Le bien-être des truies gestantes au top avec Physior
Dans le bâtiment de truies gestantes Physior, l’objectif d’associer une litière accumulée pour le bien-être des truies et des caillebotis pour l’évacuation du lisier est atteint. Après un an de suivi, les indicateurs de bien-être des truies sont excellents.
Dans le bâtiment de truies gestantes Physior, l’objectif d’associer une litière accumulée pour le bien-être des truies et des caillebotis pour l’évacuation du lisier est atteint. Après un an de suivi, les indicateurs de bien-être des truies sont excellents.
Améliorer le bien-être des truies et répondre aux attentes sociétales tout en facilitant le travail de l’éleveur, c’est l’objectif que s’est fixé la coopérative Le Gouessant en concevant le concept de bâtiment Physior mis en place à l’EARL de la Maison neuve à Plestan, dans les Côtes-d’Armor.
Pour répondre à cet objectif au cours de la gestation, le concept propose d’élever les truies sur litière accumulée en bâtiment pour leur offrir une zone de repos et d’exploration confortable. En parallèle, elles ont un accès à une courette extérieure sur caillebotis béton qui fait office de zone sale. Le principal enjeu est donc la gestion des zones de vie des animaux. Un protocole de suivi détaillé du bien-être a été mis en place via lequel l’Ifip a évalué le comportement des truies (agressivité, relation homme-animal, stéréotypies), leur utilisation de l’environnement (propreté) et leur état de santé.
1-Des zones des vies bien respectées
Suivant le concept de l’entreprise autrichienne Schauer, l’objectif est de positionner l’abreuvoir et l’entrée de la zone d’alimentation sur la courette afin que les truies soient obligées d’y passer une fois par jour, quelles que soient les conditions climatiques extérieures (température basse, pluie…). Cette zone étant la moins confortable, les truies sont censées l’identifier comme une zone sale, permettant la récupération du lisier sous les caillebotis et laissant la litière à l’intérieur du bâtiment propre. Une seconde zone intermédiaire dite d’activité regroupe la zone d’alimentation et le passage vers la courette. Enfin la zone de repos sur litière se trouve au fond de la case. Les résultats montrent que le concept fonctionne. En effet, les truies sont observées propres plus de 80 % du temps.
En revanche l’évacuation du lisier est à revoir. Actuellement le lisier est stocké dans la préfosse sous les caillebotis. Mais la teneur en matière sèche des déjections est plus importante que prévu du fait du transport de paille par les truies depuis l’intérieur du bâtiment et de son ingestion. Une évacuation par racleur, envisagée en début de projet réglerait le problème.
2-Une relation de confiance avec les truies
Avoir une bonne relation avec ses animaux est important car cela permet d’avoir des truies moins stressées et par conséquent plus prolifiques. Pour évaluer le niveau de confiance des truies, des tests d’approche ont été réalisés tout au long de l’année étudiée sur la moitié du cheptel. La grille de notation va de 0 (truie très méfiante) à 4 (truie très confiante). Les résultats sont excellents ! La note moyenne est de 3,6 alors que des enquêtes en élevage montrent généralement des valeurs moyennes autour de 2. Ces résultats s’expliquent par le fait que le troupeau est encore très jeune, et surtout par les différentes pratiques que Noémie (responsable de la partie naissage) a mises en place (voir ci-dessous).
3-Une agressivité entre truies relevée
Presque un tiers des truies présente des traces d’agressions au niveau de la tête et ce tout au long de la gestation, alors qu’elles sont logées en groupes statiques. En temps normal, ce résultat est observé en début de gestation au moment de la mise en groupe des truies car la mise en place de la hiérarchie implique systématiquement l’apparition de combats. Mais ce résultat ne devrait pas persister car la principale cause est la compétition pour l’accès au DAC. De nombreux combats ont lieu devant l’entrée au moment de l’ouverture du DAC distribuant la ration journalière. Les truies encore jeunes (rang 1 et 2) et donc de petit gabarit par rapport à la taille de l’ouverture du DAC entrent à plusieurs en même temps, se coincent au niveau de la porte et se battent. Ces combats ayant lieu sur la courette extérieure, des nuisances sonores ont été relevées.
Lors des pics d’affluence le niveau sonore moyen avoisine les 70 décibels (dB), soit l’équivalent d’un restaurant bruyant. Mais ponctuellement, on a pu atteindre des valeurs plus importantes, proches de 100 dB (soit l’équivalent d’une discothèque). Un an après les premières observations ce problème semble s’estomper avec le vieillissement du troupeau et l’évolution du gabarit des truies, ne leur permettant plus d’entrer à plusieurs dans le DAC. Un point de vigilance sera apporté sur ce point pour le reste du projet.
Le bâtiment gestante Physior concilie paille et caillebotis
Le bâtiment gestante Physior est composé de cinq cases de 40 truies. Chaque truie dispose de 2,7 m² répartis en deux zones de vie :
La zone intérieure est composée d’une aire paillée gérée en litière accumulée (1,6 m²/truie) et d’une dalle béton surélevée (0,4 m²/truie) sur laquelle un distributeur automatique d’aliment est positionné. Cette zone est fermée sur trois côtés. Le degré d’ouverture du quatrième côté est géré à l’aide d’une bâche motorisée. Son pilotage est réalisé à partir de la température intérieure du bâtiment, de la pluviométrie et de la vitesse et de l’orientation du vent.
Un sens de circulation a été imaginé. Les truies peuvent réaliser divers allers-retours entre les deux zones. Mais pour aller manger, elles doivent nécessairement passer par la zone extérieure puis sortir sur l’aire paillée.
Alexandre Poissonnet, alexandre.poissonnet@ifip.asso.fr