Les facteurs de risque liés à l’arrêt de l’épointage des dents des porcelets
L’Ifip a établi les principaux facteurs de risque d’apparition de lésions sur les porcelets dont les dents ne sont pas épointées. Les gros porcelets, ceux présentant des pathologies à la naissance, ou allaités par les jeunes truies sont le plus exposés.
Une étude de l’Ifip réalisée dans l’élevage expérimental de Romillé, en Ille-et-Vilaine, sur 1 785 porcelets met en évidence plusieurs facteurs associés à la fréquence des lésions de la face des porcelets dont les dents n’ont pas été meulées. Les notes maximales de lésions ont été obtenues en fin de première semaine de vie. Un poids de naissance élevé a été identifié comme explicatif de l’apparition des lésions à ce stade. En effet, les porcelets plus lourds et plus forts sont les plus susceptibles de se battre pour les tétines antérieures, celles qui donnent le plus de lait. C’est aussi le cas des porcelets ayant présenté des troubles locomoteurs ou des diarrhées néonatales. Les truies de rang de portée inférieur à cinq présentent un risque plus élevé de lésions sur leurs porcelets que celles de parité plus élevée. Cela concerne également les portées avec plusieurs porcelets adoptés ou celles qui n’ont pas assez de tétines pour allaiter simultanément tous ses porcelets. Les techniques permettant d’améliorer l’accès à la mamelle comme les tétées alternées, l’utilisation de truies nourrices ou de lait artificiel et d’aliment préstarter peuvent donc limiter les lésions liées à l’arrêt du meulage des dents.
Les lésions de la face caractéristiques des combats
Les lésions au niveau de la face des porcelets ont été retenues comme observation principale. Elles sont liées aux combats des porcelets entre eux pour obtenir la meilleure tétine, le temps de la fidélisation à la mamelle, puis pour accéder à la mamelle. En revanche, les observations de lésions sur les tétines et les mamelles des truies n’ont pas été concluantes dans cet essai. Cette étude avait pour objectif initial de réaliser un modèle de prédiction pour permettre d’identifier des portées « à risque » et ainsi orienter les éleveurs en fonction de certains facteurs de risque. Cet objectif n’a pu aboutir en raison de la faible prédictibilité de l’apparition des lésions. Les données du terrain sont rares et mériteraient d’être recensées via une enquête en élevage afin de connaître la fréquence de la pratique de l’épointage (donnée inconnue à ce jour) et de recueillir des expériences réussies ou non d’arrêt de cette pratique.
Une différence d’intensité du meulage des pointes des dentes entre les opérateurs a rapidement été mise en évidence lors des essais à la station expérimentale de l’Ifip. Par ailleurs, quel que soit l’opérateur, les dents de la mâchoire inférieure présentaient une intensité de meulage plus élevée que celles de la mâchoire supérieure. Cette différence s’explique par une plus grande difficulté à accéder à ces dents. Le meulage a uniquement pour but d’arrondir les dents pointues des porcelets nouveau-nés (quatre canines et quatre incisives). Les conséquences d’un meulage trop intense sont principalement des douleurs, qui peuvent persister pendant au moins six semaines, des blessures de la pulpe dentaire, constituant une voie d’entrée pour différents pathogènes, voire des fractures de la dent. Ces résultats traduisent la nécessité d’une formation initiale au meulage, puis d’un ajustement régulier pour conserver une bonne technique d’exécution et éviter les conséquences d’un meulage trop intense.
Côté biblio
Épointage des dents des porcelets : variabilité observée et voies de réduction en élevage. Hervé G., Chopin L., Monziols M., Courboulay V., 2023. Journées de la Recherche Porcine, 55, 91-93.