement entre un à trois moments de collecte dans l’année. Le principe de campagnes ciblées sur chaque famille de déchets est justifié par la nécessité d’atteindre des seuils de volume pour limiter les coûts et l’empreinte carbone du transport depuis les lieux de stockage jusqu’aux lieux de recyclage ou de traitement. La fenêtre de tir est donc limitée mais les dates sont connues à l’avance.

Celà impose d’organiser le stockage chez soi. Pour faciliter les opérations de tri et bien distinguer les différents sacs, il existe des supports à sac, sélectionnés par Adivalor, à fixer au mur.

 

 

Benoît Merchier, vigneron à Morancé, en Beaujolais, au domaine La Famille K

"Je cherche à optimiser au maximum le tri de mes déchets"

Dès son installation au domaine, en 2018, Benoît Merchier a attaché une importance particulière au tri des déchets qu’il génère, dans le prolongement de ses engagements. Il est labellisé Terra Vitis, et entame sa dernière année de conversion bio. « Le tri fait partie d’une même réflexion, dit-il. Mais je cherche à l’optimiser au maximum."

Par souci de simplification, il a fait le choix de produits de traitement des vignes liquides. Pour lui le surcoût engendré est compensé par le gain en praticité. « 95 % des contenants des produits que j’utilise sont des bidons. C’est encombrant mais c’est beaucoup plus pratique à l’usage. » Avec ses 12 hectares en conversion Bio, il remplit selon les années 3 à 4 sacs. Le précédent propriétaire avait reconverti une chambre froide de boucher en local phyto. C’est là qu’il stocke ses produits achetés et les sacs où il met leurs emballages après usage.

Le rinçage est le moment le plus astreignant. Benoît Merchier a une citerne qui récupère l’eau de pluie qui lui sert de cuve tampon pour économiser de l’eau. Il rince le bidon 3 fois. Les premières eaux de rinçage vont dans la cuve du pulvérisateur. Puis il égoutte les bidons sur des grilles entourées d’une dalle qui longent l’un des bâtiments. L’eau s’évacue dans les champs, "rien ne va au réseau". Dans son nouveau chai prévu pour 2022, le lavage des bidons sera facilité grâce à une aire de lavage de 12 m2 et un bac phyto. Cette aire a été conçue à partir d’un diagnostic de la chambre d’agriculture. Le budget de 15 000 € sera couvert à 70 % par un financement FranceAgriMer. Des supports de sacs seront fixés au mur pour faciliter le tri et le stockage.

Toujours dans le but de limiter les déchets, il achète des engrais conditionnés en big bags consignés. Il les plie et les stocke sur une palette en attendant leur collecte.

La simplicité est aussi à l’œuvre pour l’enlèvement des sacs. C’est son fournisseur principal (Soufflet Vigne), chez qui il achète la quasi totalité des produits de traitement, qui vient selon un calendrier prédéfini.

« Les réflexions pour réduire l’empreinte ne sont pas faciles, admet le vigneron. L’engrais, c’est 2 à 3 jours par an, les produits phytos c’est 3 mois dans l’année. Ce n’est pas évident de mesurer l’impact de ses gestes. » S’il constate « qu'il n’y a rien là-dessus dans le cahier des charges bio », les bons remis lors de la collecte entrent en revanche en jeu pour la procédure d’audit Terra Vitis.

 

repères

Les sacs sont en plastique recyclé et d’une contenance de 200 à 220 l. Plein de bidons, un sac pèse 12,5 kg ce qui correspond à 20 à 25 bidons par sacs.

En 2021, Adivalor travaillait avec 1 240 distributeurs (coopératives et négociants agricoles).

- 640 sont concernés par les emballages vides de produits phytopharmaceutiques (EVPP), soit selon Adivalor 95 à 100 % de ceux qui mettent sur le marché cette famille de produits.

- 400 sont concernés par les produits œnologiques et d’hygiène de cave (EVPOH), soit un taux de couverture de 40 % à 60 % parce que le programme n’a été lancé qu’en 2019.

Adivalor teste actuellement la collecte des manchons de plantiers. Ces plastiques agricoles pourraient donc bientôt s’ajouter à la liste des plastiques agricoles recyclés.

Télécharger le dépliant Tri Vigne et Vin, sur le site Adivalor ici

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