« Une installation est un projet de vie », explique un jeune installé en porc
François Guégan s’est installé avec son père Dominique à la tête d’un atelier de 450 truies et la suite après avoir fait un parcours d’études générales. Pour améliorer la cohérence de l’élevage, 1 900 places d’engraissement ont été créées sur le site de production.
François Guégan s’est installé avec son père Dominique à la tête d’un atelier de 450 truies et la suite après avoir fait un parcours d’études générales. Pour améliorer la cohérence de l’élevage, 1 900 places d’engraissement ont été créées sur le site de production.
Malgré son attirance pour le porc, s’installer en production porcine n’était pas une priorité pour François Guégan. Son parcours étudiant le prouve. Après trois années en lycée général conclues par un bac S, il s’engage dans une formation de deux ans en IUT de génie chimique. « J’ai fait une formation non agricole, car c’est une ouverture vers l’extérieur qui permet de connaître d’autres secteurs d’activité. Je voulais aussi avoir d’autres possibilités d’orientation professionnelle que l’installation, qui et un projet de toute une vie. »
Mais peu de temps après l’obtention de son diplôme universitaire, le départ de l’un des salariés de l’élevage lui offre l’opportunité de travailler en CDD avec son père. Le CDD se transforme finalement en CDI, qui va durer six ans. « Nous sommes très vite entrés dans une phase de réflexion sur la réorganisation des bâtiments. J’ai aussi mis à profit cette période pour aborder l’organisation et de la gestion de l’entreprise. »
Rapatrier les places d’engraissement
Une évidence s’est vite imposée : il fallait améliorer la cohérence de l’élevage en rapatriant des places d’engraissement à façon par la création d’un nouvel engraissement. En parallèle, l’effectif des reproducteurs est passé de 350 à 450 truies, afin de pouvoir travailler avec deux salariés pour optimiser l’efficacité du travail et concilier l’activité professionnelle et la vie privée. Grâce à la création d’un engraissement de 1 900 places et de 500 places de post-sevrage, 4 000 porcs sont désormais engraissés à façon chaque année, soit un quart des porcelets produits. L’épandage du lisier est réalisé sur les 50 hectares de SAU de l’exploitation et sur des terres appartenant à des agriculteurs voisins. Son expérience de salarié a permis à François Guégan de valider le niveau de compétences pratiques nécessaire à l’installation. Pour la partie théorique, il a suivi des journées de formation portant sur la gestion, la comptabilité et l’environnement à la chambre d’agriculture. Pour le financement de son installation, du nouveau bâtiment et des rénovations, la banque exigeait un apport de fonds propres de 20 %. Pour cela, il a bénéficié d’un apport de 100 000 euros issus du fonds d’investissement SAS Élevage avenir de la coopérative Eureden. Un prêt d’honneur du fonds Brit du Conseil régional, la dotation jeune agriculteur et l’aide à la création d’entreprise proposée par Pôle emploi ont bouclé le budget. Avec Philippe Le Vannier, conseiller installation Eureden, il s’est fixé les objectifs financiers nécessaires pour assurer la pérennité de l’entreprise : « un prix d’équilibre base MPB entre 1,25 et 1,30 €/kg de carcasse pour un prix d’aliment à 250 €/tonne, une annuité inférieure à 18 €/100 kg de carcasse et un coût de main-d’œuvre inférieur à 15 €/100 kg de carcasse », précise-t-il. Sa coopérative lui a également proposé d’entrer dans la démarche qualité Porc Confiance mise en place avec Socopa et Système U. Les porcs sont nourris sans OGM et avec de la graine de lin en engraissement. Ils sont élevés sans antibiotiques à partir de 42 jours. Un organisme indépendant fait des audits de l’élevage sur les aspects de l’environnement et du bien-être animal. En contrepartie, l’éleveur reçoit une rémunération garantie sur 40 % de la carcasse, qui varie en fonction du coût de production. Le prix de base est actuellement de 1,40 €/kg, auquel s’ajoutent la plus-values technique Uniporc et une prime de 7.5 centimes d’euro par kilo qui compense le surcoût alimentaire. « Cette contractualisation sécurise une partie du revenu et apporte de la sérénité », souligne François Guégan.
Plusieurs pistes de développement à long terme
Trois ans après son installation, François Guégan souhaite avant tout consolider les objectifs initiaux. « Nous sommes encore en phase de stabilisation des résultats techniques, même si les objectifs sont déjà atteints. » À plus long terme, plusieurs pistes se dessinent : finir le rapatriement des places d’engraissement, acquérir de la SAU supplémentaire pour sécuriser le plan d’épandage et l’autonomie alimentaire… La diversification des ressources est engagée, avec l’acquisition de deux trackers photovoltaïques qui couvrent 25 % des besoins en électricité de l’exploitation. Un troisième devrait suivre prochainement. François Guégan tient aussi à faire partager son expérience en faisant visiter son élevage et en échangeant avec des jeunes qui ont un projet de s’installer. « Pour réussir son installation, il faut prévoir du temps disponible pour sa famille, être bien accompagné, et surtout bien réfléchir à cette décision qui nous engage sur le long terme. Dans le cadre d’une association, il faut aussi absolument être en phase avec son ou ses associés. Aujourd’hui, j’ai la chance de vivre ça avec mon père. C’est certainement l’une des clés essentielles de la réussite d’une installation », conclut-il.
Deux dispositifs de soutien par Eureden
Côté éco
Curriculum
François Guégan
Fiche d’élevage
SARL de la Pierre Bleue, Dominique et François Guégan