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Retours d’expériences solaires

En Haute-Vienne, Aude de Roffignac a créé une société pour mettre en place des panneaux solaires sur son bâtiment de stockage.

Installée en 2011 à Saint-Ouen-sur-Gartempe, en Haute-Vienne, Aude de Roffignac élève 150 brebis allaitantes en bio et possède 60 hectares de culture et de prairies, auxquelles viendront bientôt s’ajouter une vingtaine d’hectares supplémentaires, tout autour de la ferme. Outre la conversion en agriculture biologique, l’exploitation d’Aude de Roffignac suit une logique de respect de l’environnement, d’économie d’énergie et de recours aux produits naturels. Ainsi, elle soigne ses brebis et agneaux avec les plantes médicinales qu’elle cueille elle-même. Elle récupère aussi l’eau de pluie sur ses bâtiments, « une mesure que j’apprécie d’avoir mis en place avec la sécheresse actuelle », confie-t-elle.

Être entièrement décisionnaire

Elle a aussi construit récemment un bâtiment de stockage pour son fourrage, son grain et quelques machines avec une toiture entièrement recouverte de panneaux photovoltaïques. Le projet a mis deux ans à aboutir. La construction du bâtiment est terminée depuis fin août 2018 mais les panneaux solaires n’ont commencé à produire qu’à partir de l’été 2019. « Depuis mon installation, je réfléchis à mettre des panneaux solaires sur mes bâtiments, mais je ne savais pas trop par quel bout prendre. Je n’étais pas vraiment à l’aise de travailler avec un hébergeur, je préférais exploiter moi-même la centrale et être entièrement décisionnaire », explique l’éleveuse. Elle se tourne alors vers la chambre d’agriculture de la Haute-Vienne qui propose la création d’une SAS pour mettre en place des centrales photovoltaïques. Agriphoto voit ainsi le jour, constituée de huit membres, chacun ayant un projet de bâtiment de stockage ou d’élevage, toutes productions agricoles confondues. Concernant le bâtiment d’Aude de Roffignac, c’est la SAS qui fait l’investissement dans la toiture, les panneaux et l’onduleur, ainsi que toute la partie électrique et le raccordement au réseau Enedis. « Le fait d’être en société nous a permis aussi d’avoir plus de poids dans les négociations avec les entrepreneurs, pour la maçonnerie et la toiture notamment », argumente l’éleveuse.

Un emplacement pour maximiser l’ensoleillement

Le bâtiment fait 46 mètres de long sur 18 mètres de large, pour une surface en panneaux solaires de 850 mètres carrés. La centrale a une puissance maximale de 99 kilowatts. « J’ai choisi l’emplacement du bâtiment en fonction de l’ensoleillement. J’aurais pu le mettre plus proche de la ferme mais j’aurais perdu à ce niveau », explique Aude de Roffignac. Le projet dans son ensemble a coûté 100 000 euros, avec 75 000 euros pour le bâtiment et l’État a aidé à hauteur de 40 % pour les frais de raccordement qui s’élevaient à 17 000 euros. D’autres investissements sont à venir pour compléter l’aménagement intérieur (mise en place de silos à grain, parc de contention, récupération de l’eau de pluie). L’amortissement de l’installation se fera dans 15 ans ou au pire dans 20 ans selon l’éleveuse. « Mon premier objectif n’était pas de gagner de l’argent avec cette installation, j’aurais pu faire un bâtiment beaucoup plus basique mais je voulais avant tout un confort de travail et un bâtiment fonctionnel et durable », conclue Aude de Roffignac.

Louer son toit pour de l’énergie

Dans le Lot, Jean-Christophe Pons et son frère, avec qui il est en Gaec, élèvent 1 000 brebis allaitantes. Mais, depuis un an, ils ont une autre source de revenus que la vente de leurs agneaux. Ils louent en effet la toiture de leur bâtiment d’élevage et de stockage à l’association les Fermes de Figeac qui a installé des centrales photovoltaïques. « Nous avions réfléchi à installer une grande centrale de 100 kilowatts, mais cela représentait un investissement compris entre 120 000 à 130 000 euros. Cela nous aurait empêché de faire d’autres investissements sur l’élevage dans les années à venir et nous n’avons pas poursuivi l’idée », se rappelle l’éleveur de 44 ans. Bien que cela leur rapporte moins qu’une installation au nom de leur Gaec, ils décident donc de se tourner vers la location de surface et louent pour 60 et 600 mètres carrés de toiture.

900 euros par an sans effort

Les fermes de Figeac installent alors aux frais de l’association une petite centrale de neuf kilowatts et une grosse centrale de 100 kilowatts. « Nous n’avons rien à faire, autant pour l’entretien de l’installation que pour d’éventuelles réparations, tout est à la charge du propriétaire des panneaux photovoltaïques », explique Jean-Christophe Pons. D’autant qu’au bout de vingt ans d’exploitation, le contrat établi que l’installation dans son ensemble revient aux éleveurs. Si EDF paye toujours bien à ce moment-là, ils continueront à vendre leur électricité. Dans le cas contraire, ils s’en serviront directement pour l’élevage. Pour l’instant, ils touchent entre 850 et 900 euros par an pour la centrale de neuf kilowatts, mais le prix étant indexé sur le tarif de rachat par EDF et sur le coût d’installation, le loyer peut être très variable d’une centrale à l’autre. Enfin, c’est encore les Fermes de Figeac qui assurent l’installation afin de couvrir l’éleveur en cas de problème, tel qu’un incendie causé par les panneaux solaires.

La ferme expérimentale teste le solaire

La ferme ovine expérimentale du Ciirpo, en Haute-Vienne s’est dotée au printemps 2017 d’une centrale photovoltaïque d’une puissance maximale de 98 kilowatts. Répartie sur les 350 m2 de toiture de la bergerie et sur 350 m2 de toiture du bâtiment de stockage, elle a permis de produire 123 950 kilowattheures en 2018, ce qui a rapporté 16 900 euros après facturation à Enedis. Le Ciirpo a réussi à négocier un prix de vente de 13,68 centimes du kWh (contre autour de 11 c habituellement). « La consommation électrique de la ferme est de 31 000 kWh par an, nos panneaux solaires nous permettent de produire près de quatre fois plus d’énergie », se réjouit Denis Gautier, le responsable de la ferme expérimentale.

Un amortissement en une dizaine d’années

Les panneaux solaires ont donc été installés sur des bâtiments déjà existants, davantage conçus pour le bien-être animal et le confort de travail mais ils étaient tous les deux orientés plein sud. « De toute manière nous n’aurions pas construit des bâtiments spéciaux pour le photovoltaïque, la circulation de l’air n’est pas terrible avec les toitures très asymétriques », complète le responsable de la ferme. L’amortissement est prévu en 9 à 13 ans selon l’ensoleillement annuel. L’investissement total était de 122 000 euros, dont 109 500 euros pour la centrale et 11 500 euros de raccordement. "Nous avons choisi du matériel de qualité un peu plus cher, mais nous ne devrions pas avoir beaucoup d’entretien ou de réparation à faire", détaille Denis Gautier.

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