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Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta-les instituts techniques agricoles : « L’Acta est devenue un interlocuteur des pouvoirs publics »

Suite à la remise des trophées ITAINNOV lors du salon de l’Agriculture, Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta, explique comment a évolué le rôle de Acta, pour accompagner les instituts techniques dans leurs appels à projets, mais aussi pour être un interlocuteur de l’État dans l’évolution des systèmes agricoles.

Pouvez-vous nous présenter l’Acta ?

Il s’agit de l’association de coordination des instituts techniques agricoles, dits ITA. L’Acta regroupe 18 instituts techniques agricoles et 2200 collaborateurs. Il s’agit d’un vrai lieu d’échanges entre les directeurs et les élus pour orienter la R&D en agriculture, pour coordonner des projets communs, partager des expériences et tirer parti des compétences des uns et des autres. C’est le cas par exemple des travaux autour de la réduction de l’empreinte carbone, l’Idele - Institut de l’Élevage a démarré le premier et a transmis son expérience aux autres instituts techniques.

Quel est le rôle de l’Acta ?

Au-delà de ce lieu d’échanges entre instituts, l’Acta a un rôle d’animation transversale sur des questions techniques mobilisant l’expertise de plusieurs instituts techniques. À ce titre l’Acta peut être porteur pour le collectif d’un projet pluridisciplinaire comme la question des alternatives au glyphosate et aux produits phytopharmaceutiques en général. On peut citer aussi le rôle d’animation de l’Acta dans le dossier des Digifermes® qui sont de véritables laboratoires d’innovations incluant l’expertises des ITA et des startups.

L’Acta a-t-il aussi un rôle politique ?

Il s’agit davantage de faire connaitre auprès des ministères, agences nationales, parlementaires… notre rôle scientifique et la façon dont nous pouvons éclairer la décision publique. C’est le travail que nous avons mené depuis deux ans car nous avions fait le constat d’une méconnaissance de nos compétences. Et cela a été constructif car nous sommes devenus des interlocuteurs des pouvoirs publics sur tout ce qui touche à la recherche appliquée en agriculture.

Pouvez-vous donner des exemples ?

Je peux donner un exemple très concret : le ministère de l’Agriculture nous a contacté dans le cadre du Varenne de l’eau et du changement climatique, pour nous proposer de prendre la présidence de la thématique 2 sur l’adaptation de l’agriculture au changement climatique afin de coordonner les débats. L’Acta amène de la transversalité en allant chercher les expertises correspondant précisément à leurs besoins au sein de tel ou tel ITA mais aussi bien au-delà dans les universités, les équipes de l’INRAE ou autres organismes. Et cette transversalité est de plus en plus nécessaire car tous les grands sujets qui touchent aujourd’hui l’agriculture sont multi filières.

Comment sont financés les instituts techniques agricoles et quelles sont les grandes thématiques de R&D qui les animent ?

Leur financement provient des contributions de filières (CVO) pour un quart en moyenne, du Casdar (financé par les agriculteurs), des appels à projet et des activités d’autofinancement (vente de brochures, formations, colloques, expertises, outils).

Le changement climatique est au cœur des préoccupations des instituts, tant dans une approche d’atténuation que d’adaptation. Autres grandes thématiques : la transition des écosystèmes agricoles, le bien-être animal et le concept One health autour de la santé animale et végétale. De nombreux travaux portent aussi sur le numérique agricole.

Comment est construite la politique de R&D en agriculture, et comment les pouvoirs publics influent sur cette politique ?

Tout passe par le contrat d’objectifs et de performance qui fixe le cadre des grandes thématiques de recherche et développement prioritaires pour l’État et les Instituts techniques agricoles qualifiés. Le Compte d'affectation spéciale pour le développement agricole et rural (Casdar) est un levier pour accompagner la transition agroécologique de l’agriculture française. Alimenté par une taxe prélevée sur le chiffre d'affaires des exploitations, il permet de financer des actions du Programme national de développement agricole et rural (PNDAR), en co-financement avec des ressources professionnelles et d’autres financements publics européens, nationaux ou régionaux.

En ce qui concerne les Instituts techniques, le Casdar ouvre trois appels à projets intitulés « Connaissance », « Co-innovation » et « Démultiplication ». Les instituts, qui ont une cinquantaine de projets de R&D déterminés en fonction des préoccupations de leur filière, peuvent se positionner sur tel ou tel appel à projets. Cette organisation permet à tous les ITA, y compris les plus petits, de bénéficier des fonds collectés sur le Casdar.

Les instituts techniques agricoles sont-ils performants pour capter des budgets européens ?

L’Acta s’est structurée pour que ce soit le cas. Nous avons renforcé nos équipes pour le montage de projets de R&D européens, qui sont organisés en grands consortiums de plusieurs dizaines d’organismes de recherche. Et cela a été payant puisque nous avons eu en 2021 un taux de réussite de 50% aux appels à projets Horizon Europe. Mieux : parce que nous sommes désormais reconnus, on vient maintenant nous chercher pour compléter les tours de tables. Et pour faciliter la communication avec nos équipes, nous allons réaliser notre annuaire des compétences en ligne en version anglaise pour être encore mieux identifiés en Europe.

La 4e édition des trophées de l’innovation ITAINNOV a tenu sa cérémonie au Salon de l’Agriculture. Qu’est-ce que ces trophées symbolisent pour vous ?

C’est par l’innovation que l’on répondra aux nombreux enjeux auxquels sont confrontés l’agriculture et l’alimentation. La société s’interroge sur le rôle de l’innovation, le type d’innovation à mettre en œuvre, combien elle coûte, à qui elle profite, … Nous avons pu voir avec ces trophées que les instituts développement des projets remarquables : certains que les agriculteurs peuvent s’approprier immédiatement et qui engendreront une baisse de leurs coûts de production, d’autres qui pourront être commercialisés cet automne. Ces projets sont concrets et efficaces depuis leur origine. Souvenons-nous de la phénomobile® nommée en 2015 qui permet de réaliser du phénotypage haut débit (observation des caractéristiques des plantes). Il en existe aujourd’hui plusieurs dizaines d’exemplaires dans des stations expérimentales. C’est un outil absolument indispensable pour la recherche de variétés adaptées au changement climatique.

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