Aller au contenu principal

Une expérience réussie de sevrage de jeunes porcelets

Grâce à l’ajustement des formules et des modes de distribution des aliments et à des conditions de logement optimales, la station expérimentale de l’Ifip à Romillé a obtenu de très bonnes performances sur des porcelets exceptionnellement sevrés à 14 jours.

Pour réussir le sevrage des porcelets à 14 jours, un soin particulier a été apporté au programme alimentaire des porcelets.
Pour réussir le sevrage des porcelets à 14 jours, un soin particulier a été apporté au programme alimentaire des porcelets.
© Ifip

Les travaux de construction et de réhabilitation de la station expérimentale de l’Ifip à Romillé ont nécessité la mise en place au cours de plusieurs bandes consécutives, d’un sevrage anticipé à 14 jours d’âge au lieu des 28 jours habituels.

Le choix de cette procédure permettait d’éviter l’abattage du troupeau reproducteurs et de pouvoir continuer à réaliser le programme prévu des expérimentations en engraissement. C’est à l’issue de la première bande que nous avons été très rassurés de voir que les animaux à l’entrée en engraissement (vers 65 à 70 jours d’âge) présentaient pratiquement le même poids que d’habitude avec un sevrage à 28 jours. D’autre part, nous n’avions eu à aucun moment besoin, au cours de cette bande, de recourir à un quelconque traitement antibiotique par l’eau de boisson. Les porcelets ont reçu des aliments blancs, comme c’est le cas depuis plusieurs années à la station. Cette première impression s’est ensuite confirmée pendant toute la période de sevrage à 14 jours, soit de janvier à septembre 2020.

Un programme alimentaire spécifique

Afin de maximiser les chances de réussite de ce sevrage, un soin particulier a été apporté à la conception des aliments et au programme alimentaire des porcelets depuis leur naissance. Quatre aliments ont été conçus en collaboration avec Thierry Mener (Cooperl) et Marc Drillet (Celtilait) et distribués successivement depuis la naissance des porcelets jusqu’à la fin du post-sevrage sous la forme de granulés. Un premier aliment est proposé aux porcelets dès les premiers jours de vie et ce jusqu’à 21 jours d’âge. Un deuxième aliment est distribué en post-sevrage entre 21 et 28 jours d’âge, puis un troisième entre 28 et 42 jours d’âge. L’aliment 2e âge est enfin utilisé jusqu’à la fin du post-sevrage à l’âge de 70 jours. La séquence des aliments successifs permet d’ajuster les apports aux besoins des animaux. Le taux de produits laitiers et des concentrés de protéines végétales sont décroissants au fur et à mesure de l’avancée en âge des porcelets et sont remplacés progressivement par le tourteau de soja. De même l’incorporation de blé extrudé est progressivement réduite. Au cours de cette période a également été testée la distribution d’aliment liquide reconstitué à partir de poudre de produits laitiers dans les quelques jours après sevrage. Les résultats indiquent que ce sont plutôt les porcelets de poids intermédiaires qui réagissent le mieux à ce type de complément alimentaire, suggérant que les porcelets les plus lourds peuvent déjà s’adapter à un aliment sec alors que les porcelets les plus légers sont davantage dépendants de lait maternel. Ce travail qui n’est pas totalement analysé à ce jour, fera l’objet d’une communication aux prochaines journées de la recherche porcine. Les conditions de logement en post-sevrage ont également été optimisées. Les porcs sont logés dans des salles de post-sevrage lavées et désinfectées selon les procédures de la station. La température des salles est maintenue proche de 28 °C pendant quatre semaines. La densité animale est respectée ainsi que la longueur d’auge disponible par porc au niveau des nourrisseurs. Enfin les mélanges entre portées au moment du sevrage sont limités.

Des performances et un sanitaire non dégradés

Le taux de mortalité et l’usage d’antibiotiques n’ont pas été modifiés de façon notable au cours de la période. Il y a eu certes une augmentation de la mortalité en post-sevrage qui est passée de 2,3 à 2,7 % en moyenne, mais qui est restée tout à fait contenue. Le nombre de traitement collectif à la colistine n’a pas été augmenté. Les traitements individuels en lien avec des problèmes de boiteries, d’arthrites ou de panaris sont plus fréquents mais il faut les relativiser à l’effectif au sevrage de 280 porcelets en moyenne. De toute manière, ces traitements individuels et une partie de la mortalité se seraient peut-être naturellement produits si l’on avait sevré à l’âge habituel. L’indice de consommation s’est maintenu sur la période de 28 à 65 jours d’âge à un niveau satisfaisant : 1,57 entre 6,9 et 24,7 kilos de poids vif. L’évolution des poids montre une phase de croissance réduite au cours des deux premières semaines après sevrage (de 14 à 28 jours d’âge) avec un GMQ de 125 grammes par jour et un indice de consommation de 1,09. De 28 jours d’âge à la fin de post-sevrage, les performances de croissance sont alors très bonnes : le GMQ atteint 573 grammes par jour. Le sevrage à 14 jours impacte fortement la croissance des porcelets dans les toutes premières semaines de post-sevrage, mais une fois la période d’adaptation franchie, la croissance devient alors importante.

Avis d’expert : Aurélien Collin, responsable de station de Romillé

 

 
Aurélien Collin, responsable de station de Romillé
Aurélien Collin, responsable de station de Romillé © Ifip

« Une expérience concluante »

Il faut bien avouer que nous étions tous un peu fébriles avant de commencer, mais je dois dire que l’expérience s’est parfaitement déroulée. Mis à part un problème d’écoulements vulvaires sur les truies lors de la première bande qui a été réglé rapidement, il n’y a eu aucun problème à signaler ensuite. J’ai pu également disposer de tous les animaux nécessaires aux essais en engraissement et ce dans les mêmes conditions que précédemment. Cela me permettait de consacrer toute mon énergie au bon déroulement des travaux.

 

 
Une expérience réussie de sevrage de jeunes porcelets

 

Les plus lus

Chrystèle Amiaud (à gauche), présidente du groupement Porcineo, avec Michel Chiffoleau (responsable technique et aliment), Frédéric Lecherf (chef d’élevage), Antoine ...
« Notre maternité collective assure l’avenir de jeunes installés en porc »

Des adhérents du groupement d’éleveurs de porcs vendéen Porcineo ont acheté un site de naissage-engraissement pour le…

Bernard Rouxel, président (à gauche) et Emmanuel Commault, directeur de la Cooperl : " Le seul prix du Marché du porc français n’est plus lisible car il existe ...
Cooperl se réfère à la cotation FranceAgriMer
Pour les dirigeants du premier groupe porcin français, le prix payé en 2023 aux éleveurs du groupement a été identique à la…
François Hamon, éleveur de porcs à Plédéliac dans les Côtes-d'Armor.
« Quand je ne porte pas mon masque respiratoire, je le regrette le soir », témoigne l'éleveur de porcs

François Hamon est éleveur de porcs dans les Côtes-d’Armor. Cela fait maintenant quatre ans qu’il porte des masques de…

La fièvre porcine africaine menace l'est de la France

La fédération nationale porcine demande la mise en place d'une zone blanche au niveau de la frontière franco-allemande pour…

elevage smeenk pays bas aco funki nedap
Bien communiquer avec son équipe en élevage de porc

Le partage d’informations est nécessaire au bon fonctionnement de l’équipe en élevage de porc. Pour être efficace, il…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Version numérique de la revue Réussir Porc
2 ans d'archives numériques
Accès à l’intégralité du site
Newsletter Filière Porcine
Newsletter COT’Hebdo Porc (tendances et cotations de la semaine)