Un engraissement bio conçu pour la performance
Au Gaec Thomas à La Chapelle Bâton dans la Vienne, l’engraissement de 750 place sur paille a été conçu pour optimiser les performances techniques tout en tenant compte du cahier des charges bio qui implique des contraintes spécifiques.
Au Gaec Thomas à La Chapelle Bâton dans la Vienne, l’engraissement de 750 place sur paille a été conçu pour optimiser les performances techniques tout en tenant compte du cahier des charges bio qui implique des contraintes spécifiques.
Trois ans après avoir converti leur atelier naissage plein air de 250 truies en production biologique, Laurent, Patricia et Maxime Thomas, les trois membres du Gaec Thomas, franchissent une étape supplémentaire en créant un post-sevrage de 250 places et un engraissement de 750 places, dans le cadre de l’installation de Maxime. Ces deux bâtiments ont été conçus pour recevoir 250 porcelets toutes les six semaines (une bande en post-sevrage, trois bandes en engraissement). Mais autant la production de truies bio en plein air se différencie peu de la production plein air conventionnelle, autant le cahier des charges bio impose des contraintes spécifiques en engraissement. Le bâtiment doit disposer d’une aération naturelle (donc, pas de ventilation dynamique). Le sol ne doit pas être constitué de plus de 50 % de caillebotis. Il faut une aire de couchage avec un sol en dur recouvert de litière. La surface par porc doit être de 2,3 m2 minimum, en incluant une courette extérieure d’au moins 0,5 m2 par porc. Cette courette peut être couverte. Mais elle doit aussi disposer de trois côtés ouverts, sans bardage ni filets brise-vent. C’est donc tout naturellement que les éleveurs se sont orientés vers des bâtiments sur paille, qui ont fait leurs preuves tant en production conventionnelle qu’en bio. Pour maîtriser le plan de rationnement et le classement des porcs à l’abattoir, les porcs sont alimentés à la soupe en engraissement. "Cette solution permet de valoriser nos matières premières bio produites sur l’exploitation (maïs, blé, pois, féverole)", ajoute Laurent Thomas. Car l’exploitation compte également 120 hectares de SAU entièrement convertis en bio, et un troupeau de 120 vaches allaitantes encore en conventionnel. Le travail est assuré uniquement par les trois associés. "La partie porc, truies et engraissement, sera gérée par deux UTH familiaux", estime l’éleveur.
Le coût des bâtiments est sensiblement du même niveau que celui des bâtiments conventionnels : 318 euros la place de post-sevrage, et 452 euros la place d’engraissement, machine à soupe incluse. "Les banques se sont empressées de financer ce projet, qui leur paraît cohérent et viable dans le temps", constate Laurent Thomas. Le Gaec Thomas travaille avec la coopérative Cavac (voir encadré) avec qui il a signé un contrat de huit ans garantissant un prix de vente minimum. Ce prix est actuellement de 3,40 €/kg de carcasse. Il est réajusté dans le temps en fonction du prix de l’aliment, pour garantir un revenu stable à l’éleveur. Dans le cadre de l’installation de Maxime, le Gaec perçoit une plus-value de 5 c/kg de la Cavac, soit 73 500 € sur huit ans. "Notre objectif est de vendre 2 000 porcs par an. Avec un prix de vente garanti pendant huit ans et des bâtiments performants, nous sommes certains de la rentabilité de l’élevage", concluent les éleveurs.
Le cahier des charges bio en engraissement
Aération et éclairage naturels
Pas plus de 50 % de caillebotis au sol de la surface intérieure (soit 0,65 m2 par porc jusqu’à 110 kg)
Aire de couchage sur litière (paille conventionnelle possible si pas de paille bio disponible)
Surface minimum par porc (jusqu’à 110 kg) : 1,8 m2 à l’intérieur + 0,5 m2 à l’extérieur (courette ouverte sur trois côtés)
Une filière bio en pleine expansion
Le Gaec Thomas fait partie de l’association Porc bio Atlantique, constituée de cinq naisseurs, 2 naisseurs engraisseurs et 13 engraisseurs qui produisent 250 porcs par semaine. Les élevages sont implantés dans les départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Vienne. L’association travaille avec la coopérative Cavac qui fait abattre les porcs aux abattoirs Socopa de la Celle-sur-Belle (Deux-Sèvres) et Porci Mauge à Beaupréau (Maine-et-Loire). Les carcasses sont transformées en majorité par l’entreprise Bioporc à La Châtaigneraie (Vendée), une filiale de la Cavac. Le groupement assure l’appui technique et la planification des abattages. Une usine d’aliment du groupe produit 10 000 tonnes d’aliment bio par an, dont 5 000 tonnes d’aliment porc. Elle est notamment approvisionnée par les céréales bio collectées par la coopérative. Franck Giraud assure la coordination de la production avec les différents outils du groupe. "Le potentiel de développement du bio est important", affirme-t-il. "Mais pour maintenir un prix du porc permettant une bonne rémunération des éleveurs, le volume produit doit être en adéquation avec ce que l’aval peut commercialiser". Il n’existe pas de cotation nationale du porc bio. Le prix de vente du porc charcutier est fixé en interne en fonction de la valorisation qui en est faite. "C’est pourquoi avoir un outil d’aval performant comme Bioporc est indispensable pour valoriser et transformer l’intégralité de la carcasse", conclut-il.