S’équiper en contention pour gagner du temps
La famille Garel a repris une ferme vétuste et afin de pouvoir mener à bien les différents ateliers de l’exploitation. Elle a investi dans la contention.
Après avoir passé plus de 20 ans dans l’industrie de l’imprimerie, Christelle et Jérôme Garel ont senti le vent tourner. Plutôt que de risquer de se retrouver au chômage peu de temps avant la retraite, le couple a décidé d’une réorientation professionnelle en agriculture avec la volonté d’être enfin leurs propres patrons. Ils ont pour cela quitté leur Normandie pour venir s’installer en Dordogne où la pression foncière est un peu moins intense. Jérôme, cinquantenaire dynamique et volontaire, passe une formation agricole avec Mickaël, leur fils aîné de 23 ans, qui s’installe avec eux. Après six mois de parrainage avec leurs prédécesseurs, les Garel acquièrent la ferme en avril 2017 et forment le Gaec des Coteaux de Peyrignac. Ils pérennisent l’atelier poules pondeuses, qui représente 70 % du chiffre d’affaires de l’exploitation et s’attellent à la modernisation de l’activité ovine. Avec un troupeau initialement constitué de 950 mères lacaunes viande et romanes pures, pour la plupart très âgées, le Gaec se retrouve aujourd’hui avec 750 brebis. « Il était impératif pour nous de réduire les effectifs pour faire mieux. Nous avons eu une première année très difficile avec notamment beaucoup de casse à l’agnelage », se remémore douloureusement Christelle Garel. Les éleveurs décident d’arrêter la Lacaune, trop prolifique, qu’ils remplacent par de la Blanche du Massif central, et de passer en deux périodes d’agnelage, chacune assez étalée. Les agneaux sont vendus sous l’IGP Agneau du Périgord à la coopérative Univia.
Mieux s’organiser dans son travail
La priorité pour Christelle et Mickaël, qui sont tous les deux à temps plein sur l’élevage ovin, était de s’équiper en contention. « Quand nous avions fait notre stage de parrainage, beaucoup de manipulations étaient très physiques. Par exemple, pour la pesée, nous faisions tout à la main, il fallait forcément être trois, c’était très fatigant et on risquait de se blesser », se rappelle encore Christelle. La bergerie n’est plus vraiment fonctionnelle mais les investissements vont d’abord pour le parc de tri amovible. « Nous avons eu la chance de le tester grâce à une mise à disposition de la MSA. C’était vraiment pratique, mais nous devions absolument en avoir un à nous pour pouvoir mieux nous organiser dans notre travail et gagner en souplesse », détaille Jérôme Garel. Les trois associés se décident alors à investir dans le tracto-parc de Prattley. Le fabricant néo-zélandais, distribué par France Ovi, équipementier basé en Ille-et-Vilaine, a mis au point un parc de contention transportable par tracteur, sans quasiment avoir à le démonter.
Un parc opérationnel en 10 minutes
Un système de transport trois points, fixé à l’avant du tracteur, permet à l’utilisateur de ranger les claies encore liées entre elles, le couloir de tri ainsi que les autres accessoires (tiges, petites barrières). « Sur un terrain plat, le parc peut être monté en 10 minutes », s’enthousiasme Mickaël, manipulateur privilégié de ce matériel. Le fait de pouvoir utiliser le tracteur pour acheminer le parc est intéressant lorsque les parcelles sont très humides et que le risque de s’embourber est important pour tout autre véhicule. Avec 15 grandes barrières (d’un peu plus de deux mètres), les éleveurs peuvent déjà gérer plus de 150 brebis en simultané. Le parc de tri devient vite indispensable pour toutes les manipulations telles que le drogage, les échographies et les vaccins. Car si la bergerie est équipée de cornadis, ceux-ci sont vétustes et donc peu efficaces.
Les brebis redoutent moins les manipulations
Les associés prévoient d’ailleurs à court ou moyen terme de rénover le bâtiment d’élevage, maintenant que la priorité contention a été pourvue. « Notre relation avec les brebis s’est nettement améliorée depuis que nous travaillions avec le parc de contention », assure l’éleveuse de 46 ans. En effet, avant l’achat du parc, les interventions étaient tellement dures physiquement que les éleveurs en repoussaient toujours l’échéance parfois inconsciemment. Les brebis étaient traitées avec moins de douceur, alors qu’aujourd’hui « elles ne sont quasiment plus peureuses, elles sont habituées à notre présence et à être manipulées », poursuit Christelle.
À la recherche du temps perdu
Et pour les éleveurs, la contention leur permet de gagner un temps précieux. « Toutes nos activités, qu’il s’agisse des ovins ou des poules, sont raisonnées au temps. Il nous en manque, nous faisons donc en sorte de nous en dégager le plus possible », explique Jérôme Garel. Subventionné à 40 % par la région et la dotation JA, le tracto-parc représente pour les trois associés le meilleur rapport qualité-prix sur le marché de la contention. « La finition est vraiment bien, par exemple il y a une façon de porter les claies sans se faire mal aux mains sur les barreaux. Le prix est peut-être élevé, mais nous avons que nous avons investi sur du long terme », détaille Christelle Garel. Et son époux de renchérir : « le fait que nous venions du monde de l’industrie nous aide à être plus intéressés et plus adaptables à la nouvelle technologie. Cela peut être cher, mais nous sommes toujours ouverts aux nouveautés ».
Prattley, pionnier de la contention ovine
Depuis 43 ans, le fabricant néo-zélandais travaille à l’amélioration du matériel de contention. Exportées à travers le monde, les claies Prattley sont reconnues pour leur légèreté et leur longévité. « La vente en France du premier tracto parc Prattley (tracté par un quad) remonte à 1998 et nous n’avons toujours pas remplacé de pièces », se félicite Anthony Pouplin, technico-commercial chez France Ovi. Les claies sont en aluminium, avec des doubles soudures, très rigides. Avec ces soudures, combinées à un aluminium résistant car de bonne qualité, les claies gagnent en souplesse et résistent bien à la pression et à la torsion, sans se casser. Le parc mobile est entièrement modulable, ce qui permet à l’éleveur d’adapter son parc à ses besoins. « C’est comme des Lego, toutes les pièces sont compatibles avec le même système d’attache », continue Anthony Pouplin.