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« Mon installation en porc s’est faite progressivement »

Céline Courades s’est installée en 2016 sur l’exploitation familiale en association avec ses parents. Elle dirige aujourd’hui l’atelier naissage de 600 truies.

Céline Courades apporte une attention particulière à l’apprivoisement des cochettes. Elle leur distribue notamment du sirop de grenadine dilué dans de l’eau pour les mettre en confiance quand elles arrivent en quarantaine.
Céline Courades apporte une attention particulière à l’apprivoisement des cochettes. Elle leur distribue notamment du sirop de grenadine dilué dans de l’eau pour les mettre en confiance quand elles arrivent en quarantaine.
© D. Poilvet

À Lucgarier, au pied des Pyrénées, Céline Courades gère aujourd’hui intégralement l’atelier naissage de l’exploitation familiale, également composée d’un site d’engraissement de 3 200 places dans la commune voisine de Nousty. Cette responsabilité est l’aboutissement d’un parcours complet qui a débuté dès son adolescence. « Pendant les congés scolaires et les week-ends, je venais donner un coup de main à mon père et aux salariés de l’exploitation, se souvient-elle. Le travail me plaisait. C’est à ce moment que j’ai décidé de m’installer, autant par le goût de l’élevage que par la volonté de rester au pays. »

Après un bac STAV et un BTS ASCE à Saint-Palais au Pays basque, Céline migre temporairement vers la Bretagne. Elle fait un CS porc au CFPPA de Quintenic dans les Côtes-d’Armor, en alternance avec des phases pratiques en élevage, chez Chantale, Jean-Claude et Benoît Rouxel à Penguily. « J’ai tout appris chez eux, et je leur suis très reconnaissante de leur accueil. Nous avons gardé des liens d’amitié. » Durant son parcours de formation, Céline a fait également un stage d’un mois au Canada, dans un élevage de 1 000 truies. « J’y ai découvert tout ce que je ne voulais pas appliquer chez nous : pas de prise en compte du bien-être animal, pas de volonté de limiter les dépenses de santé… C’était du productivisme à outrance qui ne correspond plus aux demandes sociétales », estime-t-elle. 

 

 
Nala est la mascotte de l’élevage. Jeune cochette reconnaissable à son pelage sombre, elle est très familière avec Céline et les salariés de l’atelier naissage.
Nala est la mascotte de l’élevage. Jeune cochette reconnaissable à son pelage sombre, elle est très familière avec Céline et les salariés de l’atelier naissage. © D. Poilvet
Le retour à l’élevage familial en tant que salariée se fait en 2013. Sous la férule de son père, elle s’intègre à l’équipe de salariés, tant et si bien que l’un d’eux deviendra même son mari ! Depuis son installation, la « passation de pouvoir » a été progressive jusqu’à devenir totale l’année dernière. La progression spectaculaire des résultats techniques est la preuve de son succès : les truies sèvrent aujourd’hui plus de 13,3 porcelets par portée.

 

Réorganisation de l’atelier naissage

Les bons résultats sont également le fruit d’une évolution de l’outil de production entamée dès 2013, en prévision de l’installation de Céline. À l’époque, l’atelier naissage était situé dans une commune voisine. Mais les bâtiments étaient vieillissants et son emplacement à proximité d’un village empêchait toute évolution de sa structure et de nouvelles constructions. L’opportunité d’acquérir le site de Lucgarier se présente alors.

 

 
« Mon installation en porc s’est faite progressivement »
© D. Poilvet
Ancien élevage naisseur-engraisseur transformé dans les années 90 en maternité collective, l’outil de production permettait d’exploiter 600 truies et de créer des places de post-sevrage en rénovant l’existant et en construisant de nouveaux bâtiments. « Nous avons peuplé l’élevage avec des cochettes de haut statut sanitaire dans des bâtiments entièrement nettoyés et désinfectés. » Le bon statut sanitaire de l’élevage s’est maintenu depuis grâce à l’autorenouvellement du cheptel reproducteur, avec un croisement alternatif entre le Large White et le Landrace Nucléus et aussi à des mesures de biosécurité strictes. Ces choix ont permis aux éleveurs de s’engager dans la démarche de filière qualité Carrefour PSTA (porcs sans traitement antibiotique). Cette démarche couplée à une alimentation certifiée sans OGM est une fierté pour Céline, pour qui toutes perspectives d’évolution doivent passer obligatoirement par la prise en compte des attentes sociétales. À l’image de la certification RSE (responsabilité sociale des entreprises) initiée par son groupement Fipso, elle intègre les préoccupations sociales et environnementales à ses projets. Dans un premier temps, un projet de création de 2 500 places d’engraissement est à l’étude à Nousty, afin de supprimer le placement de porcelets en façonnage qui s’est développé avec l’augmentation de la productivité des truies. « La fabrique d’aliment du site permet de valoriser le maïs produit dans la région et de limiter le coût alimentaire », souligne-t-elle.

 

 

 
« Mon installation en porc s’est faite progressivement »
© D. Poilvet
Dans un second temps, il est prévu de rénover les maternités pour faire des cases liberté. « C’est une volonté de ma part, même si l’investissement supplémentaire n’est pas compensé par une plus-value. » L’objectif de Céline est surtout d’agir dans le sens d’un meilleur rapport à l’animal. « Ce qu’on lui donne, il nous le rend largement en termes de qualité de travail et de performances. » Plus tard, il est prévu de rénover deux engraissements anciens, avec pourquoi pas une augmentation de surface attribuée aux porcs charcutiers. Un projet d’installation photovoltaïque est également dans les cartons avec autoconsommation de l’électricité produite.

 

Une équipe soudée et responsable

Céline n’oublie pas la part importante des salariés dans le bon fonctionnement de l’exploitation. « Ils ont tous leur mot à dire, même si c’est moi qui prends les décisions finales. » De bonnes conditions de travail, des locaux techniques confortables et des bâtiments fonctionnels sont mis en œuvre pour assure la pérennité des équipes. La jeune dirigeante souligne également le rôle important de son groupement pour l’accompagner au quotidien et pour réfléchir à ses projets. « Pour ne pas se tromper dans les orientations à prendre, il est indispensable d’être bien entouré », conclut-elle.

L’éleveuse intègre les préoccupations sociales et environnementales à ses projets

Fiche élevage

600 truies naisseurs-engraisseurs, 2 000 places de post-sevrage, 4 300 places d’engraissement
2 sites d’exploitation + 3 engraissements extérieurs
40 hectares de SAU (maïs)
Conduite en 7 bandes de 72 truies à la mise bas, sevrage à 28 jours
Groupement : Fipso
Génétique : Nucléus (Piétrain CIA Agro-Gènes et Large White + Landrace CIA Inpig)
Aliment : Faf (engraissement) + aliment complet Fipso (bloc naissage)

Curriculum

Bac STAV
BTS ASCE
CS porc Quintenic
Salariée pendant 3 ans sur l’exploitation familiale
Installation en 2016

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