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Prix plancher pour les agriculteurs : Emmanuel Macron les promet, les écologistes les font voter à l’Assemblée nationale

Instaurer des prix minimum dans les filières agricoles qui le souhaitent garantissant un revenu de deux Smic pour les agriculteurs, voilà ce que propose un texte de la députée écologiste Marie Pochon adopté le 4 avril en première lecture à l’Assemblée nationale.

La députée écologiste Marie Pochon à l'Assemblée nationale
Marie Pochon, députée écologiste de la Drôme, auteur de la proposition de loi sur le revenu agricole adopté le 4 avril à l'Assemblée nationale.
© Assemblée nationale

Surprise ! Hier soir dans un hémicycle clairsemé, les députés ont adopté une proposition de loi écologiste en faveur de prix plancher pour les agriculteurs, contre l’avis du gouvernement. Dans le cadre de la niche parlementaire écologiste, le texte proposé par la députée écologiste de la Drôme Marie Pochon, fille de viticultrice, a été adopté avec 89 voix pour (66 voix contre), la gauche votant pour, la majorité contre et le RN s’étant abstenu.

Que propose le texte des écologistes pour le revenu agricole ?

L’article premier de la proposition de loi propose qu’une conférence publique réunie pour chaque filière agricole qui le souhaite, sous l’égide du médiateur des relations commerciales agricoles, propose tous les quatre mois une estimation des coûts de production agricoles incluant « la rémunération des agriculteurs à hauteur de deux fois le salaire minimum de croissance (Smic) » et détermine un prix minimal d’achat des produits agricoles ne pouvant être inférieur aux coûts de production. 

En cas de désaccord au sein de la conférence publique, le médiateur des relations commerciales remettrait un rapport sur la base duquel les ministres arrêteraient un prix minimal d’achat des produits agricoles.
 

Ce mécanisme répond à une promesse du chef de l’Etat, assure Marie Pochon

« Il y a un mois, le Président de la République affirmait : « Il y aura un prix minimum, un prix plancher en dessous duquel le transformateur ne peut pas acheter et en dessous duquel le distributeur ne peut pas vendre. » […] Ce mécanisme répond désormais à une promesse du chef de l’État. Que l’on en soit heureux ou pas – et cela m’arrive souvent de ne pas l’être, je vous rassure –, sa parole publique compte, bien plus, elle engage », a ainsi déclaré la députée Marie Pochon en préambule de la discussion de sa proposition de loi. 

Lire aussi : Prix plancher des produits agricoles : 6 questions sur leur possibilité 

Un texte inopérant et risqué pour les filières agricoles, selon Agnès Pannier-Runacher

Une proposition de loi au mécanisme jugé « inopérant » par Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès de Marc Fesneau qui a toutefois assuré que le gouvernement partageait « pleinement sa préoccupation » quant au revenu des agriculteurs

« Le texte propose un dispositif inopérant et risqué pour les filières, comme la plupart d’entre elles nous le disent sans ambiguïté » a ainsi déclaré la ministre déléguée en séance publique rappelant que « l’idée d’un prix réglementé fixé par l’État avait été rejetée par votre assemblée (ndlr : une proposition de loi LFI) il y a quelques mois, pour trois raisons de fond et de bon sens qui restent valables aujourd’hui ».

« L’instauration d’un prix minimal pourrait favoriser les produits importés »

« L’instauration d’un prix minimal qui, par définition, ne s’appliquerait qu’aux seules productions nationales pourrait favoriser les produits importés au détriment des produits français. Loin d’augmenter le revenu des agriculteurs, cela diminuerait leur rémunération », a par ailleurs estimé Agnès Pannier-Runacher, reniant ainsi au passage la proposition de prix plancher exprimée au salon de l’Agriculture par Emmanuel Macron.

Lire aussi : Y aura-t-il un prix plancher du lait ?

Et la ministre déléguée de demander aux députés d’attendre les conclusions en juin de la mission Izard-Babault qui vient de débuter. En vain, du moins dans le cadre de cette première lecture à l'Assemblée nationale.

Lire aussi : Evolution de la loi Egalim : « Il faut être plus directif pour qu’elle soit appliquée »

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