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Une communication positive du métier d'éleveur de porc sur les réseaux sociaux

Mathias Morel, de l’agence Comptoirs, conseille d’intervenir sur les réseaux sociaux avec humour ou au moins bonne humeur et de parler de son métier de façon simple et positive.

Tweet de Romain Lamour, éleveur de porcs en Bretagne © R. Lamour
Tweet de Romain Lamour, éleveur de porcs en Bretagne
© R. Lamour

« Les gens qui fréquentent les réseaux sociaux sont en grande partie des jeunes et donc de futurs consommateurs », commente Mathias Morel, spécialiste des réseaux sociaux, invité à l’assemblée générale du comité régional porcin des Pays de la Loire. Quatre réseaux concentrent l’essentiel des discussions sur l’agriculture : Twitter (discussions générales sur l’agriculture, l’élevage, l’alimentation), Facebook (activité militante anti et débat sur l’actualité), Instagram (alimentaire et différents régimes) et Youtube (valorisation des régimes alimentaires et des pratiques agricoles). Plusieurs communautés interviennent, porteuses d’arguments négatifs (écologistes, vegan, protecteurs des animaux), avec chacune des convictions différentes, ou d’arguments positifs (agriculteurs, journalistes, experts), avec un argumentaire surtout sur les normes et la qualité de l’agriculture française. « De mai 2018 à juin 2019, il y a eu au total 3,5 millions de mentions sur l’agriculture, avec un pic lors du Salon de l’agriculture. »

Twitter, plus facile pour se lancer

Différents acteurs prennent la parole sur le porc : associations (DxE France, L214, Geenpeace, CIWF), industriels (Fleury Michon, Herta), journalistes experts (Emmanuelle Ducros), la filière via Inaporc, des acteurs politiques et publics. « DxE France par exemple vise principalement les filières porc et volaille, indique Mathias Morel. Sa page Facebook, ne compte toutefois « que » 30 000 abonnés, contre près de 800 000 pour L214 et beaucoup plus pour Greenpeace. » Des éleveurs commencent aussi à aller sur les réseaux sociaux. « Pour un éleveur, communiquer sur les réseaux sociaux peut prendre un peu de temps mais permet de donner une vision réaliste et humaine du métier d’éleveur et de faire peser la voix de l’agriculture. Quand quelqu’un s’interroge sur l’élevage, les éleveurs sont les mieux placés pour y répondre et non L214. » Être présent sur les réseaux sociaux permet aussi d’informer les consommateurs et futurs consommateurs. Le réseau à privilégier dans un premier temps pour un éleveur est Twitter. « C’est le réseau le plus facile pour se lancer et le plus impactant sur les questions sociétales. Il est instantané et pédagogue et permet d’entrer en interaction avec des consommateurs, des militants, des journalistes, des politiques. » Dans un second temps, un éleveur qui fait de belles photos peut aller sur Instagram. Et s’il aime faire des vidéos, il peut intervenir sur Youtube.

Parler de son quotidien

Le plus important est d’avoir une communication positive, à base d’humour et de bonne humeur. « L’humour fonctionne très bien sur les réseaux sociaux », souligne Mathias Morel. Selon lui, il n’y a pas de bons ou de mauvais sujets. « Le plus facile est de parler de son quotidien, d’afficher son affection pour ce qu’on fait. Mais quand on est plus aguerri, on peut aussi parler de sujets plus difficiles comme la castration ou le meulage des dents, en expliquant pourquoi on le fait, qu’il y a des recherches et une réflexion pour faire autrement. Si les éleveurs n’en parlent pas, d’autres en parleront et les internautes penseront qu’ils ont quelque chose à cacher. Il est important aussi de rester soi-même, de donner des éléments clairs et factuels et d’illustrer son propos. » Le langage doit rester simple et compréhensible par tous (parler de naissance plutôt que de mise bas, d’élevage plutôt que d’engraissement…). Le visuel est également très important, en évitant des photos de mauvaise qualité ou peu claires pour un néophyte qui peut mal les interpréter.

 

En savoir plus

Le paysage des réseaux sociaux est un univers riche et stable où chacun cherche à se démarquer. Si certains sont « complets », comme Twitter et Facebook, d’autres sont plus axés sur la photo (Instagram, Pinterest, FlickR), la vidéo (Youtube, Dailymotion, Tik Tok), les relations professionnelles (LinkedIn), la messagerie (What’s App, Messenger, Telegram, Viber), le jeu (Twitch), le partage temporaire (Snapchat). Les principaux sont Facebook (2,2 milliards d’inscrits), Instagram (1 milliard), LinkedIn (500 millions), Twitter (336 millions) et Snapchat (187 millions). La moyenne d’âge, mis à part pour LinkedIn, est de 18-26 ans, avec un temps passé sur le réseau qui varie de 6 minutes par jour (Twitter) à 35 minutes par jour (Facebook).

Des interprofessions engagées sur les réseaux sociaux

La plupart des interprofessions ont mis en place des stratégies pour valoriser la voix des agriculteurs sur les réseaux sociaux. Depuis deux ans, Inaporc développe sa présence sur Twitter (1000 abonnés), Facebook (40 000 abonnés) et Instagram. Une veille est faite aussi pour mieux comprendre les évolutions et les attentes des consommateurs. Des contenus pédagogiques sont proposés. Un dispositif de formation en région est développé depuis un an pour donner aux éleveurs les bases et les moyens de prendre la parole sur les réseaux sociaux. 40-50 éleveurs ont déjà été formés. La filière la plus avancée toutefois en matière de présence sur les réseaux sociaux, formation et contenus est la filière laitière. « Le Cniel, l’interprofession laitière, est présent sur les réseaux sociaux depuis près de dix ans, souligne Mathias Morel. Le compte Twitter @LesproLaitiers casse le code des « 3 produits laitiers par jour » et de ce qu’on attend d’un compte lié à une interprofession. Il compte aujourd’hui 135 000 abonnés et a généré la publication la plus retweeté en 2018 en France. Le but est de s’adresser aux jeunes et de parler autrement des produits laitiers, avec leurs codes et leurs références. Les Produits laitiers ont ainsi travaillé avec les principaux youtubeurs français en s’intégrant dans leurs lignes respectives. »

 

Antoine Thibault, éleveur laitier, présent sur Youtube (Agriskippy) et Twitter (@Agriskippy)

« Montrer la réalité de mon élevage »

« J’ai commencé à aller sur Twitter en 2016. J’ai découvert que ce que L214 réclame en matière de bien-être animal, je le fais déjà. J’ai donc décidé de tourner une première vidéo pour montrer le bien-être animal sur ma ferme et de la mettre sur Youtube. Il y a d’abord eu toutes sortes de réactions, jusqu’à des menaces de mort, que j’ai bloquées, puis la discussion s’est engagée. Le nombre de commentaires a augmenté quand ma vidéo a été reprise par Le Monde. Depuis, je fais une vidéo par semaine quand j’ai le temps, ce qui prend trois-quatre heures avec le montage. Et j’interviens très souvent sur Twitter. Je parle surtout de mon quotidien. Les gens aiment bien aussi les images de pâturage, de matériel ou quand je réponds sur des sujets qui font polémique. Mes interventions les plus partagées sont celles où je suis raccroché à un influenceur ou encore ma vidéo Pourquoi le veau est séparé de sa mère. Il faut bien expliquer, car la plupart des gens ne connaissent rien à l’élevage. J’essaie en général d’être drôle ou au moins de parler de façon sympathique. Mais je pense qu’on peut aussi parler de ses difficultés, car on est des êtres humains. Quand je réponds à un commentaire, je prends du temps, pour trouver les bons mots, ne pas être pris par l’émotion. Celui qui est le plus agressif est toujours celui qui a le moins de « j’aime ». »

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