Vers un protocole analgésie + anesthésie à la castration des porcelets
La profession a demandé que soit expertisé un protocole d’accompagnement de la douleur à la castration, sur la base d’une association d’un analgésique et d’une anesthésie locale.
La profession a demandé que soit expertisé un protocole d’accompagnement de la douleur à la castration, sur la base d’une association d’un analgésique et d’une anesthésie locale.
La commission bien-être de l’Organiation sanitaire porc Bretagne étudie la solution d’associer un anesthésique local et un analgésique (le méloxicam) pour prendre en charge la douleur au moment de la castration. "Selon l’étude européenne Castrum, cette combinaison est la meilleure solution par rapport aux autres protocoles connus", explique Valérie Courboulay, chercheuse à l’Ifip. En comparaison avec la seule injection d’un analgésique, elle prend mieux en charge la douleur. L’anesthésie locale, consiste à injecter le produit dans les deux testicules. Elle est plus fiable, plus simple et moins coûteuse à mettre en place en élevage que l’anesthésie générale (voir page 22). Cependant, avant que ce protocole soit agréé, de nombreux obstacles doivent être levés. "Actuellement, les éleveurs n’ont pas le droit d’injecter un anesthésiant à leurs animaux", souligne Mickaël Benoît, coprésident de la commission bien-être. Des discussions sont en cours avec les représentants des vétérinaires. "Il faudra certainement envisager une formation des éleveurs et une utilisation encadrée par prescription vétérinaire." Il faudra aussi trouver le protocole le plus efficace et le moins chronophage. L’association d’un analgésique et d’une anesthésie locale est déjà utilisée en Suède et bientôt au Danemark. La profession peut aussi s’appuyer sur l’exemple des productions bovines qui ont mis en place un protocole similaire pour l’écornage des veaux.
Une solution transitoire en attendant l’arrêt de la castration
La prise en charge de la douleur est considérée par la profession comme une solution transitoire en attendant la mise au point d’une technique de détection des odeurs sexuelles objective et reconnue à l’abattoir. Car actuellement, une telle technique n’existe pas, puisque le nez humain utilisé dans les abattoirs de la Cooperl n’est pas reconnu par d’autres opérateurs, en France comme à l’étranger. D’où l’avis du groupe d’experts européens sur la castration réunis le 10 janvier dernier à Bruxelles : "La date butoir du 1er janvier 2018 – proposant un arrêt de la castration chirurgicale sous condition – ne pourra pas être respectée". Un avis partagé par la profession. Les programmes de recherche Acidros et Drosme menés par l’interprofession Bretagne, dont l’objectif était la mise en œuvre d’une technique industrielle de détection des odeurs sexuelles (voir Réussir Porc juillet-août 2017, page 10), n’ont pas abouti. Cet échec a temporairement mis en veille toute idée de généraliser rapidement l’arrêt de la castration. "Nous ne pouvons nous permettre de commercialiser des carcasses qui présentent un risque pour les opérateurs de l’aval et pour les consommateurs", argumente Jean-Pierre Simon, le président de la commission qualité de l’union des groupements bretons (UGPVB) et des abatteurs bretons (UBAP). Il souligne également que la garantie de qualité des carcasses est essentielle pour le maintien des marchés export. Les enjeux sont donc considérables. La course à la mise au point d’une technique de détection fiable est engagée. Les Danois ont annoncé récemment la mise au point d’un dispositif d’analyse rapide des taux de scatol et d’androsténone du gras en utilisant la spectrométrie de masse. Une annonce prometteuse, mais qui demande à être confirmée par des tests en abattoir.