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Bien-être en porc : "Notre maternité liberté est climatisée"

Laëtitia et Rémy Six ont investi dans une maternité bien-être dont les choix d’équipements ont été orientés sur le confort de travail, le bien-être des truies et la maîtrise du coût de chauffage.

À West-Cappel dans le département du Nord, Laëtitia et Rémy Six ont investi dans une maternité neuve pour leur élevage de 150 truies naisseur-engraisseur. Ils l’ont présenté lors d’une porte ouverte organisée avec leur groupement GPPMF. C’est la perspective à horizon deux ans d’un dépeuplement-repeuplement du cheptel plombé par l’actinobacillose qui les a décidés à concrétiser leur projet.

« Nous ne nous voyions pas redémarrer avec l’ancienne maternité, devenue vétuste et mal isolée. » Vu le contexte défavorable du prix de l’aliment et du porc de fin 2021-début 2022, les éleveurs ont fait le choix d’avancer le dépeuplement et de faire coïncider le repeuplement avec la mise en route du bâtiment neuf. Arrivées en janvier 2023, les premières cochettes y mettront bas à partir de cet été.

« Ce bâtiment nous donne l’occasion d’un nouveau départ pour remettre à plat nos pratiques d’élevage », explique Laëtitia, en charge de la maternité. Conçu par le constructeur belge Beeuwsaert, le bâtiment comprend deux salles de maternité, un bloc saillie, un laboratoire pour le prélèvement à la ferme et des locaux techniques.

Confort thermique de la truie et des porcelets

Dans leurs choix d’équipements, les éleveurs ont porté une attention particulière au confort de travail, à la maîtrise des charges de chauffage ainsi qu’au bien-être animal. En témoigne l’investissement dans les 48 cases mise bas liberté. « L’objectif était d’être en phase avec les nouvelles attentes sociétales mais aussi d’avoir des cases plus grandes, mieux adaptées à la prolificité des génétiques actuelles », ajoute Rémy. Suivi en GTTT, l’élevage sèvre 35,2 porcelets par truie et par an.

« Nous avons opté pour le modèle BeFree de Schauer, offrant le plus de surface disponible pour la truie, c’est-à-dire 4,2 m2 avec les bat-flanc ouverts. »

 

 
"Nous avons investi dans une maternité liberté climatisée", expliquent ces éleveurs de porcs

 

Très lumineuse grâce à ses grandes baies (représentant 3,6 % de la surface au sol), chaque salle de 24 places compte quatre rangées de cases délimitées par des cloisons basses. Le nid à porcelets et l’auge de la truie sont situés le long du couloir facilitant l’accès pour les éleveurs. Le sol de la case (Fournier) est composé de trois zones : une dalle chauffante sous le nid, une zone centrale constituée de caillebotis en béton refroidissant Modulotherm et une zone en caillebotis plastique de chaque côté.

Les caillebotis en béton dans lesquels circule une eau froide permettront de rafraîchir à 18 °C le sol sous la truie en période de forte chaleur. « Avec des épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, nous avons fait le choix d’équipements supplémentaires pour apporter du confort thermique », justifie Laëtitia. À l’entrée du bâtiment, un Pad Cooling permettra de refroidir l’air entrant.

Un chauffage par pompe à chaleur

Pour limiter sa consommation énergétique, l’élevage est équipé de trois pompes à chaleur air/eau de 15 kW : une pour chaque salle de maternité (plancher chauffant) et la troisième destinée aux locaux techniques ainsi qu’au bloc saillie (chauffé par un aérotherme).

« Dans l’ancienne maternité, nos charges de gaz s’élevaient à 4 000 euros par an, soit 5,4 tonnes de propane. En tenant compte de la récente hausse du prix de l’énergie, nous estimons le retour sur investissement des pompes à chaleur à moins de sept ans (coût total de 45 400 euros hors subventions (1)). »

 

 
Les trois pompes à chaleur chauffent un réseau d’eau chaude destiné aux planchers chauffant des nids à porcelets et au chauffage par aérotherme de la verraterie.
Les trois pompes à chaleur chauffent un réseau d’eau chaude destiné aux planchers chauffant des nids à porcelets et au chauffage par aérotherme de la verraterie. © A. Puybasset

 

Pour optimiser leur temps de travail, les éleveurs sont par ailleurs passés d’une alimentation manuelle à une distribution de l’aliment à sec avec gobelet doseur VDL (deux circuits parallèles). D’autres aménagements visent à gagner en confort de travail, à titre d’exemple l’auge basculante pour le nettoyage, les circuits d’air pour le tatoueur automatique…

Le coût total du bâtiment atteint 592 000 euros. Cela représente un coût moyen de 10 000 euros par place de truie pour la partie maternité. Il est de 12 000 euros par place en intégrant le bloc saillie qui compte 28 places bloquées ainsi que 4 cases pour les verrat et cochettes.

Armelle Puybasset

 

Carte d’identité

SARL du Moulin

Laëtitia et Rémy Six (2 UTH)

147 truies naisseur-engraisseur

7 bandes

Faf intégrale

Vente directe d’un tiers de la production

SAU 60 hectares (légumes, céréales)

Groupement des Monts de Flandre

 

 

Le groupement GPPMF mise sur les services

Situé dans les Flandres, le groupement indépendant GPPMF encourage ses éleveurs de porcs à investir pour gagner en autonomie.

 

 
Doté d’un service bâtiment, GPPMF incite ses éleveurs à investir dans les bâtiments mais également dans des fabriques d’aliment à la ferme.
Doté d’un service bâtiment, GPPMF incite ses éleveurs à investir dans les bâtiments mais également dans des fabriques d’aliment à la ferme. © A. Puybasset

La nouvelle maternité de la SARL du Moulin illustre la dynamique d’investissements impulsée par le groupement de producteurs de porcs des Monts de Flandre (GPPMF). Il compte une centaine d’élevages, situés dans les Hauts de France, principalement dans le département du Nord le long de la frontière belge. « Avec une moyenne d’âge très jeune (45 ans), nos éleveurs sont nombreux à avoir des projets d’investissement, se réjouit Sylvie Delforge, directrice du groupement. D’une taille moyenne de 150 truies, il s’agit essentiellement d’élevages naisseur-engraisseur, avec des jeunes issus de la 4e ou 5e génération, installés sur l’exploitation familiale. »

Doté d’un service bâtiment, GPPMF incite ses éleveurs à investir dans les bâtiments mais également dans des fabriques d’aliment à la ferme (Faf) pour améliorer leur autonomie alimentaire. « Beaucoup de co-produits sont disponibles dans la région, du fait d’un tissu agro-alimentaire important. Plus de 85 % de nos élevages sont en Faf, 100 % ont un lien à la terre. Pour les 15 % restants, nous leur proposons un groupement d’achat d’aliment pour accéder à des prix concurrentiels. »

Comptant 13 salariés, la coopérative indépendante veut se démarquer par son offre de services (appui technique et sanitaire, magasin, commandes groupées, transport d’animaux…). Le groupement produit 8 000 porcs par semaine, dont près de 45 % sont abattus dans les Hauts de France (abattoir Bigard à Saint-Pol dans le Pas-de-Calais ou chevillards), le reste étant envoyé principalement dans l’ouest de la France.

Environ 30 % des cochons sont valorisés sous la marque Chti Porc via un contrat tripartite avec Lidl. GPPMF cherche à développer son porc label rouge Cochon des Géants dont l’une des spécificités est la génétique Duroc. Beaucoup d’éleveurs, comme Laëtitia et Rémy Six, valorisent en direct leur production, de façon totale ou partielle, profitant d’un potentiel de consommation important sur la région.

 

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