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Les éleveurs de porcs réfléchissent en groupe pour anticiper les évolutions des élevages

Les Chambres d’agriculture de Bretagne animent cinq groupes d’éleveurs de porcs répartis sur toute la région. Les thématiques abordées correspondent aux centres d’intérêt des participants.

Les journées s’articulent généralement autour d’une visite d’élevage chez l’un des membres du groupe.
Les journées s’articulent généralement autour d’une visite d’élevage chez l’un des membres du groupe.
© Chambres d'agriculture de Bretagne

Depuis plusieurs années, les conseillers de secteur des Chambres d’agriculture de Bretagne organisent des journées de rencontres pour les éleveurs de porcs de la région.

À raison de trois à cinq jours par an, ces journées s’articulent généralement autour d’une visite d’élevage chez l’un des membres du groupe. Elle est suivie d’un débriefing et d’une intervention d’un professionnel qui partage son expertise. Différents thèmes y sont abordés selon les préoccupations des éleveurs. Parmi les sujets du moment, on peut citer la méthanisation, l’organisation du travail et les relations dans une équipe, la biosécurité, les nouvelles technologies pour faciliter le quotidien, le photovoltaïque, l’autonomie protéique…

Des éleveurs de tous horizons

Le groupe de Loudéac créé en 2005 est l’un des plus anciens encore en fonctionnement. Aujourd’hui, il a atteint sa maturité. Les premiers départs en retraite vont avoir lieu en 2024. Mais la suite est assurée avec l’arrivée de jeunes éleveurs de porcs. Toutes les générations sont représentées. Les éleveurs sont issus de divers groupements. Ils travaillent avec différents fabricants d’aliments. Certains fabriquent en partie ou en totalité leurs aliments. Différentes thématiques ont été abordées tout au long de ces années. Plutôt techniques dans un premier temps, elles ont évolué vers des centres d’intérêt élargis : le travail, l’énergie, le photovoltaïque, la méthanisation… Le groupe se rencontre trois fois par an avec notamment une journée spécialement dédiée aux GTTT et GTE. Les résultats de tous les éleveurs sont synthétisés dans deux documents. Cette journée est fondatrice. Elle permet d’échanger sur les résultats techniques et économiques, d’analyser les évolutions au sein de chaque élevage et d’en discuter entre éleveurs. Lors de cette journée, les éleveurs ressentent le besoin de vérifier dans le temps l’évolution de leurs résultats, et de se situer par rapport aux autres. Cela favorise les échanges sur le savoir-faire de chacun, sa méthodologie et ses pratiques. Grâce à la dynamique du groupe, les éleveurs se connaissent bien et se font confiance.

Échanges et informations

Le groupe est aussi un lieu d’échange et d’information sur des thèmes plus généraux. L’objectif est d’anticiper les évolutions à venir. Les variations brutales des marchés des céréales et autres matières premières ainsi que de l’énergie ont bouleversé le prix de revient du kilo de porc produit. L’autonomie est devenue une priorité pour l’ensemble des éleveurs afin de limiter l’influence du marché et sécuriser la rentabilité de l’exploitation. Participer à un groupe contribue à élaborer sa propre opinion en observant les stratégies des autres éleveurs. Choix du type de bâtiment lors d’une construction neuve (maternité et/ou verraterie liberté ou pas ? Engraissement conventionnel ou alternatif…), le choix des partenaires (groupements, fabrication d’aliments à la ferme, génétique…), l’organisation du travail… Enfin, c’est le lieu qui permet de se tenir informé sur les nouvelles techniques d’élevage, les aides et des financements possibles lors d’une restructuration ou d’une construction. « En élevage, rien n’est jamais acquis et la formation permet de se remettre en question », soulignent-ils.

Jean-Yves Lelièvre, jean-yves.lelievre@bretagne.chambagri.fr

Se tenir informé pour faire les bons choix

Olivier Raulo, éleveur à Loudéac (Côtes-d'Armor)
Olivier Raulo, éleveur à Loudéac (Côtes-d'Armor) © Chambres d'agriculture de Bretagne

Olivier Raulo, éleveur à Loudéac (Côtes-d’Armor)

Je me suis installé en 2007 après mes parents car je connaissais bien l’outil et les performances de l’élevage. Il fallait dans un premier temps tenir les résultats, puis faire quelques investissements pour améliorer les performances techniques et optimiser la main-d’œuvre. Le groupe de travail de Loudéac a été pour moi un moyen de faire les bons choix. Lors de ces journées, j’ai pu remarquer que chaque éleveur avait sa propre stratégie sur des aspects essentiels comme la restructuration de son élevage pour optimiser ses résultats et son travail, la fabrication de ses aliments, l’autorenouvellement de son cheptel, l’adhésion à une charte… La filière évolue très vite. Le fait de se rencontrer entre éleveurs permet de se tenir informé pour faire les bons choix sur son exploitation. Tous les ans, lors de la journée de juin, nous confrontons nos résultats technico- économiques (GTTT et GTE). Ces chiffres permettent d’analyser l’évolution de chacun d’une année sur l’autre. La confiance entre nous est importante car les données doivent rester au sein du groupe. Il faut des thèmes qui intéressent pour progresser. Se retrouver entre éleveurs relativise nos problèmes et conforte nos choix techniques. Rien que ces deux points justifient de sortir de nos élevages. La confiance au sein du groupe permet d’avoir des échanges ouverts entre éleveurs qui se connaissent bien. Pour l’anecdote mon père faisait déjà partie du groupe de Loudéac dans les années 1990.

Affiner ma réflexion sur la restructuration de notre élevage

Sylvain Mahé, agriculteur à Langast (Côtes-d’Armor)

J’ai participé à une formation avec le groupe de Loudéac sur l’énergie il y a quelques années. Elle m’a permis d’affiner ma réflexion sur la restructuration de notre élevage. Nous avons pris la décision de rénover les post-sevrages pour améliorer le confort des porcelets dans les salles en grands volumes, difficiles à chauffer. La solution d’installer des niches était idéale pour diminuer le coût du chauffage. Aujourd’hui nous n’avons plus besoin de chauffer l’ensemble de la salle. Lors de la rénovation, nous avons également installé des ventilateurs économes.

Le saviez-vous ?

Chaque agriculteur cotise au Vivea, un fonds d’assurance formation qui permet de participer à des formations. Les frais de formation sont remboursés via un crédit d’impôts. De plus il existe des aides pour se faire remplacer lors des journées de formation.

Contact : Jean-Yves Lelièvre au 06 30 69 99 92

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