« Les maternités de truies en liberté ont changé ma vie »
Bruno Bergot, éleveur dans le Finistère, ne regrette pas d’avoir investi en 2021 dans de grandes cases de maternité liberté. Adeline Cavarec, sa salariée, souligne que le confort de travail et le bien-être des animaux se sont considérablement améliorés, et que les performances n’ont pas décroché.
En cette semaine de mises bas, Adeline Cavarec, la responsable de la maternité de l’EARL Bergot à Bourg-Blanc dans le Finistère, surveille discrètement ses truies TN70 Topigs Norsvin et les porcelets nouveau-nés. Depuis un an et demi, elle profite des deux nouvelles salles de 40 places chacune équipées de cases liberté de 7 m2, conçues pour un cheptel de 300 truies conduites en sept bandes. « Par rapport à l’ancien bâtiment où elles étaient bloquées dans des petites cases peu confortables, c’est le jour et la nuit. » Adeline souligne que les performances ne se sont pas dégradées. « Les truies déjà présentes sur l’élevage se sont bien adaptées à la liberté, et le nombre de porcelets écrasés n’a pas augmenté », constate-t-elle. Au contraire, elle estime que la libération des truies favorise leur instinct maternel. Le taux de pertes de 12,8 % sur nés vivants le confirme.
Par souci de sécurité, elles sont bloquées pendant la semaine des mises bas. « Mais si je vois que l’une d’elles connaît des difficultés à se coucher après la mise bas, je la libère aussitôt pour qu’elle n’écrase pas ses porcelets. » De même, elle ouvre le bat-flanc de la case des truies qui ont du mal à enclencher leur mise bas. « Cela vaut largement une promenade dans le couloir et c’est plus confortable. Elles font de l’exercice, puis, quand elles sont prêtes, elles se couchent et les naissances débutent. » De là à passer à des mises bas sans bloquer les truies, il n’y a qu’un pas qu’elle estime pouvoir franchir, si cela leur apporte du confort et que l’absence de risque pour les porcelets est démontrée.
14,10 sevrés par portée
Les performances de l’élevage sont également le résultat d’une conduite alimentaire rigoureuse et adaptée à la prolificité élevée (17,69 porcelets nés totaux, 16,17 nés vivants et 14,10 sevrés par portée). Le nombre un peu élevé de morts nés (1,5 par portée) est lié à un renouvellement du cheptel insuffisant pendant la période de transition entre l’ancien et le nouveau bloc naissage. « Il baissera avec le renouvellement du troupeau, les mort-nés étant moins nombreux sur les jeunes truies », indique Alexandre Bechaud, conseiller génétique Topigs Norsvin France.
L’horaire des repas a été modifié, celui du soir passant de 16 heures à 22 heures pour qu’il soit le plus proche possible des mises bas de nuit. L’objectif est aussi d’apporter un maximum d’énergie aux truies en fin de gestation. Un aliment péri mise bas est distribué à raison de 2,8 kg par jour à partir du lundi de la semaine des mises bas, puis entre 2 et 2,5 kg le jour des naissances. L’objectif d’épaisseur de lard dorsal à la mise bas est compris entre 15 et 20 mm. « Les porcelets nouveau-nés sont particulièrement lourds », affirme Adeline, qui les pèse tous individuellement en même temps que les soins : 1,2 kg en moyenne pour les portées de cochettes, entre 1,4 et 1,5 kg pour les multipares. « Il y a très peu de petits porcelets dans les portées. Je les transfère sous des truies qui mettent bas plus tard, afin qu’ils ingèrent plus de colostrum. » Le confort des portées est assuré par des lampes régulées pendant les 48 premières heures de vie, et par des plaques chauffantes à eau chaude. « Je regrette cependant de ne pas avoir investi dans des niches, afin d’économiser l’énergie », souligne Bruno Bergot.Sociabilisation des porcelets
Le programme alimentaire des truies en maternité a été calibré pour qu’elles produisent suffisamment de lait nécessaire à l’alimentation de leur portée : 500 grammes d’augmentation par jour jusqu’à un plafond de 8,5 kg par jour, et ensuite une évolution de 1 % par jour pour celles qui consomment bien, jusqu’à un maximum de 107 % (9,2 kg pour les multipares). L’alimentation des porcelets est réduite au minimum, avec uniquement une distribution de 1er âge à partir de huit jours de vie. « Ils en consomment peu car leurs mères sont très laitières », constate Adeline.
Les porcelets peuvent circuler d’une case à l’autre grâce à des trappes aménagées dans les cloisons de séparation. Elles sont ouvertes dès la semaine qui suit les mises bas, afin de mettre trois portées en commun. « Cette pratique permet parfois aux porcelets de stimuler la production laitière d’une truie qui a du mal à monter en lait », constate Bruno Bergot. Le poids des porcelets au sevrage à 28 jours est de 7,8 kg soit un poids moyen de portée proche de 110 kg. Le sevrage a lieu le mercredi, et la plupart des chaleurs se déclenchent dès le samedi, « preuve que les truies ne sont pas épuisées par leur lactation malgré des portées bien fournies », conclut Bruno Bergot.