Une baisse de 13% des émissions d'ammoniac avec la lisiothermie en fond de fosse
La réduction de la température du lisier de porc en préfosse liée à la lisiothermie permet de réduire les émissions d’ammoniac, selon une étude menée par l’Ifip.
Pour les besoins de l’expérimentation, le réseau permettant la circulation du fluide caloporteur a été fixé en fond de fosse d’une salle d’engraissement de la station de Romillé.
Pour les besoins de l’expérimentation, le réseau permettant la circulation du fluide caloporteur a été fixé en fond de fosse d’une salle d’engraissement de la station de Romillé.
Pour les besoins de l’expérimentation, le réseau permettant la circulation du fluide caloporteur a été fixé en fond de fosse d’une salle d’engraissement de la station de Romillé.
Selon les mesures réalisées sur quatre bandes de porcs charcutiers menées par l’Ifip à la station de Romillé (Ille-et-Vilaine), l’installation d’un système de lisiothermie en fond de fosse permet de réduire les émissions d’ammoniac de 13 %.
Pour les deux types de captage de calories, les performances zootechniques des porcs entre 35 et 115 kilos ont été équivalentes à celles des porcs élevés dans une salle témoin dans laquelle le lisier n’est pas refroidi. De même, sur les quatre bandes étudiées, la température ambiante des salles équipées de lisiothermie est similaire à 1 °C près à celle de la salle témoin.
L’effet de la lisiothermie sur les émissions d’ammoniac a fait l’objet de quelques publications principalement en Europe du Nord, avec des taux d’abattements de 30 %. Ce taux supérieur à celui obtenu dans l’étude de l’Ifip s’explique surtout par des températures du lisier et de l’ambiance moins élevées. Ainsi, dans une étude suédoise, la température du lisier en fond de fosse était proche de 5 °C et celle de l’ambiance était de l’ordre de 15 °C. Dans l’étude Ifip, la température du lisier la plus basse est de 12 °C en moyenne sur une bande pour une température ambiante proche de 23 °C.
Le maintien des températures ambiantes au niveau des recommandations actuelles en engraissement a ainsi permis de ne pas dégrader les performances zootechniques des porcs. Aucune information sur l’effet des températures basses dans l’ambiance n’est fournie dans les études d’Europe du Nord sur la lisiothermie. Néanmoins, une synthèse technique britannique évoquait le risque d’inconfort pour les animaux avec des températures trop basses, pouvant conduire à un refroidissement des caillebotis.
Des résultats cohérents
Des tests aux Pays-Bas ont établi une relation entre la puissance de refroidissement et l’abattement d’ammoniac. Ce dernier augmenterait de 10 % par tranche de 10 W/m2 installé avec une réduction de 10 % dès l’installation de 10 W/m2. Dans l’étude de l’Ifip, la puissance de refroidissement des deux systèmes de lisiothermie était de 20 W/m2, ce qui correspondrait, d’après la relation précédente, à un abattement de 20 %. Les résultats obtenus par l’Ifip sont donc en cohérence avec ces travaux antérieurs d’Europe du Nord.
L’étude de l’Ifip démontre pour la première fois que la lisiothermie en conditions d’ambiance d’élevages conventionnels réduit les émissions de méthane de 70 % pour un captage des calories en fond de fosse. À l’inverse de l’ammoniac, il n’existe quasiment pas de publications sur l’efficacité de la lisiothermie sur les émissions de méthane. Dans cette étude, l’émission de méthane des salles d’engraissement équipées de lisiothermie a été réduite de 70 % pour le système fond de fosse et de 60 % pour le système en surface, par rapport à une salle d’engraissement où le lisier n’était pas refroidi. La technique est donc efficace pour contenir le méthane au niveau du lisier et ainsi améliorer son pouvoir méthanogène ; ce qui est particulièrement intéressant pour les installations en lien avec des unités de méthanisation.
Repères
Un projet de recherche sur la température et les gaz
Temporalis pour température en porcheries et réduction des émissions d’ammoniac du lisier est un projet porté par l’Ifip en partenariat avec la Chambre d’agriculture de Bretagne et l’Inrae et financé par l’Ademe et le Casdar. Ce projet terminé en 2023 était organisé autour de deux principaux axes d’études visant à limiter les émissions de gaz en porcheries : la réduction de la température ambiante par l’abaissement des températures de consigne et le refroidissement du lisier par deux techniques de lisiothermie.
La lisiothermie seulement pour les bâtiments neufs
« La lisiothermie est particulièrement adaptée aux bâtiments neufs, car le réseau de captage des calories s’insère facilement dans la dalle béton des préfosses lors de la construction du bâtiment. En revanche, cette technique est difficilement applicable dans les bâtiments existants. La pose d’un réseau en surface du fond des préfosses n’est pas préconisée. En contact permanent avec le lisier, le réseau de captage se dégrade rapidement. Par ailleurs, l’évacuation gravitaire des lisiers risque d’être partielle, le réseau fixé au sol retenant la fraction solide des effluents. »