Les prix des aliments vont rester élevés en 2023
Les fondamentaux des marchés des matières premières laissent à penser que leur prix va se maintenir à des niveaux élevés. Cette situation est exacerbée par les tensions géopolitiques persistantes.
Les fondamentaux des marchés des matières premières laissent à penser que leur prix va se maintenir à des niveaux élevés. Cette situation est exacerbée par les tensions géopolitiques persistantes.
Depuis la fin 2021, le marché du porc est touché par une remontée record des prix des matières premières.
Les éleveurs de porc se sont retrouvés dans une situation de crise financière à laquelle se sont superposées d’autres crises en 2022 : énergétique, sanitaire, politique. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les marchés réagissent fortement aux annonces du président Poutine et délaissent quelque peu les fondamentaux.
Ces derniers orientent les marchés des matières premières et de l’aliment vers une tension et des prix élevés qui risquent de durer.
Des fondamentaux tendus
Pour la campagne 2022-2023, le département de l’agriculture des États-Unis (USDA) estime la consommation en maïs et en blé supérieure à la production, ce qui va maintenir des prix élevés. Il évalue la production mondiale de blé à 781 Mt, en hausse de 2 Mt par rapport à la campagne 2021-2022. Mais les récoltes de l’hémisphère sud inquiètent et le déficit hydrique en Argentine a déjà impacté la production à la baisse. En maïs, la campagne 2022-2023 est en forte baisse par rapport à l’année précédente (-6 %). Les productions de l’hémisphère nord ont largement souffert de la sécheresse estivale. L’Union européenne a réalisé sa pire campagne depuis les années 2000 et la diminution des exportations de la mer Noire impacte la disponibilité. La demande est estimée en baisse, en raison, d’une part, des cas de grippe aviaire en France et en Europe et d’autre part, de la diminution de la production d’agrocarburant en prévision d’une possible récession mondiale. À ces fondamentaux tendus s’ajoutent la situation géopolitique actuelle et les tensions sur le corridor d’exportation en mer Noire. La situation est contraire en soja. Les estimations de production sont en hausse de 10 % pour la campagne 2022-2023, comparativement à la campagne 2021-2022. Après un record de prix, les cours de la graine sont à la baisse depuis l’été. La demande en huile de soja impacte également les prix à la baisse. Cependant, les tourteaux sont très impactés par le prix de l’énergie. Ce sont des coproduits issus de la production de l’huile et leur production est énergivore. Certaines usines de trituration pourraient être contraintes à l’arrêt. Par ailleurs, la demande est encore forte en tourteaux, ce qui maintient les prix à un niveau élevé.
Un aliment autour des 400 €/t
Sans évolution clairement à la hausse ou à la baisse du prix des matières premières, le prix de l’aliment Ifip (aliment industriel pour porcs à l’engrais) est lui aussi estimé stable sur les prochains mois.
Les fabricants d’aliment ont encore des hausses à faire passer ce qui pourrait entraîner une légère augmentation du prix au début de l’année 2023. Le prix de l’énergie jouera aussi un rôle dans la fabrication de l’aliment. Les changements de contrat en fin d’année pourraient soutenir une nouvelle hausse, même si le gouvernement annonce des plans de soutien aux entreprises énergivores. L’arrivée des récoltes de l’hémisphère sud pourrait détendre à court terme les marchés mais ne représente pas une solution pérenne. Les cours élevés de l’aliment et des matières premières semblent être une nouvelle normalité. L’impact des conflits géopolitiques sur les cours des matières premières a rendu cet exercice de prévision difficile et les incertitudes sont multiples. Les cours ne se basent plus en priorité sur les fondamentaux mais réagissent de manière plus émotionnelle. La situation change extrêmement rapidement, la volatilité est de mise et l’impact sur les filières continuera à se faire ressentir.