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Etude terrain
Porfimad cerne les clés de la productivité

Une enquête réalisée par Porfimad auprès des 14 meilleurs éleveurs du groupement sur le critère prolificité a permis de mettre en avant les points essentiels expliquant la bonne productivité des truies.

Dédée Auffret, de l'EARL Auffret à Pleyben, qui a participé à l'enquête productivité de Porfimad, a sevré 32,09 porcelets par truie productive en 2007
Dédée Auffret, de l'EARL Auffret à Pleyben, qui a participé à l'enquête productivité de Porfimad, a sevré 32,09 porcelets par truie productive en 2007
© dp

Comment font-ils pour sevrer plus de 29 porcelets par truie productive? C’est à cette question que le groupement finistérien Porfimad a voulu répondre en enquêtant auprès de ses 14 éleveurs chez qui la productivité des truies est la meilleure (ces éleveurs ont sevré 29,4 porcelets par truie productive en 2007).

Les résultats ont été présentés lors d’un forum organisé par le groupement le 22 février dernier. Il en ressort des points communs que résume Bernard Kernevez, qui a dirigé cette étude : « Avant tout rigueur, méthode, réactivité et souci de l’hygiène », souligne-t-il. « Ensuite, un cheptel en bonne santé. La prophylaxie, et notamment le plan de vaccination, doit être adapté au contexte de l’élevage. » L’alimentation des truies explique aussi en grande partie le succès de ces élevages. « Les truies, (principalement des sino européennes dans cette étude) doivent être « sèches » à l’entrée en maternité : pas plus de 15 mm d’épaisseur de lard dorsal. » Cet état d’engraissement conditionne toute la réussite de la conduite en maternité : des consommations élevées, des animaux dynamiques, des mises bas faciles, une bonne lactation, une bonne préparation aux venues en chaleur… Enfin, un bon transit digestif, qui se traduit par une absence de constipation. En parallèle à cette enquête, les techniciens de Porfimad ont mis en place une méthode d’amélioration des performances techniques dans les élevages. En premier lieu, l’éleveur situe ses performances pour chaque critère technique par rapport à la moyenne, ce qui permet de déterminer les points forts et ceux à améliorer. Ensuite, selon les résultats, le technicien peut proposer soit un audit fécondité-prolificité, soit un audit conduite de la maternité. « Lors de cette démarche de fond, nous utilisons les conclusions de l’étude réalisée chez les 14 meilleurs éleveurs et les résultats des analyses réalisées au préalable », indique Michel Auffret,membre du comité de pilotage technique de Porfimad. « Au final, nous mettons en évidence les axes de travail prioritaires et nous proposons un plan d’action qui permet à l’éleveur d’améliorer rapidement ses performances de reproduction. » Cinq axes de travail ont été dégagés de l’enquête : l’alimentation, les inséminations, la santé, l’introduction des cochettes et le savoir-faire en maternité.

1)Alimentation: calibrage des truies gestantes et consommation élevée en maternité

Systématiquement, les 14 éleveurs enquêtés calibrent leurs truies en début de gestation. Ce calibrage est associé à un rattrapage des animaux en fonction de leur état. La ration sera alors augmentée de façon individuelle pendant un mois (jusqu’à 40 % pour les truies trop maigres). « L’objectif est d’obtenir une proportion importante de truies en état « optimum », c’est-à-dire entre 12 et 15 mm d’ELD (Épaisseur de Lard Dorsal) à l’entrée en maternité », souligne Bernard Kernevez.Une supplémentation en vitamines et/ou en matières grasses (huile de foie de morue) apporte un plus et permet de répondre aux besoins spécifiques à certains stades de gestation (sevrage, nidation, fin de gestation). Enfin, l’absence de constipation est un objectif essentiel. « Il est impératif d’être vigilant sur la qualité des déjections, et de rectifier si besoin le taux de fibres de l’aliment. » En maternité, priorité est donnée à une hausse rapide de la quantité distribuée. Sur cette base, les rations sont calculées selon l’appétit des truies et le nombre de porcelets allaités. « Il est nécessaire d’individualiser les rations en maternité, et notamment de porter une attention particulière à l’alimentation des cochettes », note Bernard Kernevez. La ration sera diminuée trois jours avant le sevrage pour assurer un bon délaitement

2) Insémination: des venues en chaleur rapides

Chez les meilleurs éleveurs, les chaleurs des truies surviennent très rapidement et sont groupées. « Ce sont les IA du lundi et du mardi qui donnent les portées les plus nombreuses », observe Bernard Kernevez. Pour lui, l’état d’engraissement des truies est essentiel: une truie trop grasse vient mal en chaleur. La qualité et la durée de l’éclairage des sept derniers jours en maternité doivent être prises en compte : « 2,5W/m2, soit 0,4 néon par truie, entre 12 et 16 h par jour ».Cette norme d’éclairage est aussi appliquée du sevrage jusqu’à la fin des IA, soit un néon pour cinq truies, toujours 16 heures par jour. En l’absence d’une minuterie, il vaut mieux maintenir la lumière en permanence plutôt que d’avoir un éclairage insuffisant. Par ailleurs, une douche des truies au sevrage provoque une stimulation hormonale et améliore leur hygiène. Un passage rapide du verrat devant les truies le lendemain du sevrage a également un effet positif sur les venues en chaleur. En revanche, il n’y a pas de programme d’insémination type, ni de différence de résultat selon les techniques employées. « Sur ces points, ce sont la méthode et la rigueur de chaque éleveur qui font la différence », conclut Bernard Kernevez.

3) Santé: rigueur et hygiène

Une hygiène rigoureuse est appliquée à l’arrière des truies en verraterie (raclage deux fois par jour) et lors de l’acte d’IA (nettoyage méticuleux de la vulve, une lingette par truie). Même rigueur en gestante et en maternité, avec notamment des sols toujours secs pour éviter les problèmes d’aplombs.Une conception des bâtiments permettant une « marche en avant » des animaux limite les risques de recontaminations entre les différents blocs de l’élevage. Aiguilles à usage unique et prolongateurs sont systématiques, ce qui explique le peu d’abcès au cou (moins de 10 %). Enfin, ces éleveurs font peu de traitements urinaires à leurs truies: le contrôle systématique de la qualité des urines par bandelette à l’entrée en maternité permet de cibler uniquement les truies à problèmes et de limiter le coût des traitements. « Sur ce poste aussi, une truie pas trop grasse, qui se lève bien, qui n’a pas de problèmes d’aplombs, a plus de chance d’être en bonne santé », résume Bernard Kernevez

4) Cochettes : bien les adapter à l’élevage

Les cochettes sont majoritairement d’origine négatives en SDRP à l’entrée dans l’élevage. Une quarantaine longue, dans un local éclairé et chauffé l’hiver, permet une bonne adaptation au microbisme de l’élevage. « Quand elles réagissent un peu lors des contaminations en quarantaine, la suite se passe bien d’un point de vue sanitaire », observe Bernard Kernevez. La distribution de délivres et de déjections est systématique, et les cochettes sont inséminées plutôt tardivement : elles ne mettent bas qu’à 382 jours en moyenne pour l’ensemble du groupe. Les éleveurs veillent également à ce que les cochettes ne soient pas trop en état à l’IA (12 à 13 mm au maximum).Durant la phase de quarantaine, elles ne reçoivent qu’entre 2,3 et 2,6 kg d’un aliment de gestation.

5) Savoir-faire en maternité: patience et expérience

Préalablement aux mises bas proprement dites, les éleveurs enquêtés estiment que pour être en forme à l’entrée en maternité une truie ne doit pas être trop grasse. Ensuite, il faut assurer une présence « au bon moment » durant les mises bas. Un suivi rapproché passe également par l’utilisation systématique des données carrière de chaque truie. Ensuite, une bonne maîtrise de l’ambiance est indispensable (ventilation et chauffage suffisants dès l’entrée des truies en maternité). « Un porcelet en hypothermie peut se revitaliser rapidement si on le place quelques minutes sous la lampe », observe un éleveur. Une mise à la tétée très rapide permet à chaque porcelet de recevoir le colostrum qui lui transmet l’immunité maternelle. Pour cela, certaines mesures font l’unanimité : réalisation de portées de porcelets chétifs sous les bonnes laitières,mise en place d’un maximum de porcelets sous les cochettes (jusqu’à 15 dès la mise bas), traite des truies et gavage des porcelets chétifs, épointage des dents dès la fin de la mise bas. « Le taux de pertes est fait dans les 48 heures qui suivent la mise bas », résume Bernard Kernevez.

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