Un financement alternatif pour la production porcine du Sud-Ouest
La solution de portage immobilier So’Porc créée par Fipso et le groupe Avril propose aux éleveurs de financer leur bâtiment. Elle s’est concrétisée par l’inauguration d’un premier engraissement de 2000 places.
La solution de portage immobilier So’Porc créée par Fipso et le groupe Avril propose aux éleveurs de financer leur bâtiment. Elle s’est concrétisée par l’inauguration d’un premier engraissement de 2000 places.
Le 18 septembre dernier était inauguré le tout premier bâtiment d’engraissement financé par So’Porc, une société de portage immobilier créé par la coopérative Fipso et le groupe Avril via l’entreprise Sanders-Euralis. Ce bâtiment se situe chez Corinne et Joël Ferrand, éleveurs à Trie-sur-Baïse dans les Hautes-Pyrénées. Tout un symbole, puisque jusque dans les années 80, un important marché aux porcelets se déroulait chaque semaine dans ce village. Les porcelets étaient essentiellement produits par de petits naisseurs qui les vendaient à 25 kilos à des engraisseurs. Ce marché n’existe plus. « Désormais, les porcs sont produits essentiellement par des exploitations naisseur engraisseur dont la pérennité est assurée grâce à une nouvelle génération d’éleveurs qui confortent et développent les élevages existants », explique Patrick Le Foll, le directeur de Fipso. Cependant, 40 % de la production du groupe provient encore d’engraisseurs qui achètent leurs porcelets à des centres de naissage gérés par la coopérative. « Le parc bâtiment de ces engraisseurs vieillit. Les investissements nécessaires pour le renouveler sont parfois trop lourds. Les éleveurs qui partent à la retraite ont du mal à trouver des repreneurs. » Difficile dans ces conditions de maintenir le potentiel de production de la coopérative et d’assurer à son abattoir de Lahontan un approvisionnement de proximité. « So’Porc apporte des solutions financières aux porteurs de projets qui souhaitent investir dans des engraissements, mais qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas apporter le financement, détaille Patrick Le Foll. Cela peut intéresser des éleveurs déjà installés, mais aussi de nouveaux entrants, par exemple des salariés. » Avec son capital de 3 millions d’euros, la structure (une SAS) dispose de solides garanties pour rassurer les banquiers. Chaque projet est élaboré en partenariat avec l’éleveur. So’Porc achète le terrain, finance le bâtiment et le loue à une société d’exploitation dans laquelle est impliqué l’éleveur. « C’est un schéma qui existe déjà dans la région en production de poulet et de canard », indique le directeur de Fipso. Actuellement, la coopérative a quatre dossiers dans les cartons, dont un projet de 6 000 places d’engraissement qui vient de démarrer près de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. « D’ici deux à trois ans, ces élevages produiront environ 50 000 porcs par an. » Un volume encore minoritaire par rapport aux 400 000 porcs produits chaque année par les adhérents de la coopérative. Mais les dirigeants espèrent que ces premières réalisations en appelleront d’autres, sans qu’elles ne se substituent ni aux naisseurs engraisseurs, ni aux post-sevreurs engraisseurs qui continuent d’exploiter dans des schémas familiaux classiques. « So’Porc est un outil de développement complémentaire. Les investissements privés resteront toujours le mode de financement dominant de la production », soutient Patrick Le Foll.
"Le porc est plus intéressant que la volaille"
Corinne et Joël Ferrand se disent convaincus de l’intérêt de ce nouveau schéma de production. « Il existe encore dans la région beaucoup d’agriculteurs qui ne demandent qu’à produire du porc à condition qu’on les aide financièrement. Sur bien des aspects, le porc est plus intéressant que la volaille, dont le développement régional a atteint ses limites », explique l’éleveur, également président de Fipso. Pour lui, le nouveau bâtiment qu’il va exploiter va permettre de préparer la succession du couple. Avec le projet de créer un second bâtiment de 2 000 places également financé par So’Porc, et une prise de participation dans une unité de méthanisation qui valorisera leur lisier, ils transmettront à leur successeur un outil de production moderne et performant.
Un engraissement bien ventilé
Le bâtiment construit chez Joël Ferrand est constitué de deux salles de post-sevrage et de six salles d’engraissement de 336 places chacune, d’une salle de finition de 70 places pour les fins de lot et d’un quai d’embarquement de 200 places. La grande taille des salles impose une ventilation parfaitement maîtrisée. Une maîtrise que Claude Cochet, d’Itek Solutions, garantit grâce aux poteaux Exatop. « Ils permettent une diffusion homogène sur toute la profondeur de la salle (27 mètres) », explique-t-il. La qualité de la ventilation est également assurée par un volume important sous le plafond situé à 2,85 mètres au-dessus des caillebotis, et à un débit d’air maximum de 90 m3 par porc, supérieur aux débits généralement appliqués dans les élevages bretons. « Ce sont des normes élaborées depuis longtemps par l’Ifip, qui doivent être respectées surtout dans des régions chaudes », rappelle Jean-René Poupon, commercial Fancom.
La ventilation est gérée à la fois sur la température et le débit
Par ailleurs, Fancom a installé dans la gaine d’extraction centralisée ses caissons ATM. Ils contiennent une trappe vortex et un débitmètre qui gèrent l’ambiance des salles à la fois sur la température et sur le débit de l’air. Elle permet ainsi de s’affranchir de la problématique de distance entre les trappes d’extraction des salles et les ventilateurs. « La mesure et le contrôle du débit permettent d’obtenir une ventilation homogène, quelle que soit la distance entre la trappe et le ventilateur d’extraction. » L’air est extrait de la gaine d’extraction par des ventilateurs répartis sur toute sa longueur. Il traverse ensuite un filtre biologique composé de plaquettes de bois déchiqueté qui occupe un espace de 4,2 mètres de large sur toute la longueur du bâtiment (80 mètres). Les plaquettes sont posées sur des caillebotis bovins pour pouvoir les décompacter avec un tracteur. « Ce laveur limite les nuisances olfactives et les émissions d’ammoniac. Combiné à l’aspect visuel du bâtiment, il favorise l’acceptation sociétale de notre production », conclut Joël Ferrand.