L’Ifip affine les plafonds d’alimentation en engraissement
Un suivi précis des porcs en engraissement avec un système d’alimentation individualisé démontre qu’un plafond de 2,7 kg rationne les mâles, mais pas les femelles.
Un suivi précis des porcs en engraissement avec un système d’alimentation individualisé démontre qu’un plafond de 2,7 kg rationne les mâles, mais pas les femelles.
Grâce à ses installations dédiées à la mise en œuvre de l’alimentation de précision (individualisée) dans sa station de Romillé en Ille-et-Vilaine, l’Ifip démontre que les mâles castrés parviennent à consommer leur ration aux deux niveaux de plafond testés lors d’un essai (2,4 et 2,7 kg/j). Pour ce qui concerne les femelles, elles commencent à faire des refus à l’approche du plafond et l’atteignent en croisière beaucoup plus tard quand ce dernier est fixé à 2,7 kg/j.
Avec les deux plafonds, les mâles castrés sont rationnés en permanence alors que ce n’est pas le cas pour les femelles, certaines ingérant spontanément moins que la ration maximale allouée (figure 1). Ainsi, selon le plafond appliqué, les femelles consomment en moyenne 120 à 200 g de moins que les mâles castrés en période de finition (tableau 1). Mais la vitesse de croissance des femelles n’est pas différente de celle des mâles castrés du fait de leur meilleur indice de consommation (IC) quel que soit le plafond. À l’abattoir, les épaisseurs de gras G3 et G4 mesurées à l’Image Meater ne sont pas suffisamment différentes selon le plafond pour modifier significativement le TMP ni chez les femelles, ni chez les mâles castrés.
Seule la croissance est modifiée par l’intensité de rationnement
L’absence de différence d’IC et de TMP selon le plafond chez les mâles castrés est cohérente avec le fait que les animaux sont alimentés dans les deux cas en dessous du niveau favorable au dépôt exagéré de gras. Quant aux femelles, leur niveau d’ingestion à volonté est le plus souvent limitant pour le dépôt de muscle, et donc de gras. Seule la croissance est donc modifiée par le changement de plafond de rationnement. Au final, ces résultats illustrent les efforts de la sélection génétique pour produire des porcs de plus en plus maigres.
Les résultats obtenus par sexe et par plan d’alimentation ont ensuite été combinés pour évaluer les performances moyennes pouvant être obtenues avec différentes combinaisons de plafond selon le sexe dans la bande. Il apparaît que les écarts de performance restent dans une gamme de valeurs assez restreinte (tableau 2).
En cas de sexage, la combinaison la plus intéressante apparaît celle où les femelles sont conduites de façon libérale (plafond de 2,7 kg/j) et les mâles castrés plus sévèrement restreints (2,4 kg/j). Quand un plafond unique est appliqué, l’augmenter de 2,4 à 2,7 kg/j pour les porcs des deux sexes permet de gagner en vitesse de croissance moyenne de bande sans modifier l’indice et peu d’écart de TMP. Ce résultat peut être attendu en cas de sexage uniquement. Avec des cases multisexes, il est très probable que le résultat sera légèrement différent du fait des difficultés des femelles à consommer toute leur ration. Les mâles castrés seront alors susceptibles de consommer plus que les 2,7 kg/j alloués théoriquement, avec le risque d’un IC et d’un TMP moins bons pour eux.
Les conditions de l’expérimentation
Porcs croisés (Large White x Landrace) x Piétrain
Ration de départ : 4 % du poids vif
Augmentation journalière : 27 g/j
Plafond à 2,4 ou 2,7 kg/j
Aliments formulés à 9,75 MJ énergie nette/kg, les niveaux d’apports en acides aminés permettent de couvrir les besoins.
Un dispositif d’alimentation individualisée à Romillé
Le dispositif d’alimentation de précision des porcs rationnés (Appor) a été développé par l’Ifip et Asserva à la station de Romillé dans le cadre d’un projet soutenu par l’Ademe. La plus grande originalité de ce système est qu’il soit conçu pour permettre l’alimentation rationnée des porcs en croissance en limitant le vol d’aliment entre animaux. Il intègre les équipements physiques de gestion des porcs et de distribution d’aliment et les programmes de calculs des besoins à partir des données collectées individuellement de façon dynamique sur chaque porc du groupe. Les compétences des nutritionnistes et spécialistes du bâtiment de l’Ifip sont mobilisées dans le pilotage de ce dispositif en partenariat avec Ludovic Brossard de l’Inra de Saint-Gilles dans le cadre du projet européen H2020 Feed a Gene.
En savoir plus sur le dispositif Apporc : www.youtube.com/watch?v=XbPUbizmcvI