Un agrandissement de la fabrique d’aliment à la ferme porcine à coût réduit
La SCEA de Restrezerc’h (groupement Evel'Up) a doublé la capacité de sa fabrique d’aliment intégrale en limitant les investissements, grâce à l’optimisation des installations existantes et à de l’autoconstruction.
La SCEA de Restrezerc’h (groupement Evel'Up) a doublé la capacité de sa fabrique d’aliment intégrale en limitant les investissements, grâce à l’optimisation des installations existantes et à de l’autoconstruction.
En 2018, la SCEA de Restrezerc’h, basée à Pont-Scorff dans le Morbihan, a agrandi sa fabrique d’aliment simultanément avec l’évolution de la taille de l’élevage naisseur engraisseur, passé de 200 à 400 truies présentes. Les trois associés, François Névannen rejoint par ses fils, Charles et Corentin, ont choisi de maintenir le même principe de fonctionnement qu’auparavant avec une fabrication de tous les aliments nécessaires à l’élevage et une distribution essentiellement en soupe (à l’exception du 1er âge et de l’aliment pour la quarantaine). Plutôt que de tout refaire à neuf, ils ont préféré réutiliser au mieux les installations existantes et adapter du matériel d’occasion pour aboutir à un ensemble très fonctionnel, tout en étant économe. « Le cœur de fabrique a été réagencé. Le broyeur et la mélangeuse ont été repositionnés à la place d’une cellule, de façon à avoir une position plus centrale », a expliqué Corentin Névannen, lors du Rallye FAF organisé par Evel’up. « Nous avons également augmenté les stockages de céréales, avec deux cellules extérieures (de 500 tonnes pour le blé et de 300 tonnes pour l’orge) et deux silos couloirs de maïs humide équivalents à 650 tonnes. » Les investissements en neuf ont seulement porté sur les deux cellules extérieures avec venticône, un convoyeur à maïs et une machine à soupe supplémentaire. Le reste a été autoconstruit (silos couloirs dans le hangar existants) ou acheté d’occasion et adapté par les éleveurs, qui ont mis à profit leur savoir-faire en mécanique : deux élévateurs transportés et remontés, construction d’une fosse de réception, récupération de silos à minéraux, prénettoyeurs faits maison à partir d’ancien silos…
Les éleveurs ont par ailleurs aménagé des passerelles métalliques au niveau de la réception, du stockage et de la mélangeuse. Au-delà de la sécurité du travail, elles facilitent la maintenance et le contrôle des équipements. « La plateforme située devant la mélangeuse rend plus aisée la vérification des broyeurs, réalisée chaque semaine. Sans elle, on le ferait moins souvent », souligne Corentin.
Des matières premières locales
La FAF produit 3182 tonnes d’aliments par an. La mélangeuse Esvan fabrique par cycle de 900 kilos. L’automate pèse dans un premier temps tous les ingrédients à broyer : blé, orge, avoine, soja, tournesol et pulpe de betterave. Les minéraux et l’huile sont ajoutés après le broyage. Une fois mélangé, l’aliment complémentaire est expédié par circuit pneumatique vers sept silos, alimentant deux machines à soupe. L’une fabrique l’aliment des truies avec 10 à 15 % de maïs humide selon les formules truies (biphases en verraterie-gestante, péri mise bas, allaitante) ainsi que l’aliment deuxième âge et nourrain (20 à 30 % de maïs humide et 3 à 5 % de lactosérum). La seconde est dédiée à l’engraissement. Elle distribue trois aliments : nourrain, croissance et finition avec une utilisation croissante de maïs humide de 30, 40 et 50 % et du lactosérum pour 3 à 5 %. Chaque machine à soupe dispose de son redler maïs. Seuls les aliments des cochettes en quarantaine et des porcelets 1er âge sont fabriqués sans maïs et distribués à sec. Ils sont expédiés par un silo « mobile » jusqu’à une chaine d’alimentation en quarantaine ou nurserie.
Un coût de FAF de 15,40 euros par tonne
Le coût de fabrication de l’aliment est de 15,4 euros par tonne. Il s’explique par des annuités relativement faibles grâce à la maîtrise des investissements, soit 6,5 euros par tonne. S’y ajoutent les frais de fonctionnement de 5,30 euros par tonne et la main-d’œuvre calculée à 524 heures par an à 22 euros/heure (soit 3,6 euros par tonne), temps de récolte et de stockage des céréales compris.
« L’autre point fort de cette installation est liée à l’utilisation d’un maximum de matières premières locales telles que du lactosérum, dans l’ensemble des formules, souligne Yannick Le Moigne, conseiller nutrition matière premières d’Evel’up. Le coût aliment est de 211 euros par tonne pour une production annuelle d’aliment de 3182 tonnes (moyenne GTE sur un an au 31/05/2020). Il est inférieur de 18 euros par tonne, à la moyenne des élevages en Faf de la coopérative Evel’up. »
Y. Le Moigne et A. Puybasset
Un contrôle hebdomadaire des broyeurs
Corentin porte beaucoup d’attention à la qualité des broyages des matières premières. « Un bon broyage permet une valorisation optimale de l’aliment et limite le risque de démélange en machine à soupe. Parfois, on évoque le risque d’ulcère. Ici nous n’avons pas été confrontés à ce souci. J’ouvre les deux broyeurs de la mélangeuse d’une tonne Esvan une fois par semaine pour contrôler l’état d’usure des grilles et des marteaux et pour repérer d’éventuels trous dans les grilles. » Les diamètres des grilles de broyage ont été ajustés en fonction des contrôles de granulométrie réalisés en amont (voir tableau ci-dessous). Le fait d’avoir deux broyeurs permet de faire varier les diamètres des grilles en fonction de l’aliment fabriqué : diamètre 2,5 et 3 mm pour le broyage des matières premières dédiées aux aliments en post-sevrage et engraissement, diamètre 3 et 3,5 mm pour les aliments pour truie.
Un maïs humide bien conservé en trois points