Smart Tracking surveille l’activité des porcs
Savoir comment se comporte chaque porc dans les cases, combien de temps ils passent à manger ou boire… C’est ce que propose le Smart Tracking actuellement testé à la station de l’Ifip à Romillé.
Savoir comment se comporte chaque porc dans les cases, combien de temps ils passent à manger ou boire… C’est ce que propose le Smart Tracking actuellement testé à la station de l’Ifip à Romillé.
Le champ des possibles des caméras et de l’analyse vidéo semble de plus en plus vaste. En quelques années, l’intelligence artificielle a permis de passer du simple système de surveillance à distance à une technologie capable de suivre individuellement chaque porc d’une case. Prometteur dans de nombreux domaines, Smart Tracking proposé par l’entreprise québécoise Ro-Main est testé depuis peu par l’Ifip. L’idée : déterminer l’activité individuelle des porcelets pour évaluer leur état de santé. Sur la station expérimentale de Romillé, six cases de 17 places de porcelets sont maintenant équipées de caméras de sécurité permettant le suivi automatique de leur activité. Cette caméra, dont l’installation est simple et rapide, est protégée par un globe. Elle dispose d’un éclairage infrarouge permettant de maintenir un fonctionnement normal même la nuit ou dans les salles très sombres. Le nombre de caméras par case dépend de la taille de cette dernière et de la hauteur du plafond. Mais généralement, dans les configurations standards des élevages français, une seule caméra par case est suffisante. Ensuite, chaque caméra est raccordée à un PC. Elle est alimentée directement par le câble réseau, constituant un avantage certain puisqu’il n’y a pas besoin de prise électrique. Toute l’intelligence est dans l’ordinateur. Les images transmises par chaque caméra sont analysées en temps réel. Elles permettent de repérer les déplacements des animaux, c’est-à-dire leur vitesse et leur direction. Au final, il est possible de connaître le niveau moyen d’activité dans chacune des cases.
Passer de la case à l’individu
Actuellement, le seul défaut de la caméra est qu’elle n’est pas capable d’identifier individuellement les animaux. Les activités individuelles sont regroupées et fournissent un indicateur global à la case. L’information à la case offre déjà de nombreuses perspectives avec notamment l’évaluation de l’état global des animaux en fonction d’un niveau d’activité moyen et la détection de problèmes, en estimant des temps passés à l’abreuvoir ou au nourrisseur. Toutefois, les perspectives sont encore plus intéressantes s’il devient possible de traquer l’individu. C’est l’objet de la collaboration entre Ro-Main et l’Ifip : affecter les déplacements (vitesse et zones de la case) à chaque porcelet.
L’identification par radiofréquence reste la meilleure solution
L’idée développée est simple : disposer d’une zone dans la case avec une antenne RFID pour identifier l’animal et servir de point d’ancrage pour la caméra ; dans le cas présent, les cases sont équipées d’abreuvoirs connectés codéveloppés avec Asserva. Smart Tracking agit en trois temps :
1 - la caméra traque les porcelets de façon individuelle, mais ne sait pas qui est qui.
2 - lorsqu’un animal traqué se présente à l’abreuvoir, il est identifié par sa puce RFID.
3 – le PC centralise ces informations et affecte l’identifiant de l’animal au système de tracking de la caméra.
En définitif, chaque jour, l’activité individuelle des porcelets est disponible sous la forme du temps passé couché, debout immobile, en déplacement ainsi que les zones de la case où l’animal a ses habitudes.
Utiliser cette technologie pour détecter les anomalies
Sur la base des données collectées, il s’agit d’établir le lien entre le comportement routinier des porcelets et leur état de santé. En effet, imaginons qu’un porcelet atteint d’une pathologie déclare de la fièvre. Il est probable qu’il change ses habitudes. Ainsi, ce porcelet pourrait être tenté de se coucher près de l’abreuvoir pour tenter de se refroidir au lieu de rester près de ses congénères dans la zone de repos. Bien sûr, à ce stade, cela ne reste qu’une hypothèse. Mais c’est là tout l’enjeu de ce travail : tirer d’une seule et même technologie, ici la caméra, le plus d’information possible pour fournir aux éleveurs des systèmes intelligents d’accompagnement dans leur prise de décision.
Ro-Main, de la cage motorisée à l’intelligence artificielle
L’origine de Ro-Main remonte à 1999, quand deux frères éleveurs (Robert et Germain) créent un prototype de cage motorisée et télécommandée pour faire circuler le verrat : le Contact-o-max. Aujourd’hui, l’entreprise est toujours un équipementier de taille familiale, qui dispose encore de son propre élevage utile au développement des nouveaux produits avant leur commercialisation. Après avoir développé le Bras Hercule qui permet de déplacer les animaux morts, ils se spécialisent maintenant sur l’intelligence artificielle et notamment l’analyse des images.